Sélectionner une page

De rares mutations génétiques sont curieusement liées au fait d’être gaucher

4 Avr 2024 | 2 commentaires

Gaucher génétique 1 24

Depuis des générations, les gauchers fascinent et effraient à la fois. Outre la deuxième signification du mot gauche (malhabile…), le mot latin pour « gauche » est littéralement sinistre, ce qui donne la sinistralité ou encore gaucherie (les Italiens appellent encore la main gauche sinistra), et cette main fut historiquement associée à la sorcellerie et au culte du diable. Cependant, même à l’époque moderne, les gauchers sont toujours confrontés à des difficultés dans la société, qu’il s’agisse de l’obligation de passer à la main droite à l’école ou de l’obligation d’utiliser des produits conçus pour être utilisés avec leur main non dominante.

Pourquoi un petit groupe de la population préfère-t-il utiliser sa main gauche pour les tâches manuelles ? D’ailleurs, pourquoi n’utilisons-nous pas tout aussi bien l’une ou l’autre main ? Il n’est toujours pas facile de répondre à ces questions. Mais si l’on en croit les plus récentes recherches, c’est dans les gènes qu’il faut chercher. Les jumeaux identiques, par exemple, sont beaucoup plus susceptibles de partager une préférence pour une main que les faux jumeaux.

Lorsque la double hélice de l’ADN a été décodée il y a plusieurs décennies, de nombreux chercheurs ont espéré trouver des signes génétiques susceptibles d’expliquer la préférence pour une main. Comme la plupart des humains sont droitiers, un gène quelque part doit être responsable, et une mutation conduirait à la gaucherie. C’est ce que l’on pensait à l’origine.

Il n’existe pas de gène unique codant pour la gaucherie. Une analyse réalisée en 2019 à partir de vastes données provenant de la UK Biobank, de l’International Handedness Consortium et de 23andMe a permis de découvrir 41 zones de l’ADN liées à la gaucherie. Il s’avère que le fait d’être gaucher, tout comme l’asthme et la taille, est un trait polygénique : de nombreux gènes sont impliqués et chacun d’entre eux apporte une contribution minime.

Ainsi, une nouvelle étude vient d’apporter sa contribution à notre connaissance de la nature héréditaire de la gaucherie chez les humains. Les chercheurs de l’Institut Max Planck de psycholinguistique, aux Pays-Bas, ont découvert des variants génétiques rares modifiant les protéines qui pourraient être associées à cette caractéristique. Il s’agissait vraiment d’une recherche motivée par la curiosité sur un mystère de la biologie humaine : quelle est la base génétique de l’axe gauche-droite du cerveau ? Nous savons que les deux hémisphères cérébraux commencent déjà à se développer différemment dans l’embryon humain, mais le mécanisme n’est pas connu. Trouver des gènes liés aux asymétries du cerveau ou du comportement, comme la main, peut donner quelques indices. Il y a également un lien possible avec la psychiatrie. La gaucherie est plus fréquente dans l’autisme et la schizophrénie que dans la population générale, de sorte que l’altération de l’asymétrie du cerveau résultant de variants génétiques pourrait distinguer un sous-ensemble de personnes affectées. Il est évident que la plupart des gauchers ne souffrent pas d’autisme ou de schizophrénie.

Les chercheurs se sont tournés vers le même ensemble de données de la UK Biobank mentionné plus haut, qui comprend des données génétiques sur plus de 350 000 personnes. Leur objectif était d’étudier l’influence de variants génétiques très rares sur le fait d’être gaucher. Environ 10 % de la population est gauchère, c’est-à-dire qu’elle utilise sa main gauche pour écrire. Les humains ne sont pas toujours purement gauchers ou droitiers. Il arrive que des personnes effectuent la plupart des tâches manuelles avec leur main dominante, mais utilisent leur main opposée pour d’autres tâches.

La dominance de la main est une manifestation de l’asymétrie du cerveau (hémisphères droite et gauche du cerveau), la gaucherie résultant du contrôle dominant de l’hémisphère droit du cerveau. Ce trait se développe tôt dans la vie, au cours du développement embryonnaire, explique Franks. Les chercheurs ont constaté que l’héritabilité de la gaucherie due à des variants codantes rares dans l’exome (les séquences d’ADN qui codent pour les protéines) est très faible, à peine 1 %. Il est intéressant de noter qu’un gène appelé TUBB4B est 2,7 fois plus susceptible de contenir des variants codantes rares chez les gauchers. Ce gène est le modèle d’une protéine de microtubules qui constitue le cytosquelette, l’échafaudage qui donne leur forme aux cellules. Cela suggère que les microtubules sont impliqués dans la mise en place des asymétries du cerveau, comme la dominance du langage dans l’hémisphère gauche, mais aussi le contrôle des mains.

