Ce pochoir, d’une fine main tendue, a été découvert dans une grotte sur une île indonésienne. Et maintenant, nous savons qu’il est âgé de plus de 39 900 ans. Cela en fait la plus vieille peinture dans le monde, du moins jusqu’à présent, et elle indique que les humains en Asie ont développé l’expression symbolique en même temps que l’homme en Europe.
Bien que la découverte de ces peintures n’est pas nouvelle, la méthode que les scientifiques ont utilisée pour les dater, l’est.
Maxime Aubert (université de Wollongong, Centre for Archaeological Science, Australie) et ses collègues l’ont déterminé en analysant des dépôts de minéraux trouvés sur le haut des peintures. Ces minéraux forment des nodules de calcite appelée concrétions coralloïdes, aussi connues en anglais comme "Cave popcorn" en raison de leur forme bulbeuse. Elles contiennent des traces de l’élément chimique uranium.
En utilisant une petite scie électrique, les chercheurs ont recueilli 19 échantillons de 14 motifs différents, composés de 12 empreintes de mains et deux dessins figuratifs. En mesurant la radioactivité de l’uranium dans la calcite dessus et en dessous de la couche de peinture, les scientifiques ont pu déterminer les âges minimum et maximum des œuvres.
Et ce qui est vraiment génial, c’est que ce résultat montre que l’art a émergé partout dans le monde, dans des communautés éloignées, à peu près au même moment. Auparavant, les plus anciennes peintures connues étaient en Europe, ce qui a donné lieu à l’idée que peut-être l’art est né dans cette région. Mais nous avons maintenant la preuve que cette idée est fausse.
Selon Aubert et ses collègues dans leur étude publiée cette semaine :
Nous montrons que les traditions d’art rupestre, de cette île indonésienne, sont au moins compatibles en âge avec le plus ancien art européen. La première image datée de Maros, avec un âge minimum de 39,9 ka, est aujourd’hui le plus ancien pochoir à la main connue dans le monde. En outre, une peinture d’un Babyrousa (cochon-cerf) réalisée il y a au moins 35,4 ka est parmi les premières représentations figuratives datées dans le monde entier, si ce n’est la plus ancienne. Parmi les répercussions, il peut maintenant être démontré que les humains produisaient de l’art rupestre il y a environ 40 ka aux extrémités opposées du monde eurasien du Pléistocène.
Babyrousa (cochon-cerf) et pochoires de mains (Kinez Riza) :
Quelque chose est arrivé à l’homme il y a quelque 40 000 ans, un certain développement évolutif et culturel, qui nous a permis de commencer à nous exprimer symboliquement. Il est fascinant d’imaginer qu’il est apparu dans les communautés humaines déconnectées à travers le monde.
La présentation des résultats par la revue Nature :
L’étude publiée dans Nature : Pleistocene cave art from Sulawesi, Indonesia.
Toujours amusants ces articles qui évoquent l’art rupestre, la création artistique ou la pensée symbolique presque comme des apanages essentiellement eurasiatiques ( « quelque chose est arrivé à l’homme il y a quelques 40mille ans, un certain développement évolutif et culturel »…blabla ) tout en passant sous silence les créations africaines comme la grotte de Blombos en Afrique du Sud ( pratiquement 100mille ans de moins! ) et qui présente déjà toutes ces caractéristiques d’inventivité symbolique et artistique, comme si l’homo sapiens sapiens, né il y a 200mille ans en Afrique, avait passé 130mille ans ( la première migration africaine hors d’Afrique aurait eu lieu il y a -70mille ans ) à se balancer aux lianes, lol….
http://www.hominides.com/html/lieux/blombos-grotte.php