Il y a beaucoup plus d’araignées qui pèchent le poisson qu’on ne le croyait
L’argument souvent utilisé, pour soulager les personnes souffrant d’une phobie des araignées, est que celles-ci se nourrissent d’insectes agaçants qui sont en fait plus gênants que ces très détestées créatures à huit pattes. Les araignées consomment régulièrement de nombreux invertébrés, y compris d’autres araignées, des moustiques, cafards, mouches, puces, mites, perce-oreilles et autres insectes nuisibles, favorisant un lien positif, mais ténu, avec les humains.
Les vertébrés ne sont clairement pas aux menus des araignées, enfin… n’étaient.
Selon une nouvelle étude, des dizaines d’espèces d’araignées dans le monde ont une envie inattendue de poissons.
Les auteurs de la nouvelle étude écrivent :
La notion d’araignées attrapant des poissons est assez particulière si l’on considère que les araignées, dans leur ensemble, sont traditionnellement considérées comme l’exemple classique d’un prédateur qui se nourrit d’insectes. Ainsi, quelques araignées se sont bien adaptées à vivre à proximité, ou sur, la surface de l’eau.
Auparavant, les chercheurs connaissaient un type d’araignée chassant les poissons, appelé, à juste titre, araignées pêcheuses. Cependant, les deux auteurs de cette nouvelle étude se sont demandé s’il n’ y avait pas plus de cas que cet exemple célèbre. Les araignées semi-aquatiques vivent sur tous les continents sauf l’Antarctique. Ces araignées se positionnent sur les bords de ruisseaux, rivières, lacs, étangs, bayous et marais, ou vagabondent sur la végétation aquatique exposée.
Images (clic pour agrandir) tirées de l’étude en lien plus bas.
Les araignées deviendraient-elles pescétariste ?
Ils ont mené une recherche de documents dans le monde entier, sur tous les cas d’araignées se nourrissant de poissons. Ils ont fouillé des archives photographiques et interrogé des spécialistes qui pourraient avoir croisé le phénomène à huit pattes lors de leurs travaux de recherche, comme les écologistes aquatiques, les ichtyologistes et les photographes de la faune.
Sur la base de ces cas, les auteurs ont constaté que quand un guppy, un vairon ou un poisson-moustique (Heterandria formosa) nage sans méfiances près des arachnides semi-aquatiques, celles-ci plongent et le récupèrent rapidement. Certaines araignées se tiennent même en équilibre à la surface de l’eau pour attraper le poisson à portée. Les proies aquatiques des araignées font entre 2 à 5 cm et le poisson est presque toujours environ deux fois plus grand que l’araignée elle-même.
Les chercheurs ont documenté plus de 80 cas de cette pratique, à partir d’observations sur le terrain et dans des tests en laboratoire, chez des espèces d’araignées appartenant à huit familles taxonomiques différentes. Le comportement a été observé à l’état sauvage sur tous les continents où les araignées vivent.
La surprenante prévalence de la pratique a confirmé aux auteurs que la pêche joue probablement un rôle dans la survie de certaines espèces d’araignées, même si le poisson est plus un bonus qu’une collation quotidienne.
Le poisson pourrait être une proie occasionnelle d’une grande importance nutritionnelle.
Les auteurs soulignent que le pique-nique des vertébrés ne s’arrête probablement pas aux poissons. Les arachnologistes réunissent de plus en plus de preuves que certaines grosses araignées n’hésitent pas à chasser d’autres vertébrés, si on leur en donne l’opportunité.
Par exemple, l’araignée Goliath ne mange pas (encore) les oiseaux, mais elle est connue pour sucer les entrailles de rongeurs, grenouilles, lézards et serpents quand survient une pénurie de cafards, son repas préféré.
Cependant, d’autres araignées se régalent d’oiseaux et d’autres vertébrés volants : des Araneidae sont connus pour attraper, de temps en temps, des colibris dans leurs toiles, pour ensuite emballer leurs victimes à plumes dans leur soie. Certaines Nephilidae capturent des chauves-souris qu’elles chassent activement.
Des exemples de chauve-souris capturées par des araignée, à partir de l’article du Guru sur le sujet : L’attaque des araignées sur les chauves-souris est plus répandue qu’on ne le pensait.
Les humains, cependant, sont encore un peu trop grands pour trouver une place au menu de l’araignée. A moins, bien sûr, qu’une monstrueuse araignées géante émerge de sa cachette pour conquérir le monde.
L’étude publiée sur PlosOne : Fish Predation by Semi-Aquatic Spiders: A Global Pattern.