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DDT

Les pesticides : produits utiles qui nous permettent de produire plus de nourriture et de nous préserver des maladies mortelles ? Ou sont-ils des produits dangereux qui tuent les animaux, insectes… et pourraient éventuellement nous être néfastes d’une manière non encore estimée ?

En fait, c’est un peu des deux… mais ce n’est pas encore vraiment très clair…

Image d’entête : Un soldat asperge une mixture de DDT (un pesticide interdit aujourd’hui) et de pétrole dans une pièce d’une maison en Italie. Cela a aidé à radicalement réduire la malaria dans ce pays. (Otis-HANMHM)

Cette semaine, des scientifiques de l’université de Stanford (États-Unis) ont publié un document de recherche (lien en bas de cet article) portant sur les avantages pour la santé (ou leurs absences) des aliments biologiques (issues de l’agriculture bio), une catégorie de produits naturels qui existe, en grande partie, en réponse à l’utilisation des pesticides dans l’agriculture. Pendant ce temps, le livre Printemps silencieux de Rachel Carson, qui a contribué à lancer le mouvement écologiste dans le monde occidental et forcé les Américains, pour la première fois, à vraiment réfléchir sur les impacts sanitaires des pesticides, a été publié il y a 50 ans ce mois-ci.

Depuis, nous essayons toujours de trouver comment équilibrer les avantages et les risques quand il s’agit de technologie. C’est parce qu’il n’y a pas de solution facile, de réponse qui s’adapte à toutes les situations. Faut-il utiliser ou non des pesticides ? Les données que nous observons sont objectives, mais la réponse est franchement subjective. Elle dépend également d’une grande variété de facteurs : de quel pesticide spécifique parlons-nous, où est-il utilisé et comment est-il appliqué; qu’avons-nous fait pour éduquer les personnes qui l’appliquent. Tout cela est très compliqué. Et ce n’est pas seulement dans la façon dont ces produits agissent. Il s’agit aussi de la façon dont nous les avons utilisés.

Rachel Carson écrivait déjà à l’époque :

Ce n’est pas ma thèse (que les insecticides chimiques ne doivent jamais être utilisés) ! Je soutiens vraiment le fait que nous avons mis, au hasard, des produits chimiques toxiques et biologiquement puissants dans les mains de personnes largement ou totalement ignorantes de leurs potentiels préjudices. Nous avons soumis un nombre important de personnes au contact de ces poisons, sans leur consentement et souvent à leur insu.

Vous pouvez constater pourquoi ce n’est pas une question facile. Il est légitime de se préoccuper de la façon dont les pesticides affectent la biodiversité. Il est également légitime de se préoccuper d’avoir accès aux outils dont nous avons besoin pour protéger des populations contre le paludisme. À un certain moment, vous avez à prendre une décision, mais vous vous trompez si vous pensez que la décision est clair.

La situation devient doublement confuse lorsque vous avez conscience que nous n’avons pas beaucoup de données concernant l’impact des pesticides sur la santé humaine. En fait, nous pourrions ne jamais avoir de données précises à ce sujet.

L’étude sur les produits bios était en fait un examen de plusieurs études. Les scientifiques ont examiné des centaines de documents de recherche comparant les aliments biologiques aux “conventionnels”, afin d’essayer d’utiliser ces données pour comprendre ce que nous faisons.

Pour en résumer le contenu, cette étude, publiée dans la revue Annals of Internal Medicine (lien plus bas), en vient à une conclusion nuancée.

Citation:

Les études publiées manque de preuves solides selon lesquelles les aliments biologiques sont beaucoup plus nutritifs que les aliments conventionnels. La consommation d’aliments biologiques peut réduire l’exposition aux résidus de pesticides et aux bactéries résistantes aux antibiotiques.
Les études (analysées) étaient hétérogènes et en nombre limité et des erreurs de publication peuvent être présentes.

Ainsi, la méta-analyse de toutes ces études conclut que la science actuelle montre que la consommation de produits biologiques est associée à de faibles niveaux d’exposition aux pesticides. Et, qu’il n’y a pas de preuve concluante dans les études existantes qui, par exemple, prétendent qu’une pomme bio renfermerait toujours davantage de nutriments qu’une pomme cultivée avec des pesticides chimiques fabriqués par l’homme, etc.

Cette étude est beaucoup plus significative, car elle revient sur de nombreuses conclusions scientifiques qui, prises individuellement, ne peuvent être représentatives. Mais, cela signifie aussi qu’il y a énormément des choses qui se passent et de les comprendre devient rapidement très confus. En fait, nous n’avons pas de preuves suffisantes pour répondre aux questions qui importent vraiment.

Seules 17 études ont comparé différents groupes de personnes ayant des régimes alimentaires différents et la plupart n’ont montré aucune différence sur des mesures telles que la motilité des spermatozoïdes, les niveaux d’acides gras dans le lait maternel ou les niveaux d’antioxydants dans le sang.

Selon Dena Bravata de l’Université de Stanford qui a participé à l’étude :

Nous avons évalué un peu moins de 6000 articles potentiellement pertinents … et identifié 17 études qui portaient sur les régimes alimentaires biologique ou conventionnel de groupe de personnes. Voici un secteur industriel énorme et il y a eu 17 études. Pour mettre en évidence le manque de preuves qui répondent vraiment directement à la question que nous avions, je pense que c’est intéressant.

Pris ensemble, selon les chercheurs, les résultats sont trop peu concluants et disparates pour en tirer des conclusions majeures.

Afin de vraiment tout connaitre sur les risques alimentaires qui suscitent le plus d’intérêt pour la population, comme le cancer ou des problèmes de santé liés à la reproduction et au développement, nous aurions besoin d’études soigneusement contrôlées qui durent pendant des années, voire des décennies. Ces types d’études n’existent pas et elles sont probablement impossibles à réaliser.

L’étude publiée sur Annals of Internal Medicine : Are Organic Foods Safer or Healthier Than Conventional Alternatives?: A Systematic Review.

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