Le parasite de la malaria améliore l’odeur de son hôte pour mieux attirer le moustique
On sait que les moustiques détectent leurs cibles, dont nous faisons partie, par les (mauvaises) odeurs que nous exhalons (même leurs spermatozoïdes ont un odorat), par la chaleur que nous dégageons et par le dioxyde de carbone que nous relâchons lors de notre respiration. Et bien les parasites du paludisme peuvent changer l’odeur de leur hôte pour attirer les moustiques et propager leur progéniture. Ainsi, une nouvelle étude indique que le changement de parfum pourrait être utilisé comme outil de diagnostic.
Image d’entête de l’entomologiste Alex Wild, qui présente dans cet article comment a été réalisé cette photo (et d’autres) d’un moustique émergeant de son enveloppe immature. Vous également découvrir ici, comment les œufs de moustiques flottent.
Selon Mark Mescher, professeur agrégé d’entomologie à l’université d’État de Pennsylvanie (Penn State) :
Les souris infectées par la malaria sont plus attrayantes pour les moustiques que celles qui ne le sont pas. Elles sont les plus attirantes, pour ces moustiques vecteurs, lorsque la maladie est la plus transmissible.
Les parasites, propagés par les moustiques, sont la cause du paludisme chez l’homme et les animaux. La maladie ne peut se propager que par l’intermédiaire d’un insecte vecteur, un moustique.
Celui-ci ingère le parasite par le biais d’un repas de sang et le parasite engendre sa prochaine génération dans l’intestin du moustique. Ces nouveaux parasites se dirigent alors dans les glandes salivaires du moustique et sont transmis à un hôte humain lors de la prochaine piqure.
Selon Consuelo De Moraes, professeur d’entomologie qui a participé à l’étude :
Nous avons été très intéressés par les individus qui sont infectés par le parasite du paludisme, mais sont asymptomatiques (ne présentent aucun symptôme). Les personnes asymptomatiques peuvent toujours transmettre la maladie à moins qu’ils ne soient traités, si nous pouvons les identifier, nous serons peut-être en mesure de mieux contrôler la maladie.
Comme il est indiqué dans leur étude, lorsque les chercheurs ont utilisé un modèle de souris porteuse du paludisme, les moustiques étaient plus attirés par les rongeurs infectés, même lorsque ceux-ci ne présentaient aucun symptôme. La recherche a également démontré que plusieurs composés individuels, dont les concentrations ont été modifiées par l’infection du paludisme, ont contribué à l’augmentation de l’attractivité pour les moustiques.
(A voir : Regardez de l’intérieur la piquante tête chercheuse du moustique en quête de sang)
Afin d’éliminer d’autres facteurs tels que la production de dioxyde de carbone et la température du corps comme produit attractif, les chercheurs ont extrait l’odeur corporelle des souris et ont montré que les changements seuls, dans leur odeur, altéraient l’attraction des moustiques.
Les moustiques n’opteraient pas pour le parasite du paludisme, car il n’est pas bon pour eux. Le parasite ne manipule probablement pas que la souris en modifiant son odeur, mais également les moustiques afin d’être plus attiré par l’odeur d’infectés.
Alors que les moustiques n’étaient pas attirés par les souris qui présentaient des symptômes de paludisme aigu, elles ont été particulièrement attirées par celles traversant une période de récupération lorsque le stade de transmissibilité du parasite du paludisme était présent à des niveaux élevés.
Dans les régions où le cette maladie est très présente, un nombre important de personnes entretiennent des infections asymptomatiques, mais restent capables de transmettre la maladie. Les chercheurs espèrent que ce profil d’odeur modifié pourrait aider à identifier les personnes ayant besoin de traitement alors qu’ils ne semblent pas être malades.
Il est à noter que le Guru avait décrit une précédente étude qui démontait que le parasite du paludisme améliorait l’odorat du moustique (Comment le paludisme a-t-il rendu son moustique encore plus sensible à l’odeur humaine ?). Double performance ou mauvaise interprétation des données ??
L’étude publiée dans PNAS : Malaria-induced changes in host odors enhance mosquito attraction.