L’Organisation météorologique mondiale et The Lancet tirent la sonnette d’alarme sur le climat : des mesures s’imposent
Malgré les discours incessants des gouvernements sur la transition énergétique et la nécessité de lutter contre le changement climatique, les gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère atteignent des niveaux record, comme le confirme l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Bien que la production annuelle de gaz à effet de serre en 2022 ait été inférieure à celle des années précédentes, le dernier bulletin de l’OMM sur les gaz à effet de serre (lien plus bas) indique que ces substances sont désormais supérieures de 50 % aux niveaux de l’ère préindustrielle. Cela s’explique principalement par la longue durée de vie du dioxyde de carbone, le gaz à effet de serre le plus abondant produit par l’activité humaine, en particulier par la combustion du charbon et des produits pétroliers pour l’énergie et les transports.
Comparé au méthane, qui est principalement libéré par l’énergie gazeuse et les processus agricoles et qui ne reste dans l’atmosphère qu’un peu plus d’une décennie, le dioxyde de carbone persiste pendant des centaines d’années, agissant comme une couverture qui retient la chaleur sur la Terre.
Dans une déclaration, le professeur Petteri Taalas, secrétaire général de l’OMM, a indiqué que ce nouveau record mettait la Terre sur la voie de « conditions météorologiques plus extrêmes, notamment de fortes chaleurs et précipitations, de la fonte des glaces, de l’élévation du niveau de la mer, du réchauffement et de l’acidification des océans ».
Il affirme également que les tendances actuelles des gaz à effet de serre signifient qu’il est probable que les gouvernements ne parviendront pas collectivement à atteindre les objectifs juridiquement contraignants de l’Accord de Paris sur le climat, à savoir « bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels » d’ici la fin du siècle, avec l’aspiration de maintenir ces niveaux en dessous de 1,5°C.
Selon Zoe Loh, chercheur principal au CSIRO (Australie) et coauteur du Bulletin de l’OMM :
La science est claire : l’humanité doit stopper l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre si nous voulons maintenir le réchauffement de la planète bien en deçà de 2 degrés.
Le dernier bulletin de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) sur leur site : The State of Greenhouse Gases in the Atmosphere Based on Global Observations through 2022 et présentée sur ce même site : Greenhouse Gas concentrations hit record high. Again.
The Lancet lance un appel à l’action : les risques sanitaires sont élevés dans un monde plus chaud
Les conclusions de l’OMM sont publiées le jour même où la revue médicale internationale The Lancet lance un avertissement crucial sur les risques de grande ampleur que présentent les changements climatiques et les températures mondiales.
Le rapport, rédigé par 114 auteurs, appelle à une réponse « axée sur la santé » face à la menace de « dommages irréversibles » que fait peser le réchauffement de la planète.
Dans ce rapport, les auteurs évaluent les effets changeants de l’augmentation des températures mondiales au cours des deux dernières décennies sur de vastes régions géographiques. Pour l’essentiel, ses données montrent une aggravation des tendances en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et centrale et dans les petits États insulaires, seules les régions développées comme l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Océanie restant globalement stables ou enregistrant de légères améliorations face à l’augmentation des températures mondiales.
Parmi ses observations, The Lancet estime qu’au rythme actuel, le monde dépassera les températures préindustrielles de 2,7 °C degrés à la fin du siècle, dépassant largement les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, seules l’Europe et les nations d’Amérique du Nord parvenant à des économies décarbonées à cette période.
Dans un tel scénario, l’étude prévoit une augmentation de 370 % des décès liés à la chaleur d’ici 2050 et une augmentation de 50 % des heures de travail perdues en raison de conditions de travail impossibles. L’augmentation des sécheresses et des vagues de chaleur liées au changement climatique pourrait plonger 525 millions de personnes supplémentaires dans l’insécurité alimentaire, en plus des 127 millions de personnes estimées qui souffrent actuellement de pénuries dues au réchauffement de la planète.
On s’attend également à ce que les maladies augmentent, l’habitat propice aux pathogènes mortels tels que les bactéries du genre Vibrio et la dengue augmentant de 25 %. Depuis 1982, les côtes salées propices au Vibrio ont augmenté d’au moins 13 400 km.
Lors de la publication de son rapport, The Lancet a invoqué les lignes de bataille contre ce qu’il considère comme des industries agissant à l’encontre des résultats en matière de santé. Son coprésident du » Countdown « , le professeur Anthony Costello de l’University College de Londres, a déclaré que l’atténuation et l’adaptation au climat » nécessiteront de défendre la santé des gens contre les intérêts des industries des combustibles fossiles et d’autres industries nuisibles à la santé « .
Le rapport critique en particulier les gouvernements des pays hautement développés pour leurs actions mineures en matière de lutte contre le changement climatique. L’Australie a été particulièrement pointée du doigt pour sa réponse au défi, sa région d’Océanie produisant plus de carbone par personne que n’importe quelle autre. Le rapport note que ce chiffre est « principalement dû à l’Australie » et critique l’Australie, les États-Unis et le Canada pour leurs « actions insuffisantes, et souvent négligeables, en matière de changement climatique ».
Les auteurs de conclure :
Avec des records de conditions météorologiques extrêmes battus sur tous les continents jusqu’en 2022, les risques pour la santé humaine et la survie augmentent dans toutes les dimensions surveillées. Partout dans le monde, les populations sont confrontées à une augmentation des maladies liées à la chaleur et des risques liés aux conditions météorologiques extrêmes, à la propagation des maladies infectieuses et à l’aggravation de l’insécurité alimentaire.
Les pertes économiques associées alourdissent le fardeau de la santé, érodant les fondements socio-économiques de la santé. Malgré l’augmentation des risques, les efforts d’adaptation ne suffisent pas à protéger la santé des populations, en particulier dans les pays dont l’indice de développement humain est le plus faible.
Le rapport publié sur le site du The Lancet : The 2023 report of the Lancet Countdown on health and climate change: the imperative for a health-centred response in a world facing irreversible harms.