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Chenille-feuille-protection

Une curieuse chenille vietnamien se construit un cocon de feuilles, puis saute à l’intérieur pour fuir le soleil. La chenille, Calindoea trifascialis, une fois insérée dans son abri, se met à sautiller avec sa feuille, parcourant un centimètre à la fois pour trouver un abri et échapper à la chaleur vietnamienne. Les chercheurs du Musée royal de l’Ontario au Canada ont étudié un peu plus de 650 chenilles dans le parc national Yok Don au Vietnam.

La Calindoea trifascialis se nourrit pendant environ trois semaines sur une plante hôte, avant de se construire un abri de feuilles pour le stade de la pupe, au cours de laquelle elle se transforme lentement en un papillon de nuit. Une fois qu’elle se met à l’abri dans feuille, elle tombe sur le sol de la forêt dans l’obscurité de la nuit et commence à sauter.

Elle saute en fixant ses pseudopodes en forme de queue sur la face inférieure de son corps, abaissant sa tête pour ensuite la relever brusquement, la projetant ainsi vers le haut et vers l’arrière. Elle a assez d’énergie en réserve pour se déplacer en sautant pendant trois jours, après quoi elle commence à se transformer en un papillon de nuit et ne peut se déplacer plus. Dans ces cruciales 72 heures, elle doit se trouver un peu d’ombre, sinon elle risque de surchauffer et mourir.
Calindoea trifascialis

Les forêts dans lesquelles les chenilles vivent sont relativement clairsemées, ce qui signifie qu’elles doivent trouver un abri. Mais il y a un gros problème : elle ne peut pas voir où elle va. De plus, elles courent un plus grand risque de rencontrer des prédateurs sur le sol de la forêt. La chenille risque de se faire manger par des fourmis, mais elle souffre encore plus des effets de la lumière du soleil.

Vidéo tirée de l’étude, les sauts de la chenille dans son cocon :

A l’intérieur de son cocon de feuilles, les chenilles n’ont qu’un seul éléments qui leur permettent de se diriger, l’emplacement du soleil.

Selon Kim Humphreys, co-auteur de l’étude (lien plus bas), pendant une courte période, la chenille saute partout de manière aléatoire, elle fait un cercle ou deux. C’est l’évaluation de l’intensité de la lumière sur 360 degrés. Puis elle saute loin de la lumière, semble l’oublier, puis répète le processus.

Sur une longue distance, les chenilles se déplacent en ligne droite surtout loin du soleil. Il semble qu’il y ait un lien entre la température et la fréquence des sauts, ainsi les chenilles sautent une fois par seconde quand il fait 29 °C, mais sautent moins souvent quand il fait plus frais. Aussi, lorsque les chenilles sont à l’ombre, elles n’ont pas la lumière du soleil pour s’orienter, elles sont donc plus susceptibles de sauter en rond et finissent par s’arrêter.
D’un point de vue évolutif, les chenilles sont susceptibles de se blottir à l’intérieur d’un cocon pour se protéger des prédateurs. Toutefois, elle a résolu un problème, mais en introduit un autre, selon les chercheurs.  Après 12 à 60 jours, les chenilles sortent de leurs cocons en tant que papillon de nuit.

La recherche a été menée entre 1999 et 2006, sept ans pour terminer et leur document de recherche à été publié ce mois-ci dans la revue Biology Letters le 21 Août : Not looking where you are leaping: a novel method of oriented travel in the caterpillar Calindoea trifascialis (Moore) (Lepidoptera: Thyrididae).

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