Ce fragment de poterie serait une grenade utilisée pendant les Croisades
Une nouvelle analyse de résidus contenus dans d’anciens récipients en céramique datant de la Jérusalem des XIe et XIIe siècles a révélé que les jarres auraient eu une fonction plus sinistre que le simple stockage.
Image d’entête : fragment de récipient qui a été identifié comme contenant une matière explosive provenant de Jérusalem, Israël. (Robert Mason/ Musée royal de l’Ontario)
De précédentes recherches sur ces emblématiques récipients, qui sont conservés dans des musées du monde entier, ont permis d’identifier ceux qui servaient à boire de la bière et ceux qui contenaient du mercure, de l’huile et des médicaments. Les jarres sont facilement identifiables, de forme sphérique avec des bases coniques, et elles ont été trouvées dans toutes sortes de contextes archéologiques à travers le Moyen-Orient entre les 9e et 15e siècles.
Mais une nouvelle étude, dirigée par Carney Matheson, de l’université Griffith dans le Queensland, a révélé que si certains de ces récipients étaient effectivement utilisés à ces fins, d’autres contenaient une matière inflammable et probablement explosive, ce qui suggère qu’ils ont pu être utilisés comme une sorte de grenade à main rudimentaire, une explication soutenue par des preuves tirées de textes anciens. Les tessons étudiés ont été extraits du jardin arménien de Jérusalem dans les années 1960, et analysés pour détecter des traces de résidus afin de déterminer leur contenu.
Selon Matheson :
Ces récipients ont été signalés à l’époque des croisades comme des grenades lancées contre les forteresses des croisés, produisant des bruits forts et des éclairs lumineux.
Les croisades (1095-1291) étaient une série de guerres de religion violentes initiées par l’Église latine au cours de la période médiévale, dont le point culminant fut la tentative de prise de Jérusalem par l’Islam. Les habitants de Jérusalem ont, semble-t-il, trouvé des moyens ingénieux de se défendre.
Alors, de quoi étaient faites ces grenades antiques ?
Toujours selon Matheson :
Certains chercheurs ont avancé l’hypothèse que les récipients étaient utilisés comme grenades et ils contenaient de la poudre noire, un explosif inventé dans la Chine antique et introduit au Moyen-Orient et en Europe au 13e siècle. Il a été proposé que la poudre noire ait pu être introduite au Moyen-Orient plus tôt, dès ces vaisseaux du 9e au 11e siècle.
Mais la nouvelle étude exclut la poudre noire :
Cette recherche a montré qu’il ne s’agit pas de poudre noire et probablement d’une matière explosive inventée localement.
La recherche a également révélé que certains des récipients avaient été scellés avec une résine.
Des recherches plus approfondies sur ces récipients et leur contenu explosif nous permettront de comprendre l’ancienne technologie explosive de la période médiévale, ainsi que l’histoire des armes explosives en Méditerranée orientale.
L’étude publiée dans PLOS ONE : Composition of trace residues from the contents of 11th–12th century sphero-conical vessels from Jerusalem et présentée sur le site de l’Université Griffith : Ancient hand grenades: explosive weapons in medieval Jerusalem during Crusades.