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En attendant que l’homme ou la femme accède au siècle qui lui donnera l’opportunité de mettre au point et de fréquenter assidument les bordels automatisé aux charmant(e)s lucratifs humanoïdes qui lui sont rattachés, il est limité à sa technologie d’humain qui lui donne juste les moyens, pour l’instant, d’en tester un sur des grenouilles avides de sexe!

Trêve de plaisanterie… Quand vous étudiez les habitudes d’accouplement des grenouilles, il est peut-être nécessaire de mettre en mouvement quelques rouages assez spécifiques, mais qui révèleront quelque chose de fascinant en terme d’évolution. Les biologistes Michael Ryan (Université du Texas) et Ryan Taylor (Université de Salisbury) voulaient savoir comment des grenouilles réagiraient aux appels d’accouplement qui ne reflèteraient pas parfaitement la réalité entendue et vue dans la nature. Est-ce que les grenouilles seront seulement attirées par un comportement d’accouplement parfaitement reproduit, ou une grossière approximation sera-t-elle suffisante pour susciter leur intérêt ? Pour y répondre, ils ont conçu une grenouille robotisée mâle sexy (en image d’entête), mais pas trop non plus. Celle-ci agirait comme une grenouille mâle qui essaie d’attirer une compagne, mais avec quelques légères déviations du rituel d’accouplement typique de grenouille.

En image d’entête, la fausse grenouille mâle robotisée et ci-dessous une vraie grenouille Engystomops pustulosus.

Lors du choix d’un partenaire potentiel, les grenouilles femelles Túngara (Engystomops pustulosus, ci-dessus) écoutent les sons gutturaux des appels masculins, qui sont basés sur un modèle d’un long "gémissement”, suivi d’un ou plusieurs "hululements" (“Chucks”, petits bips). S’il est visible, le sac se gonflant des grenouilles mâles s’ajoute à l’appel, il rend les gémissements plus attrayant, mais moins attirant qu’un gémissement-hululement, et il rend celui-ci encore plus attractif.

Dans une expérience, Ryan et Taylor se sont servis de ces signaux visuels et auditifs. Ils ont utilisé l’enregistrement de base d’un “gémissement” et y ont ajouté un robot grenouille qui gonfle son sac avec du retard. Ils ont mené une expérience parallèle avec un hululement qui arrive en retard par rapport au gémissement. Ni l’expansion du sac en retard ou le lent hululement, seul, a ajouté au sex-appeal du gémissement. Dans les deux cas, c’était comme si la grenouille venait de gémir. Cependant, lorsque les signaux en retards ont été couplés ensemble, quelque chose d’extraordinaire s’est produit. Le sac vocal a "sauvé de manière perceptuelle" le hululement et la liée avec la première partie de l’appel gémissements-hululement. Le signal résultant a été aussi attrayant pour les grenouilles femelles tungara qu’un "gémissement-hululement” au bon timing.

La grenouille mâle robotisée attirant une femelle Túngara :

Selon Michael Ryan :

Cela ne se produirait jamais dans la nature, mais c’est la preuve du nombre de jugements tronqués qu’il y a dans l’évolution et la femelle peut être piégée de cette façon.

Ce que Ryan entend par "jugement tronqué" c’est que notre cerveau ne s’appuie pas toujours sur les contributions exactes du monde extérieur pour y découvrir des significations. Les deux biologistes disent que ce que la fausse grenouille fait à la femelle est similaire à ce que votre cerveau fait lors de tests "d’illusion de continuité ou illusion de complétion". Dans ces tests, beaucoup de bruit blanc est joué entre des bips, du coup votre cerveau entend ces bips comme un seul son continu au lieu d’être interrompu par le bruit extérieur. L’effet est similaire à la "Persistance rétinienne".

Les grenouilles femelles ont essentiellement reconstruit le gémissement et les bruits dans leurs esprits, tirant un sens d’une situation bruyamment confuse, un peu comme quand l’on tente de reconstruire ce qu’a crié quelqu’un dans un bar bruyant à partir de quelques bribes de mots et de mouvements de la main. Selon Ryan, cela signifie que les grenouilles sont adaptées à une certaine souplesse dans leur communication dans des environnements bruyants.

Nous devons être en mesure de réunir des éléments perceptibles de façon inattendue pour extraire les stimuli significatifs à partir de beaucoup de bruit. Le sac vocal, le repère visuel, fonctionne un peu comme le bruit blanc, ce qui donne une perception de continuité entre ces deux sons, réunissant le gémissement déplacé dans le temps au hululement.

Ryan pense également que son étude éclaire la façon dont les animaux font évoluer des comportements complexes, comme les multiples signaux que ces grenouilles utilisent. Si vous couplez une capacité à extraire un sens à des situations chaotiques, il est possible qu’au fil du temps les grenouilles fassent évoluer de nouvelles façons de communiquer et de percevoir l’information. Cette capacité neurologique aide certainement les grenouilles à agir avec plus de souplesse dans des situations nouvelles.

Cette étude pourrait également faire la lumière sur l’intelligence humaine, qui repose en partie sur notre habilité à réunir beaucoup de sons complexes pour en tirer un sens. Peut-être que le langage a évolué à partir de formes plus simples de communication, comme ces grenouilles, et qui est devenu de plus en plus complexe avec le temps.

L’étude publiée sur Science : Interactions of Multisensory Components Perceptually Rescue Túngara Frog Mating Signals.

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