Tout coureur connait le sentiment d’exaltation, d’euphorie et de calme, ressenti après un entrainement intense. Vous avez probablement entendu dire que celui-ci est lié à ce qu’on appelle les endorphines, la soi-disante “hormone du plaisir”, ce qui ne serait pas tout à fait vrai.
Une nouvelle étude chez la souris suggère que les endorphines n’auraient rien à voir avec l’extase du coureur. Au lieu de cela, ces sentiments seraient le résultat de composés chimiques relâché par le système endocannabinoïde du corps qui est également responsable de la modération des effets psychoactifs de la marijuana.
Les endorphines sont des analgésiques naturels. Dans les années 1980, des scientifiques ont constaté que les niveaux d’endorphine dans le sang augmentaient après un exercice prolongé. De là, ils ont fait le lien logique pour supposer que ces composés chimiques produisaient également le sentiment d’euphorie dans le cerveau. Mais il y a un problème avec cette théorie : les endorphines sont de grosses molécules, trop grosses pour passer à travers l’enveloppe protectrice du cerveau, la barrière hémato-encéphalique. Donc, elles ne seraient en aucune façon à l’origine de l’extase du coureur.
Les chercheurs ont passé la dernière décennie à rechercher d’autres explications, qui les ont conduits aux cannabinoïdes. Trouvés dans la marijuana, ces composés chimiques sont suffisamment petits pour traverser la barrière hémato-encéphalique et se lier aux récepteurs dans le cerveau. Et des recherches récentes ont trouvé des niveaux plus élevés d’endocannabinoïdes (celles que le corps produit naturellement) dans le sang des personnes et des animaux après l’exercice.
Dans la nouvelle étude, les chercheurs de l’école de médecine de l’université de Heidelberg à Mannheim, en Allemagne, ont comparé les effets des endorphines et des endocannabinoïdes. Ils ont placé des souris dans des roues, une activité qu’elles pratiquent par plaisir, peut-être parce qu’elles ressentent quelque chose de semblable à l’extase du coureur.
Les chercheurs ont constaté que, en plus d’apparaître plus calmes et moins sensibles à la douleur après une course, les souris présentaient des niveaux plus élevés d’endorphines et d’endocannabinoïdes. En outre, elles ont passé plus de temps dans les parties les mieux éclairées de leur cage, ce que font habituellement les souris calmes,moins anxieuses. Elles étaient également un peu plus tolérantes à la douleur.
Pour démêler les effets des endorphines et des endocannabinoïdes, les chercheurs ont d’abord donné des médicaments aux souris pour bloquer les effets de l’un, puis de l’autre. Quand ils ont bloqué les effets des endocannabinoïdes, les symptômes de l’extase du coureur chez la souris ont disparu. Quand ils ont bloqué les endorphines, rien ne s’est passé, les animaux sont restés plus détendus et tolérants à la douleur.
Leurs résultats suggèrent que les niveaux élevés d’endorphine des souris avaient peu de choses à voir avec leur euphorie post-entrainement.
Bien sûr, il n’y a aucune garantie que ce qui se passe chez la souris arrive aussi chez les humains. Et l’étude a aussi révélé quelque chose de déprimant : vous aurez probablement besoin de courir très loin pour découvrir l’extase du coureur, puisque les souris ont couru plus de 4,8 km, en moyenne, par jour.
Les résultats sont intéressants, car ils pourraient être replacés dans l’histoire de notre évolution. Nos ancêtres ont dû faire de longues chasses pour survivre, il est donc logique que leurs corps aient produit ce type de substance pour calmer la douleur de l’effort.
L’étude publiée dans Cellular and Molecular Life Sciences : Physical activity and the endocannabinoid system: an overview.
Personnellement, je suis étonné par cet article. Non pas par l’information qu’il relaye mais par le fait que l’on ne soit pas encore sur de ce qui pour moi est une évidence.
J’ai plusieurs fois ressenti « l’extase du coureur » après une course pas nécessairement longue (course de fond quand même) mais surtout intense, en dépassant mes limites. Car plus que la distance parcouru, c’est l’intensité de cette course qui importe. J’ai d’ailleurs une fois ressenti cette « extase » après avoir pratiqué l’escalade. Et ayant aussi déjà consommé du cannabis, je peux affirmer que pour ma personne, les effets sont extrêmement proches pour ne pas dire identiques. La seule différence demeure pour moi dans l’intensité de ce ressenti qui peut atteindre un maximum plus grand avec le sport qu’avec la drogue.
De plus, parmi les personnes que je connais et qui ont déjà dans leur vie consommé du cannabis et réalisé l’effort nécessaire au déclenchement de l’extase du coureur, je n’en connais aucune qui n’est pas du même avis sur ce point.
Bref, je sais que cela ne constitue absolument pas une preuve scientifique mais je ne peux pourtant pas m’empêcher de me dire: « Mais pourquoi chercher à prouver une telle évidence?! »
Eh eh, coureur, grimpeur, fumeur et adepte de gurumed aussi :). J’ai pu avoir les expériences similaires même si je trouve que la fatigue musculaire altère l’effet d' »extase » du cannabis qui est moins traumatisant physiquement. Du coup ce n’est pas étonnant qu’il y ait tant de consommateurs et surtout dans le milieu sportif.
Je remercie Notre Guru pour partager ces études qui ne seront pas diffusée pour des raisons évidentes. Ca fait un moment que je voulais exprimer ma reconnaissance, c’est donc fait :).
Une chose que je ne comprends pas, l’endorphine est créée dans le cerveau et il se retrouve dans le sang, donc soit il passe la barrière hémato-encéphalique soit d’autres organes le poduisent mais le ou lesquels? Si quelqu’un a une réponse, je ne la trouve pas. Merci