Pouvons-nous compter sur les chiens pour nous sauver ?
Nous savons que les chiens vont essayer de sauver les humains, ces histoires de Lassie ou de Rintintin étaient basées sur des événements qui se sont produits depuis que les humains et les chiens coexistent, mais le simple fait de les observer sauver quelqu’un ne vous apprend pas grand-chose sur leur réel intérêt à sauver les humains.
Image d’entête par Alex Cabrera de l’université d’État d’Arizona.
Des psychologues de l’université d’État d’Arizona (Etats-Unis) ont donc mis en place une expérience évaluant la propension de 60 chiens de compagnie à sauver leurs propriétaires. Aucun n’avait reçu une formation de sauvetage.
Dans le test principal, chaque propriétaire était confiné dans une grande boîte équipée d’une porte légère, que le chien pouvait déplacer de côté.
Images tirées de l’étude. (Joshua Van Bourg et Coll./ PLOS ONE)
Les propriétaires ont feint la détresse en criant « à l’aide » ou « aidez-moi ». Avant l’expérience, les chercheurs ont entraîné les propriétaires pour que leurs appels à l’aide soient authentiques. En outre, ces derniers n’étaient pas autorisés à appeler leur chien par son nom, ce qui l’encourageait à agir par obéissance et non par souci du bien-être de son maître.
Selon Joshua Van Bourg, étudiant diplômé, et ce parce que deux choses sont en jeu :
Environ un tiers des chiens ont sauvé leur propriétaire en détresse, ce qui ne semble pas très impressionnant en soi, mais ça l’est vraiment quand on y regarde de plus près. D’une part, le désir des chiens d’aider leurs maîtres et, d’autre part, la façon dont ils ont compris la nature de l’aide nécessaire. Sans tenir compte de la compréhension de chaque chien sur la façon d’ouvrir la boîte, la proportion de ceux qui ont sauvé leur maître pourrait sous-estimer la proportion de ceux qui ont voulu sauver leur maître.
Les chercheurs ont exploré ce facteur dans des tests de contrôle. Dans l’un d’eux, lorsque le chien a regardé un chercheur déposer de la nourriture dans la boîte, seuls 19 des 60 chiens l’ont ouvert pour obtenir la nourriture. Il y a eu davantage de chiens qui ont sauvé leurs propriétaires plutôt que de récupérer la nourriture.
Toujours selon Van Bourg :
Le fait que les deux tiers des chiens n’ont même pas ouvert la boîte pour chercher de la nourriture est une indication assez forte que le sauvetage nécessite plus que de la motivation, il y a autre chose qui est en jeu, et c’est la composante de la capacité. Si vous regardez seulement les 19 chiens qui nous ont montré qu’ils étaient capables d’ouvrir la porte lors du test de nourriture, 84% d’entre eux ont sauvé leurs propriétaires. Donc, la plupart des chiens veulent vous sauver, mais ils doivent savoir comment.
Dans un autre test de contrôle, l’équipe a examiné ce qui se passait lorsque le propriétaire s’est assis à l’intérieur de la boite pour lire calmement à voix haute un magazine. Ils ont constaté que quatre chiens de moins, 16 sur 60, ont ouvert la boîte dans le test de lecture par rapport au test de détresse.
Selon Van Bourg :
La plupart du temps, il ne s’agit pas nécessairement d’un sauvetage. Mais cela n’enlève rien à la spécificité des chiens. La plupart sont prêts à courir dans un bâtiment en feu parce qu’ils ne supportent pas d’être séparés de leurs maîtres. C’est mignon, n’est-ce pas ? Et s’ils savent que vous êtes en détresse, eh bien, ça fait monter les enchères.
Deux exemples de tests réalisés lors de cette étude : dans le premier, le propriétaire du chien est à l’intérieur de la boîte et lance un cri de détresse. Dans le second, la même personne est dans la boîte et lit calmement. (Joshua Van Bourg et Coll./ PLOS ONE)
Le fait que les chiens ouvrent la boîte plus souvent dans le test de détresse, que dans le test de contrôle de lecture, indique que le sauvetage ne peut pas être expliqué uniquement par le fait que les chiens veulent être près de leurs propriétaires.
Les chercheurs ont également observé le comportement de chaque chien au cours des trois scénarios. Ils ont noté des comportements qui peuvent indiquer un stress, tels que des gémissements, la marche, les aboiements et les bâillements.
Pendant le test de détresse, les chiens étaient beaucoup plus stressés. Quand leur maître était en détresse, ils aboyaient plus et ils pleuraient plus. En fait, il y avait 8 chiens qui pleuraient, et ils le faisaient pendant le test de détresse. Un seul autre chien a pleurniché, et c’était pour la nourriture.
De plus, les deuxième et troisième tentatives d’ouverture de la boîte pendant le test de détresse n’ont pas rendu les chiens moins stressés que lors de la première tentative. En revanche, le test de lecture, où les chiens qui ont déjà été exposés au scénario, ont été moins stressés lors des tests répétés.
Ils se sont acclimatés. Quelque chose dans la détresse du propriétaire contrecarre cette acclimatation. Il y a quelque chose dans le fait que le propriétaire appelle à l’aide qui fait que les chiens ne sont pas plus calmes avec une exposition répétée.
En substance, ces comportements individuels sont davantage des preuves de « contagion émotionnelle », la transmission du stress du propriétaire au chien, explique Van Bourg, ou ce que les humains appelleraient de l’empathie.
Selon le professeur de psychologie de l’université d’État d’Arizona, Clive Wynne :
Ce qui est fascinant dans cette étude, c’est qu’elle montre que les chiens se soucient vraiment des gens. Même sans entraînement, de nombreux chiens tentent de sauver des personnes qui semblent en détresse, et lorsqu’ils échouent, on peut toujours voir à quel point ils sont bouleversés. Les résultats des tests de contrôle indiquent que les chiens qui ne parviennent pas à secourir leurs congénères sont incapables de comprendre ce qu’il faut faire, ce n’est pas qu’ils ne se soucient pas de leurs congénères.
L’étude publiée dans PLOS ONE : Pet dogs (Canis lupus familiaris) release their trapped and distressed owners: Individual variation and evidence of emotional contagion et présentée sur le site de l’université d’État d’Arizona : Yes, your dog wants to rescue you.