Un fascinant fossile allemand pourrait être une toute nouvelle espèce d’Archeopteryx, le chainon manquant entre les dinosaures et les oiseaux
De nouvelles méthodes d’analyse ont permis de déterminer qu’un fossile déjà bien examiné est en fait une espèce distincte d’Archaeopteryx, le lien évolutif entre les oiseaux et les reptiles. Baptisée Archaeopteryx albersdoerferi, seule une recherche plus poussée permettra de déterminer s’il s’agit vraiment d’une espèce autonome et non d’un Archaeopteryx lithographica ou Archaeopteryx siemensii.
Image d’entête : Reconstitution (librement inspirée) de l’Archaeopteryx albersdoerferi par Zhao Chuang sous la direction de Martin Kundrát. (Université de Manchester)
L’archéoptéryx a d’abord été décrit comme le » chaînon manquant » entre les reptiles et les oiseaux en 1861 et il est maintenant considéré comme le lien entre les dinosaures et les oiseaux. Seulement 12 spécimens ont été trouvés en de Bavière, en Allemagne, et tous datent du Jurassique supérieur, remontant à environ 150 millions d’années. Martin Kundrát de l’université Pavol Jozef Šafárik et ses coauteurs ont identifié une nouvelle espèce d’Archaeopteryx, nommée A. albersdoerferi, qui est plus proche des oiseaux modernes en termes évolutifs.
À l’aide de la microtomographie aux rayons X (synchrotron), le Dr Kundrát et ses collègues ont examiné l’un des 12 spécimens d’Archaeopteryx, désignée » spécimen numéro 8 « .
John Nudds, coauteur de l’étude, et le fossile Archaeopteryx. (Université de Manchester)
Selon les paléontologues :
Ce spécimen d’Archeopteryx est physiquement beaucoup plus proche d’un oiseau moderne que d’un reptile.
Par conséquent, il est assez distinctif et différent pour être décrite comme une nouvelle espèce, l’Archaeopteryx albersdoerferi.
Parmi les différentes caractéristiques squelettiques de l’Archaeopteryx albersdoerferi, mentionnons la fusion d’os crâniens, de différents éléments de la ceinture pectorale (poitrine) et d’aile, et une configuration renforcée des os carpiens et métacarpiens (main). Ces caractéristiques sont plus fréquentes chez les oiseaux volants modernes et ne se retrouvent pas chez les espèces plus anciennes d’Archaeopteryx lithographica, qui ressemblent davantage aux reptiles et aux dinosaures.
L’Archaeopteryx albersdoerferi de la Formation du jurassique supérieure de Mörnsheim (Tithonien inférieur) d’Allemagne (Bavière). L’échantillon type en lumière naturelle (a) et en lumière UV (b). (Martin Kundrát et Col./ Historical Biology)
Le spécimen numéro 8 est le plus jeune des 12 spécimens connus d’environ un demi-million d’années. Cette différence d’âge par rapport aux autres spécimens est un critère essentiel pour le décrire en tant que nouvelle espèce.
Selon le coauteur de l’étude, John Nudds, de la School of Earth and Environmental Sciences de l’université de Manchester (Royaume-Uni) :
En disséquant numériquement le fossile, nous avons découvert que ce spécimen différait de tous les autres. Il possédait des adaptations squelettiques qui auraient permis un vol beaucoup plus efficace.
En résumé, nous avons découvert l’évolution d’Archaeopteryx lithographica – c’est-à-dire un oiseau plus avancé, mieux adapté au vol – et nous l’avons décrit comme une nouvelle espèce d’Archaeopteryx.
Pour le Dr Kundrát :
C’est la première fois que de nombreux os et dents d’Archeopteryx ont été observés sous tous leurs aspects, y compris l’exposition de leur structure interne. L’utilisation de la microtomographie synchrotron était la seule façon d’étudier l’échantillon, car il est fortement comprimé avec de nombreux os fragmentés partiellement ou complètement cachés dans le calcaire.
Chaque fois qu’un chaînon manquant est découvert, cela ne fait que créer deux autres chaînons manquants, ce qui s’est produit avant et ce qui s’est produit après. Ce qui est arrivé avant a été découvert en 1996 avec les dinosaures à plumes en Chine. Notre nouvelle espèce est ce qui est venu après. Cela confirme que l’Archaeopteryx est le premier oiseau, et pas seulement un des nombreux dinosaures théropodes à plumes, que certains auteurs ont suggéré récemment. On pourrait dire qu’il remet l’Archaeopteryx sur son perchoir comme le premier oiseau.
L’image d’entête utilisée prend certaines libertés. Bien que l’Archeopteryx présente des caractéristiques physiques compatibles avec le vol, il n’a pas encore été prouvé qu’il s’agissait d’un vol libre. Les scientifiques ne savent pas si cet animal utilisait ses ailes pour le vol passif ou le vol actif propulsé. L’autre possibilité est que l’Archeopteryx était un animal terrestre qui ne volait pas du tout, utilisant ses ailes pour autre chose, comme pour dérober une proie, sauter ou pour la séduction.
Cela dit, les récents travaux de Voeten et Kundrát indiquent tous deux que l’Archaeopteryx était une créature volante, mais son mode de vol exact reste à définir.
L’étude publiée dans Historical Biology : The first specimen of Archaeopteryx from the Upper Jurassic Mörnsheim Formation of Germany.