Une étude fixe l’effondrement d’une grande partie de la forêt amazonienne à l’année 2064
Pris entre une utilisation des ressources en pleine expansion et les incendies alimentés par le changement climatique, l’avenir de la forêt amazonienne et l’étonnant éventail de vie qui y grouille ne cesse de s’assombrir.
Image d’entête : destruction de l’écologie locale dans une mine d’or dans l’État d’Amazonas au Brésil. (Robert Toovey Walker/ Environment: Science and Policy for Sustainable Development)
Dans un nouveau rapport (lien plus bas), le géologue Robert Toovey Walker, de l’université de Floride, passe en revue les recherches récentes sur la forêt amazonienne pour parvenir à une sinistre conclusion. L’allongement des saisons sèches ne permettra bientôt plus à la forêt tropicale humide de disposer des 5 années nécessaires entre les saisons sèches pour se remettre des incendies, laissant les herbes et les arbustes inflammables prendre le dessus.
Selon Walker :
Le sud de l’Amazonie peut s’attendre à atteindre un point de basculement avant 2064 au rythme actuel de l’allongement de la saison sèche.
En octobre, le nombre d’incendies de cette année en Amazonie avait dépassé la terrible saison des feux de l’année dernière. Et les humains ont détruit 1 202 km2 supplémentaires de forêt au Brésil au cours des quatre premiers mois de 2020, soit 55 % de plus qu’à la même époque l’année dernière.
La première étape dans la destruction des forêts : l’exploitation forestière. (Robert Toovey Walker/ Environment: Science and Policy for Sustainable Development)
Telle une réaction en chaine, les modèles prédisent qu’une fois que 30 à 50 % de déforestation sera atteinte dans le sud, cela diminuera la quantité de pluie jusqu’à 40 % dans l’ouest, changeant également l’environnement de la forêt tropicale en forêt ouverte et en savane, conclut le rapport.
Toujours selon Walker :
La meilleure façon de penser à l’écosystème forestier est qu’il s’agit d’une pompe. La forêt recycle l’humidité, ce qui favorise les pluies régionales. Si vous continuez à détruire la forêt, la quantité de pluie diminue… et finalement, vous détruisez la pompe.
A partir de l’étude, ce schéma dépeint une cascade de dégradation des forêts du sud de l’Amazonie vers l’ouest-nord-ouest. (Robert Toovey Walker/ Environment: Science and Policy for Sustainable Development)
Si ce scénario catastrophe se réalise, l’accès à l’eau s’évaporera pour plus de 35 millions de personnes qui habitent cette région.
Les gens là-bas, ils ne se préoccupent pas tant de la biodiversité, de l’environnement, quand ils doivent s’inquiéter de leur prochain repas.
Et beaucoup d’autres plantes et animaux seront poussés vers l’extinction.
Au début de cette année, un rapport (lien ci-dessous) a révélé que l’Amazonie, l’un des endroits les plus riches en biodiversité et en carbone sur Terre, est en passe d’atteindre le point de non-retour au cours de notre vie et que sa capacité à absorber l’excès de carbone du monde diminue rapidement, avec des prévisions selon lesquelles elle passera de sa fonction de puits de carbone en une source vers 2035.
Par le passé, la forêt amazonienne a survécu à des périodes de climat beaucoup plus chaud, mais cela sans les autres importants dommages que nos activités entraînent.
Comme pour la crise climatique, les grandes entreprises et les politiques gouvernementales (ou leur absence) sont les principaux responsables de ces problèmes.
Les accords commerciaux conclus avec des pays comme les États-Unis et, potentiellement, l’Union européenne, créent d’irrésistibles stimulants pour l’agriculture à grande échelle au Brésil, où de nombreuses personnes étaient déjà aux prises avec la vie quotidienne, avant même de devenir l’un des pays les plus touchés par la pandémie de coronavirus.
Photo aérienne d’une exploitation minière en Amazonie. (Robert Toovey Walker/ Environment: Science and Policy for Sustainable Development)
Selon Fern Sônia Guajajara, représentante de 300 groupes de peuples indigènes brésiliens :
C’est un gouvernement qui veut céder nos territoires à l’agriculture à grande échelle. Non seulement ils ont une politique qui consiste à ne pas nous accorder de droits sur nos terres, mais c’est pire, ils essaient de nous enlever les terres sur lesquelles nous avons déjà des droits.
Alors qu’avant il y avait de violents conflits fonciers, maintenant c’est le discours de haine du gouvernement fédéral qui l’incite. Chaque jour, ils incitent à la violence. Les gens pensent qu’ils ont le droit de tuer en toute impunité.
Walker explique que les projets d’infrastructure actuels du gouvernement brésilien et les politiques environnementales démantelées garantissent que 25 % de la forêt tropicale sera perdus dans un avenir proche, ce qui, selon de précédentes mises en garde de chercheurs, pourrait être un point de basculement vers un effondrement plus important.
D’autres pays amazoniens, notamment l’Équateur avec ses vastes réserves d’hydrocarbures, suivent l’exemple du président Bolsonaro en ouvrant l’Amazonie à l’extraction des ressources.
Ce problème n’est en aucun cas unique à l’Amérique du Sud. Nous sommes tous entourés d’écosystèmes en difficulté, et 1 pays sur 5 risque de voir leurs écosystèmes s’effondrer.
En plus de la perte de tant de créatures étonnantes et de la dégradation de nos systèmes climatiques, le fait de pousser nos écosystèmes à leurs limites accroît également d’autres menaces mondiales. Les communautés d’animaux stressées et affaiblies deviennent des terrains de reproduction fertiles pour de futurs agents pathogènes. De plus en plus de preuves relient désormais l’empiètement de l’humain sur les environnements stressés à des maladies émergentes comme le coronavirus.
L’étude publiée dans la revue Environment: Science and Policy for Sustainable Development : Collision Course: Development Pushes Amazonia Toward Its Tipping Point et le le géologue Robert Toovey Walker interviewé sur le site du United Press International : Florida professor predicts Amazon rainforest collapse by 2064.