L’argent ne fait pas le bonheur… ni le matérialisme : une étude montre que les personnes qui accordent une grande valeur à la richesse, au statut et autres biens matériels, sont plus déprimées, anxieuses et moins sociables, que celles qui ne le font pas. La nouvelle recherche montre que le matérialisme n’est pas seulement un problème personnel, il est aussi environnemental.
Selon les explications du psychologue Galen V. Bodenhausen de l’université Northwestern (États-Unis) :
Nous avons constaté que, quelle que soit la personnalité, dans des situations qui activent un état d’esprit de consommateurs, les gens présentent les mêmes types de modèles problématiques de bien-être, y compris l’affect négatif et le désengagement social.
L’étude, menée avec ses collègues Monika Bauer A., James Wilkie EB, et Jung Kim K., a été publiée cette semaine (lien plus bas).
Dans deux des quatre expériences, des étudiants universitaires ont été mis dans un état d’esprit matérialiste par des exercices qui les exposent à des images de produits de luxe ou des mots portant des valeurs consuméristes (face à des scènes neutres dépourvues de produits de consommation ou des mots sans connotation de ce type). Ils ont ensuite rempli des questionnaires, ceux qui ont regardé les photos de voitures, d’électroniques et des bijoux se sont notés avec un taux plus élevé de dépression et d’anxiété, moins intéressés par les activités sociales et plus enclin aux activités solitaires que les autres. Ceux préparés au matérialisme, par l’exposition à certains mots, ont manifesté une plus grande compétitivité et moins de désir d’investir leur temps dans des activités prosociales comme travailler pour une bonne cause.
Dans deux autres expériences, les participants ont rempli des tâches qui étaient sous la forme d’enquêtes, l’une de réponses de consommateurs et l’autre de citoyens lambda. La première expérience consistait à déplacer des mots vers ou à l’extérieur du nom du participant sur un écran d’ordinateur. Ces mots évoquent des émotions positives, négatives et “neutres” qui suggéraient en réalité le matérialisme (richesse, pouvoir), l’autodiscipline (humble, de la discipline), la transcendance de soi, ou l’auto-indulgence. Les personnes qui ont répondu au "sondage auprès des consommateurs" ont plus rapidement "approché" les mots qui reflètent les valeurs matérialistes, que celles de l’enquête “citoyennes”.
La dernière expérience présentait aux participants une pénurie d’eau dans un puits hypothétique, partagé par quatre personnes, y compris eux-mêmes. Les usagers de l’eau ont été identifiés soit en tant que consommateurs, soit particuliers. Est-ce que le groupe à l’identité de consommateurs, par opposition au rôle individuel, remplace l’égoïsme ordinairement stimulé par l’identité de consommateurs ? Non : Les "consommateurs" se sont notés eux-mêmes comme ayant moins confiance envers les autres pour conserver l’eau, moins responsables personnellement et moins en collaboration avec les autres dans le traitement du problème (la pénurie d’eau). Les auteurs ont conclu que le statut de consommateur "n’unit pas, il divise."
Les résultats ont des implications à la fois sociales et personnelles, selon Bodenhausen. "Il est devenu courant d’utiliser “consommateur” comme terme générique pour les personnes," dans les infos ou les discussions politiques, sur les taxes/impôts ou des soins de santé. Si nous utilisons ce terme à la place de citoyen ou d’individu, dit-il, “cette différence subtile active différents problèmes psychologiques." Nous pouvons aussi prendre l’initiative personnelle de réduire les effets dépressifs et d’isoler les effets d’un état d’esprit matérialiste en évitant le plus évident de ses stimulants, la publicité. Une méthode : “moins regarder la télévision" ou alors attendre le prochain effondrement de notre monde économique.
L’annonce des résultats de la recherche publiée sous le titre “Cuing Consumerism: Situational Materialism Undermines Personal and Social Well-Being” sur le site de l’Association for Psychological Science : Consumerism and its antisocial effects can be turned on—or off. Image
Merci Gourou pour ce bon petit article.
Comment contrecarrer les effets dépressifs et antisociaux du matérialisme ?
– Interdire la publicité et le marketing qui « créent des besoins » que les gens n’ont pas, avec la frustration pour ceux qui n’auront pas les moyens de satisfaire ces « besoins ».
– Interdire la télévision, qui est la pire machine à abrutir, acculturer et promouvoir le matérialisme !
+1 Arno
Une autre hypothèse: La concentration des richesses de la planète sous forme de biens de consommation pour une minorité se fait au pris d’une très grande iniquité: Un exemple bien connu (et presque caricatural s’il n’était réel) en est l’exploitation du coltan dans l’enfer du Kivu pour fabriquer des smartphones jetés après 2 ou 3 ans.
De plus ces iniquités ne résultent dans leurs quasi-intégrité que d’héritages historiques.
Aussi, comme le mangeur de viande ne veut pas savoir que son bifteck provient d’un animal vivant, le consommateur sait (même s’il feint de l’ignorer) que sa richesse matérielle provient d’une grande injustice et provoque du malheur chez d’autres.
L’Humain (être tribal) ayant été sélectionné pour son empathie et son sens de la justice (car cela était favorable à la survie du groupe) ressent ainsi une culpabilité dans l’actes d’achats… malaise qu’il essaie d’effacer en consommant encore plus…
La solution aux effets dépressifs du matérialisme serait de construire un monde équitable. Seulement ceci serait admettre que nous étions les acteurs d’un monde injuste et accepter sa culpabilité est encore plus difficile que de réduire sa consommation de biens et services.
P.S. Bien sûr il existe une faible minorité de personnes qui ne ressent pas cette culpabilité (définit par des « homo œconomicus » selon les économistes et des psychopathes/sociopathes selon les psychologues) le malheur étant qu’ils aient réussi à faire croire à la majorité que leur comportement malade définit la normalité.