Selon Francks :

Je n’ai pas été surpris, car nous soupçonnions déjà, d’après d’autres travaux, que l’asymétrie cérébrale varie principalement en raison du hasard dans les premiers stades de l’embryon. Pour notre objectif, la faible héritabilité n’était pas un problème. Des variants génétiques rares chez une poignée de personnes peuvent mettre en évidence des gènes qui donnent des indices sur les mécanismes de développement de l’asymétrie cérébrale chez tout le monde. TUBB4B pourrait en être un bon exemple. Dans le cerveau embryonnaire, les microtubules pourraient contribuer à créer l’axe gauche-droite en donnant à certaines cellules une torsion asymétrique à un certain stade. Par ailleurs, les microtubules des cils pourraient être à l’origine de mouvements asymétriques et de l’écoulement des fluides. Les cils sont des projections de la surface cellulaire soutenues par des microtubules.

Les chercheurs ont également constaté que les personnes présentant des variations de DSCAM et de FOXP1, deux gènes associés à l’autisme, sont plus susceptibles d’être gauchères. Cela pourrait expliquer pourquoi les personnes autistes sont entre 2 et 3,5 fois plus susceptibles d’être gauchères.

À l’avenir, les chercheurs souhaitent explorer ces résultats plus en détail, en se concentrant sur le développement de l’asymétrie cérébrale de manière plus générale.

L’étude publiée dans Nature Communications : Exome-wide analysis implicates rare protein-altering variants in human handedness.

Il n’y a aucune publicité sur GuruMeditation et le Guru ne compte que sur la reconnaissance de ses lecteurs/ lectrices. 

Merci pour votre aide !

En Antarctique, le trou dans la couche d’ozone constitue une menace pour la vie

Malgré le protocole de Montréal, la couche d’ozone, essentielle pour bloquer les rayons ultraviolets du soleil, n’est pas entièrement reconstituée. Les espèces animales et végétales de l’Antarctique sont donc en danger.

L’avertissement émane de quatre membres du groupe d’évaluation des effets sur l’environnement des Nations unies, qui écrivent dans leur étude (lien plus bas) que le trou qui s’élargit chaque année dans la couche d’ozone reste désormais ouvert pendant l’été en Antarctique. Cela risque…

Finalement, les tyrannosaures étaient loin d’être aussi intelligents qu’un singe

Le Tyrannosaurus rex était à peu près aussi intelligent que les crocodiles modernes et d’autres reptiles, selon une équipe de chercheurs qui a étudié les récentes affirmations selon lesquelles les prédateurs du Crétacé auraient été aussi intelligents que des singes.

Il n’y a pas si longtemps, la neuroscientifique brésilienne Suzana Herculano-Houzel a publié une étude controversée (lien ci-dessous) qui affirmait avec audace que le T. rex avait une intelligence rivalisant avec celle des babouins modernes…

Le lieu de création d’un astéroïde proche est lié à un cratère déterminé sur la Lune

Il est possible de connaitre l’origine de nombreux astéroïdes en remontant à leur lieu de naissance, la planète ou la lune dont ils se sont détachés. Mais pour la première fois, des scientifiques affirment aujourd’hui avoir retracé les origines d’un astéroïde jusqu’au cratère spécifique qui l’a vu naître.

Les cratères ne sont pas seulement les cicatrices que les impacts d’astéroïdes laissent sur les planètes ou les lunes, mais ils peuvent aussi être le lieu de naissance de nouveaux astéroïdes. Si l’impact est suffisamment violent, des fragments de roche peuvent être…

Dans l’optique de produire un ordinateur sur le modèle d’un cerveau, des scientifiques créés une cellule cérébrale fonctionnelle à partir d’un mélange de sel et d’eau

Des chercheurs ont simulé pour la première fois des connexions neurologiques, des synapses, en utilisant de l’eau et des sels identiques à ceux utilisés par le cerveau, contribuant ainsi à un domaine émergent qui associe la biologie et l’électronique, “l’iontronic”.

L’équipe de l’université d’Utrecht (Pays-Bas) et de l’université de Sogang (Corée du Sud) affirme s’être inspirée du fonctionnement du cerveau humain, qui utilise également des particules chargées, appelées ions, dissoutes dans l’eau pour transmettre des…

La bioluminescence est apparue il y a 540 millions d’années

Des scientifiques ont repoussé de près de 300 millions d’années la première apparition de la bioluminescence chez les animaux.

On parle de bioluminescence lorsqu’un organisme produit sa propre lumière par le biais de réactions chimiques dans son corps. Elle est présente chez certains champignons, bactéries et insectes tels que les lucioles. Mais elle est particulièrement répandue chez les vertébrés et les invertébrés marins. Il semble que la bioluminescence ait évolué indépendamment au moins 94 fois…

Découverte en Chine d’empreintes de dinosaures troodontides géants

D’énormes empreintes fossiles de dinosaures ont été découvertes dans le sud de la Chine. Elles ont été laissées par un troodontidé qui pourrait être l’un des plus grands.

