Charon est la plus grande lune de Pluton et la plus grande par rapport à sa planète hôte dans l’ensemble du système solaire. Avec un peu plus de 10% de la masse de Pluton, elle influence l’orbite de la planète naine autour de leur centre de masse commun (le barycentre), ceci en faisant un argument solide que Charon est en fait la plus petite moitié du seul système binaire de planète naine connu.

En partant du centre : la planète naine Pluton, sa lune Charon et ses satellites naturels : Styx, Nix, Kerbéros et Hydra.

Ces nouvelles images (clic pour agrandir) ne sont pas la Charon que vous verriez avec vos propres yeux : l’image aux “couleurs étendues” utilise la lumière bleue, rouge et infrarouge pour souligner les propriétés de surface. La seule vraie diversité de couleur peut être observée dans la région polaire nord, une calotte glaciaire couleur rouille. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est la grande diversité de reliefs : des plaines vallonnées, cratérisées et de spectaculaires canyons qui traversent la lune.

Les hautes terres cratérisés de Charon, ses canyons et ses plaines. Des caractéristiques de 0,8 kilomètre de travers sont visibles. (NASA/JHUAPL/SwRI) 

Les noms des lieux sur Charon sont encore non officiels. La calotte de glace nordique est ainsi désignée Mordor Macula, contenant probablement des hydrocarbures, des tholins formés par le réchauffement de méthane et d’azote avec un rayonnement ultraviolet. Il reste encore a déterminé si ces tholins pourraient être capturées par de la glace sublimée s’échappant de Pluton, ou s’ils émergent de l’intérieur de la lune. Curieusement, des notes de cette même couleur rougeâtre sont visibles autour de l’équateur.

Le canyon, officieusement baptisé Serenity Vallis, s’étend sur au moins 1 600 kilomètres à travers l’une des faces de Charon; il est probable qu’il en fasse le tour.

Selon John Spencer expert en géologie et en géophysique pour l’équipe d’imagerie de la mission :

Il semble que l’ensemble de la croûte de Charon a été fendu. En ce qui concerne sa taille par rapport à Charon, cette caractéristique est un peu comme le vaste système de canyons de Valles Marineris sur Mars.

Les plaines directement au sud du canyon, désignées Vulcan Planum, sont moins cratérisée que les régions plus au nord. L’aspect lisse associé à des sillons et de légères crêtes indiquent que la lune, comme Pluton, est active et a eu des épisodes de resurfaçage à grande échelle dans un passé pas si lointain. Bien que cela soit très spéculatif, Paul Schenk de l’équipe New Horizons a suggéré que cela pourrait être dû à un cryovolcanisme :

L’équipe discute de la possibilité qu’un océan d’eau interne, qui aurait gelé il y a longtemps  et que le changement de volume en résultant aurait pu conduire à la fissuration ouverte de Charon, permettant à de la lave à base d’eau d’atteindre la surface à ce moment-là.

Charon (à gauche) et Pluton (à droite) aux couleurs étendues, ajustées pour permettre une comparaison directe des propriétés de surface. Les tailles relatives sont à l’échelle, mais pas la distance les séparant. (NASA / JHUAPL / SwRI)

Le premier survol officiel de Charon (ci-dessous) commence avec le Mordor Macula, la région polaire sombre, pour se déplacer vers le sud du système de fossé massif. Il descend d’une altitude de 1 800 kilomètres à seulement 60 kilomètres pour s’élancer à travers les canyons avant de tourner vers le sud pou rencontrer une étrange montagne entourée de douves, le Kubrick Mons.

Le meilleur reste à venir! La sonde New Horizons nous envoie encore actuellement ses données et ceci jusqu’à l’automne 2016. Des images en plus haute résolution de la surface de Charon sont toujours à bord de la sonde qui se dirige vers la ceinture d’astéroïdes, donc nous devrions en profiter dans les mois à venir.

Sur le site de la NASA :Pluto’s Big Moon Charon Reveals a Colorful and Violent History.