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Les outils utilisés par les anciens habitants de l’île de Pâques font allusion à une société coopérative et complexe qui n’aurait pas disparu

14 Août 2018 | 0 commentaires

Moai-Rapa Nui 18

Les peuples autochtones de l’île de Pâques, les Rapa Nui, auraient subi un effondrement de leur société peu après le XVIIe siècle en raison de luttes intestines et de l’épuisement des ressources naturelles. Mais une nouvelle étude des outils qu’ils ont utilisés pour sculpter leurs célèbres statues moai ajoute des preuves que les Rapa Nui était en fait une société sophistiquée et hautement collaborative.

Selon Laure Dussubieux, l’une des auteurs de l’étude et scientifique au Field Museum of Natural History de Chicago :

Pendant longtemps, les visiteurs se sont interrogés sur la culture derrière ces statues très importantes. Cette étude montre comment ces populations interagissaient, elle aide à réviser la théorie.

Et l’auteur principal, Dale Simpson, archéologue à l’université du Queensland (Australie) d’ajouter :

L’idée de concurrence et d’effondrement sur l’île de Pâques pourrait être exagérée. Pour moi, cette industrie de la taille de pierre est la preuve qu’il y avait une coopération entre les familles et les groupes d’artisans.

Les premiers colons sont arrivés sur l’île vers 1200 apr. J.-C. et selon Simpson :

La population fondatrice, selon la tradition orale, était composée de deux canoës dirigés par le premier chef de l’île, Hotu Matu’a.

À son apogée, la population de l’île s’élevait à des dizaines de milliers d’habitants, formant la société complexe qui a sculpté les statues pour lesquelles elle est aujourd’hui célèbre.

Ces statues, ou moai, sont des figures corporelles qui se sont enfouies au fil du temps. Elles représentent d’importants ancêtres de la population Rapa Nui et sont au nombre de près d’un millier, dont la plus grande mesure plus de 20 mètres de haut.

Selon Simpson, la taille et le nombre de moai suggèrent une société complexe.

L’ancienne population Rapa Nui avait des chefs, des prêtres et des confréries d’ouvriers qui pêchaient, cultivaient et fabriquaient les moai. Il y avait un certain niveau d’organisation sociopolitique nécessaire pour sculpter près d’un millier de statues.

Quatre statues dans la région intérieure de Rano Raraku, la carrière de statues, ont été excavées par Jo Anne Van Tilburg de l’Institut d’Archéologie de Cotsen, avec son équipe de fouilles. Pour mieux comprendre la société responsable de leur création, Simpson, Dussubieux et Van Tilburg ont examiné de près 21 des quelque 1 600 outils en pierre retrouvés dans les fouilles de Van Tilburg.

Pour ce dernier, l’objectif du projet était de mieux comprendre comment les fabricants d’outils et les sculpteurs de statues ont pu interagir, ce qui a permis de mieux comprendre le fonctionnement de cette production de statues.

Exemples de statues de l’île de Pâques, ou moai. (Dale Simpson)

Moai-Rapa Nui 2 18

Les outils, appelés toki, étaient faits d’une pierre volcanique, le basalte, et la composition spécifique d’environ la moitié de ceux qui ont été récupérés suggérait la façon dont ils étaient utilisés.

Selon Dussubieux :

Le basalte est une roche grisâtre qui ne ressemble à rien de spécial, mais quand on regarde la composition chimique des échantillons de basalte provenant de différentes sources, on peut voir des différences très subtiles dans les concentrations des différents éléments. La roche de chaque source est différente à cause de la géologie de chaque site.

Nous voulions savoir d’où provenaient les matières premières utilisées pour fabriquer les artefacts (…) Nous voulions savoir si les personnes prenaient du matériel à proximité de leur lieu de résidence.

Il y a au moins trois sources différentes sur l’île de Pâques que les Rapa Nui utilisaient pour fabriquer leurs outils en pierre. Ces différentes carrières, les outils qui en sont issus et les déplacements entre les sites géologiques et les sites archéologiques mettent en lumière la société préhistorique Rapa Nui. Dussubieux a dirigé l’analyse chimique des outils en pierre. Les archéologues ont utilisé un laser pour couper de minuscules morceaux de pierre du toki, et un instrument appelé spectromètre de masse a été utilisé pour analyser les quantités de différents éléments chimiques présents dans les échantillons. Les résultats indiquaient une société qui, de l’avis de M. Simpson, nécessitait une importante coopération.

Selon M. Simpson :

La majorité des toki provenait d’un complexe de carrières, une fois que les gens ont trouvé la carrière qu’ils aimaient, ils sont restés avec elle.

Pour que tout le monde utilise un seul type de pierre, je crois qu’ils ont dû collaborer. C’est pour ça qu’ils avaient tant de réussite, ils travaillaient ensemble.

Pour Simpson, cette preuve d’une collaboration généralisée contredit le récit populaire selon lequel les premiers Rapa Nui ont épuisé leurs ressources naturelles et qu’une guerre civile les a fait sombrer dans l’oubli.

Il y a tellement de mystère autour de l’île de Pâques, parce qu’elle est tellement isolée, mais sur l’île, les gens interagissaient, et continuent d’interagir en grand nombre.

Alors que la société a été décimée à la suite de l’arrivée des Européens au XVIIIe siècle, la culture Rapa Nui est toujours vivante.

Il y a des milliers de Rapa Nui en vie aujourd’hui, la société n’a pas disparu.

Van Tilburg recommande toutefois la prudence dans l’interprétation des conclusions de son équipe et encourage la poursuite des études, admettant que l’utilisation possible de la coercition dans les interactions Rapa Nui ne peut être exclue.

L’utilisation quasi exclusive d’une carrière pour produire ces 17 outils soutient une vision de la spécialisation artisanale basée sur l’échange d’informations, mais nous ne pouvons pas savoir à ce stade si l’interaction était collaborative.

En plus d’introduire une perspective plus nuancée sur l’histoire du Rapa Nui, Dussubieux note que l’étude est importante en raison de ses connaissances plus larges sur le fonctionnement des sociétés.

Selon Dussubieux :

Ce qui se passe dans ce monde est un cycle, ce qui s’est passé se reproduira. La plupart des gens ne vivent pas sur une petite île, mais ce que nous apprenons sur les interactions des personnes dans le passé est très important pour nous maintenant parce que ce qui façonne notre monde, c’est la façon dont nous interagissons.

L’étude publiée dans The Journal of Pacific Archaeology : Geochemical and radiometric analyses of archaeological remains from Easter Island’s moai (statue) quarry reveal prehistoric timing, provenance, and use of fine–grain basaltic resources et présentée sur le site du Field Museum : Easter Island’s society might not have collapsed.

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