La surprenante raison pour laquelle nous clignons des yeux bien plus souvent qu’il est nécessaire
Cligner des yeux permet de les humidifier, mais nous le faisons bien plus souvent qu’il ne le faudrait si c’était la seule raison. Des scientifiques de l’université de Rochester (États-Unis) ont découvert que cette action involontaire joue un rôle plus important que nous le pensions, en nous aidant à traiter les informations visuelles.
Image d’entête : Mr Bean et pour faire référence à une précédente étude sur le sujet, et décrite ici par le Guru (2012), qui supposait, dans une réponse s’approchant des plus récents travaux présentés ci-dessous, que les clignements participent activement à une remise à zéro et à la portée de l’attention… Les chercheurs avaient utilisé des vidéos de Mr Bean pour leurs expériences.
On a longtemps pensé que la principale raison pour laquelle nous clignons des yeux était d’éliminer la poussière et les débris de nos yeux, afin de prévenir les infections et les blessures. C’est évidemment important, mais notre réaction innée semble un peu excessive : en moyenne, les humains clignent des yeux jusqu’à 20 fois par minute, soit près de 20 000 fois par jour. Bien que chaque clignement ne dure qu’entre 0,1 et 0,4 seconde, cela représente environ 8 % de nos heures d’éveil passées à marcher les yeux fermés. Le cerveau doit redoubler d’efforts pour contrer ces interruptions constantes du traitement visuel, de sorte que l’évolution ne semble pas vouloir prendre ce risque sans en retirer d’autres avantages.
Dans le cadre de cette nouvelle étude (lien plus bas), les chercheurs de Rochester ont donc tenté de déterminer quel pourrait être cet avantage. L’équipe a suivi les mouvements oculaires d’observateurs humains pendant qu’ils regardaient divers stimuli, comme des motifs avec différents niveaux de détail. Les chercheurs ont associé ces données à des modèles informatiques et à une analyse spectrale pour comprendre comment le clignement des yeux affecte la vision et la manière dont le cerveau la traite.
Les scientifiques ont découvert que le mouvement rapide de la paupière lors d’un clignement modifie les motifs lumineux qui stimulent la rétine, envoyant au cerveau un type de signal visuel différent de celui envoyé lorsque nos yeux sont ouverts et concentrés sur quelque chose. En pratique, le clignement des paupières aide à avoir une vue d’ensemble d’une scène et à remarquer les motifs à grande échelle qui changent lentement.
Selon Bin Yang, premier auteur de l’étude :
Nous montrons que les observateurs humains tirent profit des phases transitoires du clignement des yeux, comme le prévoient les informations transmises par ces phases. Ainsi, contrairement à ce que l’on pense généralement, les clignements d’yeux améliorent (et non perturbent) le traitement visuel, en compensant largement la perte d’exposition au stimulus.
On pense déjà que les mouvements oculaires améliorent le traitement visuel. Il semble maintenant que le clignement des yeux soit un autre rouage de la machine, plutôt qu’un simple inconvénient.
L’étude publiée dans PNAS : Eye blinks as a visual processing stage et présentée sur le site de l’Université de Rochester : Small, involuntary eye movements help us see a stable world.