Pourquoi le claquement de doigts dévastateur de Thanos serait un flop ?
L‘humain claque des doigts depuis des milliers d’années. Les témoignages de cette production sonore remontent à la Grèce antique, et il est probable que cela se produisait bien avant.
Image d’entête : Thanos, un super-vilain évoluant dans l’univers Marvel, claque des doigts avec des gants en fer, ce qui pose problème selon les chercheurs… (Marvel)
Vase grec datant de 320 avant notre ère, représentant un personnage claquant des doigts. (Wikimedia Commons)
Mais comment le claquement de doigts fonctionne-t-il réellement ? Une équipe de chercheurs américains a découvert que cela a beaucoup à voir avec la friction des coussinets des doigts.
Selon Saad Bhamla, professeur adjoint à l’école d’ingénierie chimique et biomoléculaire du Georgia Institute of Technology, aux États-Unis :
Depuis quelques années, je suis fasciné par la façon dont nous pouvons claquer des doigts. C’est vraiment une extraordinaire énigme de physique au bout de nos doigts qui n’a pas été étudiée de près.
Les chercheurs ont émis l’hypothèse que le claquement fonctionne à la manière d’un ressort, de façon similaire au mouvement des mandibules de certains insectes, déjà étudié. Vous accumulez de l’énergie au bout de vos doigts en pressant votre majeur et votre pouce l’un contre l’autre, prêts à claquer. Lorsqu’ils glissent l’un sur l’autre, l’énergie est libérée soudainement, ce qui fait que votre doigt heurte votre paume. Cet impact envoie des ondes de choc qui produisent le bruit du claquement.
Dans leur étude (lien plus bas), les chercheurs affirment que ces « faibles ondes de choc » sont « similaires à un claquement de main ».
Les chercheurs ont examiné un certain nombre de claquements de doigts à l’aide de l’imagerie à haute vitesse, du traitement automatisé des images et de capteurs de force dynamiques. Ils les ont utilisés pour déterminer l’accélération et la vitesse de rotation du claquement de doigts.
Selon Bhamla, qui a déjà mené des recherches avec ses collègues sur les mouvements ultrarapides dans les organismes vivants tels que les insectes et les cellules :
C’est le seul projet scientifique de mon laboratoire dans lequel nous avons pu claquer des doigts et obtenir des données. Quand j’ai vu les données pour la première fois, j’ai bondi de ma chaise.
La vitesse du claquement de doigts était rapide, mais c’est l’accélération qui a battu des records pour le corps humain.
Toujours selon Bhamla :
Le claquement de doigts se produit en seulement sept millisecondes, soit plus de 20 fois plus vite que le clignement d’un œil, qui prend plus de 150 millisecondes.
Le claquement de doigts a intrigué Bhamla et Raghav Acharya, étudiant de premier cycle, après avoir regardé le film Avengers : Infinity War. Une scène centrale du film implique le méchant Thanos qui enfile un gantelet métallique puis claque des doigts, activant le pouvoir du gantelet et provoquant une perturbation au niveau de l’univers.
La magie du gantelet mise à part, les chercheurs se sont posé une question plus simple : vos doigts produiraient-ils réellement le son du claquement s’ils étaient recouverts de métal ?
Ils ont étudié la question en observant le claquement des doigts alors que ceux-ci étaient recouverts de différents matériaux, dont des dés à coudre en métal et des lubrifiants. Le métal a ralenti les doigts et la diminution de la friction a rendu le claquement plus difficile.
Pour Acharya :
Nos résultats suggèrent que Thanos n’aurait pas pu claquer à cause de ses doigts blindés de métal. Donc, c’est probablement les effets spéciaux hollywoodiens, plutôt que la physique réelle, qui sont en jeu ! Désolé pour le spoiler.
Selon Elio Challita, doctorant :
La compression de la peau rend le système un peu plus tolérant aux pannes. En réduisant à la fois la compressibilité et la friction de la peau, il est beaucoup plus difficile d’accumuler suffisamment de force dans vos doigts pour réellement claquer.
Il est intéressant de noter que les éléments qui augmentent la friction, comme le caoutchouc, ralentissent également les doigts. Les chercheurs pensent qu’il existe donc une quantité optimale de friction pour permettre à la fois le claquement et le glissement rapide des doigts l’un sur l’autre.
Un résumé dessiné de l’étude. (Georgia Institute of Technology/ Bahmla Lab/ Lindsey Leigh)
Les chercheurs ont élaboré des modèles mathématiques pour expliquer leurs données et la physique du claquement.
Selon Mark Ilton, professeur adjoint au Harvey Mudd College, aux États-Unis :
Ce modèle peut maintenant nous aider à comprendre comment d’autres animaux, tels que les termites et les fourmis, font claquer leurs mandibules, ainsi qu’à concevoir des actionneurs bioinspirés pour des applications techniques.
Les chercheurs affirment que ces données peuvent également être utilisées pour le développement de doigts prothétiques.
L’étude publiée dans The Journal of The Royal Society Interface : The ultrafast snap of a finger is mediated by skin friction et présentée sur le site du Georgia Institute of Technology : « Oh, Snap! » A Record-Breaking Motion at Our Fingertips.