Ils sont désignés raptor en anglais, un terme couramment utilisé pour désigner les dinosaures bipèdes des groupes Dromaeosauridae et Troodontidae. L’analyse de leurs crânes indique qu’ils chassaient en meute et qu’ils étaient les plus intelligents des dinosaures, rivalisant avec les mammifères en termes d’intelligence.  On pense que les…

“Saumon-mouth” : ce saumon préhistorique géant avait des dents semblables à des défenses

Comme tout droit sorti du film RRRrrrr!!!, ,avec son bestiaire à défenses de poulemouth, chevalmouth, chienmouth… voici un saumon préhistorique arborant des défenses.

Les plus anciens fossiles d’Oncorhynchus rastrosus datent d’environ 12 millions d’années, le long de la côte californienne. Ce saumon vivait le long des côtes pacifiques de l’Amérique du Nord et du Japon, atteignant une taille de 2,4 mètres et pesant 200 kg. De précédentes études des fossiles ont montré que le saumon du Pacifique…

La voile solaire avancée de la NASA s’est déployée sans encombre dans l’espace

La NASA a lancé son système de voile solaire composite avancé (Advanced Solar Sail) à bord d’une fusée Electron de RocketLab, déployant ainsi une voile de 9 mètres en orbite terrestre basse…

Des millions de joueurs du jeu vidéo Borderlands 3 font avancer la recherche biomédicale

Plus de 4 millions de joueurs jouant à un mini-jeu de science citoyenne dans le jeu vidéo Borderlands 3 ont aidé à reconstituer l’histoire de l’évolution microbienne des bactéries de l’intestin humain…

La vieille sonde Voyager 1 de la NASA rétablit la transmission de ses données après 5 mois de charabia

La sonde Voyager 1 a renvoyé des données exploitables pour la première fois depuis plus de 5 mois, ce qui laisse espérer que la mission, vieille de 46 ans, pourra enfin reprendre ses activités normales.

La sonde interstellaire préférée de la NASA a transmis samedi au centre de contrôle de la mission des données sur la santé et l’état de ses systèmes embarqués…

Photos : Lorsque deux satellites dans des directions opposées se croisent dans l’espace à 10 000 km/h

La sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la NASA a pris une photo parfaitement synchronisée lorsqu’elle a croisé le chemin d’un autre engin spatial en orbite autour de la lune.

La sonde LRO, qui est en orbite autour de la lune depuis 15 ans, a pris plusieurs images de l’orbiteur lunaire Danuri de l’Institut de recherche aérospatiale de Corée, alors que les deux engins spatiaux, voyageant sur des orbites presque parallèles, se sont croisés dans des directions opposées au cours de trois orbites entre le 5 et le 6 mars…

Le professeur physicien Peter Higgs, célèbre pour avoir prédit l’existence du boson de Higgs, meurt à l’âge de 94 ans

Le professeur Peter Higgs, lauréat du prix Nobel, physicien théoricien britannique célèbre pour avoir prédit l’existence d’une nouvelle particule, le boson de Higgs, est décédé lundi 8 avril. L’université d’Édimbourg, où Higgs était professeur émérite, a annoncé mardi qu’il était « décédé paisiblement chez lui … à la suite d’une courte maladie ».

Les bosons de Higgs sont l’excitation quantique du champ de Higgs, un champ qui remplit tout l’univers et qui interagit avec les particules…

Voyager 1 : Les ingénieurs de la NASA ont repéré la puce défectueuse qui pourrait permettre de réparer l’ordinateur de la plus vieille sonde spatiale

L’une des plus anciennes (47 ans) et des plus lointaines sondes envoyées dans l’espace par l’humain, la sonde Voyager 1 souffre d’une importante défaillance qui l’empêche de transmettre des données scientifiques ou techniques vers la Terre. Les ingénieurs de la NASA ont réduit le problème de la sonde Voyager 1 à une seule puce défectueuse. Il pourrait désormais être possible de contourner la mémoire corrompue et de remettre la sonde interstellaire en état de marche…

Les astronautes sont conscients de la distance à laquelle ils "volent" dans l’espace en dépit de la microgravité

Des scientifiques étudiant les astronautes à bord de la Station spatiale internationale ont déterminé que les humains sont étonnamment doués pour s’orienter et évaluer la distance qu’ils ont parcourue en microgravité.

Selon Laurence Harris, spécialiste de la vision et de la perception du mouvement à l’université York au Canada, auteur principal de la nouvelle étude…

Pin It on Pinterest

Share This