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Une nouvelle théorie controversée estime que de nombreuses caractéristiques du visage humain sont le résultat de mesures défensives élaborées contre les bagarres aux poings.

Ce n’est pas la première fois que ce type de violence est impliquée dans le développement de notre physiologie. En 2012, des scientifiques ont estimé que les poings ont changé le cours de l’évolution humaine, en soutenant que : “c’est … notre arme anatomique la plus importante, utilisée pour menacer, battre et quelquefois tuer pour résoudre un conflit.” Le document de recherche, que le Guru vous a décrit dans son article : “Les mains de l’homme ont-elles évolué pour cogner son prochain ?”, a gagné sa part de critique, non seulement parce que l’évidence était circonstanciée, mais à cause de sa revendication, que la violence a étayé une grande partie de l’évolution humaine, une perspective que beaucoup considèrent aujourd’hui comme archaïque, simpliste et trop “orientée mâle” (par exemple, quelques caractéristiques du visage pourraient être le résultat de la sélection sexuelle). La nouvelle théorie sur l’évolution du visage humain, qui a été publiée cette semaine (lien plus bas), menace de faire de même.

La face de l’Hominidé, plus particulièrement celle de l’australopithèque, aurait évolué pour minimiser les blessures infligées par les coups de poing au visage lors des combats entre les hommes pour les ressources, les femmes et d’autres désaccords, selon une étude menée par le Dr David Carrier et le Dr Michael Morgan, de l’Université de l’Utah.

La recherche présente une alternative à une vieille théorie : l’évolution des robustes faciès de nos premiers ancêtres serait en grande partie la conséquence de la nécessité de mâcher des aliments difficiles à écraser, comme les noix. Elle fournit donc une autre explication pour l’évolution du visage de l’hominidé, mais aborde également le débat sur l’opportunité, ou non, que notre lointain passé ait été violent.

Selon le Dr Carrier :

Le débat, quant à savoir s’il y a un côté sombre de la nature humaine, remonte au philosophe français Jean-Jacques Rousseau qui a fait valoir que les humains, avant la civilisation, étaient de nobles sauvages; cette civilisation a vraiment corrompu l’homme et nous a rendus plus violents. Cette idée reste forte dans les sciences sociales et a été ouvertement soutenue dans les dernières décennies par une poignée de biologistes et d’anthropologues évolutionnistes. Beaucoup d’autres biologistes évolutionnistes ont trouvé des preuves que notre passé lointain n’était pas pacifique.

Les résultats de l’étude montrent ainsi que la violence a joué un plus grand rôle, dans l’évolution humaine, qu’on ne le pensait.

Quand les humains modernes se battent avec les mains, le visage est généralement la cible principale. Le Dr Carrier et le Dr Morgan ont constaté que les os qui subissent le plus de fractures lors des combats sont les mêmes parties du crâne qui présentaient la plus forte augmentation de leur robustesse au cours de l’évolution des hominidés.

Du haut vers le bas : les reconstructions de crâne du chimpanzé communs, de l’Australopithecus afarensis, du Paranthropus boisei, de l’Homo erectus et de l’Homo sapiens. (Université de l’Utah)

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Ces os sont aussi les parties du crâne qui présentent la plus grande différence entre les hommes et les femmes à la fois chez les australopithèques (Australopithecus et Paranthropus) et les humains.

En d’autres termes, les visages masculins et féminins sont différents parce que les parties du crâne qui se brisent dans les combats sont plus grandes chez les mâles. De plus ces traits apparaissent, dans les archives fossiles, à peu près au même moment ou nos ancêtres ont acquis de plus grandes mains qui permettent la formation d’un poing.

Ensemble, ces observations suggèrent que la plupart des traits du visage, qui caractérisent les premiers hominidés, pourraient avoir évolué afin de protéger le visage d’une blessure au cours de combats avec les poings.

Les australopithèques étaient caractérisés par une suite de traits qui peuvent avoir amélioré leur capacité au combat, y compris les proportions de la main qui permettent la formation d’un poing; transformant le système musculo-squelettique de celle-ci en une arme efficace pour frapper.

Si, en effet, l’évolution de nos proportions de la main était associée à une sélection pour un comportement de combat, vous pourriez vous attendre à ce que la cible principale, le visage, ait évolué afin de mieux le protéger contre les blessures lors des coups de poing.

Notre recherche concerne la paix. Nous cherchons à explorer, comprendre et faire face aux tendances violentes et agressives de l’humanité. La paix commence par nous-mêmes et est finalement obtenue par une rigoureuse auto-analyse (introspection) et une compréhension de l’endroit d’où nous venons en tant qu’espèce. Grâce à notre recherche, nous espérons nous regarder dans le miroir et commencer le difficile travail de nous changer pour le meilleur.

Aujourd’hui, les visages humains sont bien moins robustes que ceux des australopithèques. Les scientifiques supposent qu’il y a eu un besoin de diminuer, au cours du temps, ces mesures défensives alors que nos bras et la partie supérieure de notre corps se sont progressivement affaiblis.

L’étude publiée dans la revue Biological Reviews : Protective buttressing of the hominin face.

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