L’une des plus grandes étoiles visibles à l’œil nu n’est finalement pas si grosse, juste plus proche de nous
L’étoile Bételgeuse a fait parler d’elle ces derniers temps, en s’assombrissant mystérieusement deux fois l’année dernière. Aujourd’hui, des astronomes estiment avoir trouvé ce qui a pu causer le dernier phénomène. Ce faisant, ils ont également découvert que l’étoile est plus petite, plus proche de la Terre et pas aussi proche de l’explosion que ce que l’on pensait auparavant.
Image d’entête : l’étoile supergéante rouge Bételgueuse imagée par l’Atacama Large Millimeter Array (ALMA). (ESO /NAOJ /NRAO / E. O’Gorman/ P. Kervella)
Brillant dans la constellation d’Orion, Bételgeuse est l’une des étoiles les plus visible dans un ciel nocturne. La plupart du temps, en tout cas, car elle s’est tellement assombrie fin 2019 que beaucoup ont soupçonné qu’elle était sur le point de devenir une supernova. En avril 2020, elle avait retrouvé sa gloire d’antan, mais cela n’a pas duré longtemps. En quelques mois, elle a recommencé à s’obscurcir, mais pas aussi intensément que la première fois.
Comparaison de Bételgeuse de janvier à décembre 2019. (ESO/M. Montargès et Coll.)
On pense que la cause du premier assombrissement était un nuage de poussière, expulsé par l’étoile et empêchant temporairement la lumière de nous atteindre. Et maintenant, les chercheurs de la nouvelle étude pensent avoir une explication pour le deuxième épisode.
En effectuant des simulations hydrodynamiques et sismiques de la surface de l’étoile, l’équipe de l’Université nationale australienne (ANU) a découvert que les pulsations causées par les ondes de pression auraient créé le type d’assombrissement observé. Cela a aidé l’équipe à déterminer dans quelle phase de sa vie se trouve actuellement Bételgeuse. Et c’est une bonne nouvelle pour l’étoile, mais une mauvaise nouvelle pour tous ceux qui espéraient un feu d’artifice céleste.
Selon Meridith Joyce, de l’Université nationale australienne et auteure principale de l’étude :
Elle brûle de l’hélium en son centre en ce moment, ce qui signifie qu’elle est loin d’exploser. Nous pourrions être à environ 100 000 ans avant qu’une explosion ne se produise.
Mais ce n’est pas la découverte la plus intéressante que l’étude ait faite. Cette modélisation a également permis à l’équipe de réviser la taille de l’étoile et sa distance par rapport à la Terre. Il s’avère qu’elle est un peu plus petite et plus proche de nous que ce que nous avions imaginé auparavant.
Selon László Molnár, coauteur de l’étude :
La taille physique réelle de Bételgeuse fut un peu un mystère. Des études antérieures suggéraient qu’elle pourrait être plus grande que l’orbite de Jupiter. « Nos résultats indiquent que Bételgeuse ne s’étend qu’aux deux tiers de cette orbite, avec un rayon de 750 fois le rayon du Soleil. Une fois que nous avons eu la taille physique de l’étoile, nous avons pu déterminer sa distance par rapport à la Terre. Nos résultats montrent qu’elle est à seulement 530 années-lumière de nous, soit 25 % plus proche que ce que l’on pensait jusqu’à présent.
Bien qu’il soit naturel de se sentir un peu à l’écart de cette étoile volatile encore plus proche de nous, l’équipe précise qu’elle est encore trop loin pour que son éventuelle supernova puisse causer des dommages à la Terre.
L’étude publiée dans Astrophysical Journal : Standing on the Shoulders of Giants: New Mass and Distance Estimates for Betelgeuse through Combined Evolutionary, Asteroseismic, and Hydrodynamic Simulations with MESA et présentée sur le site de l’Université Nationale Australienne : Supergiant Betelgeuse smaller, closer than first thought.