5 ans plus tard, la sonde Juno est enfin rentrée dans l’orbite de Jupiter
Jupiter est un peu moins seule depuis hier, depuis que la sonde Juno de la NASA l’a rejoint après un voyage de cinq ans couronné par une manœuvre spectaculaire. Le Deep Space Network (DSN)* de l’agence spatiale, un réseau de 3 stations terrestres de communications avec l’espace lointain, a confirmé que le vaisseau spatial sans pilote a initié avec succès sa manoeuvre de correction de trajectoire d’une durée de 35 minutes ce qui l’a placé en orbite autour de la plus grande planète du système solaire pour une mission scientifique de 20 mois.
*Pour vérifier que le DSN réceptionne et transmet des données vers Juno.
Nommé d’après la déesse romaine, soeur et épouse de Jupiter (Junon), Juno est le premier vaisseau spatial fonctionnant à l’énergie solaire envoyé dans le système solaire externe, le deuxième à être placé en orbite autour de Jupiter et le premier à avoir une orbite traversant ses pôles. Avec ses panneaux solaires géants, la sonde Juno est à peu près aussi grande qu’un terrain de basket et elle dispose d’un dôme en titane spécialement conçu pour protéger son avionique des radiations intenses de Jupiter.
Lors de son périple, la sonde Juno a capturé une séquece (ci-dessous) de Jupiter et les quatre lunes galiléennes : Callisto, Ganymède, Europe et Io avant que sa caméra et instrument scientifique, la JunoCam, soit éteinte le 30 juin pour préparer le vaisseau spatial à son audacieuse insertion dans l’orbite de la géante gazeuse.
Selon la NASA, la trajectoire finale de Juno dans l’orbite de Jupiter a commencé il y a environ quatre jours lorsque la sonde a reçu ses dernières mises à jour et s’est reconfigurée pour activer son moteur. Tous les instruments scientifiques ont été sous-alimentés et certains des systèmes de l’ordinateur de bord pour la détection de défaut ont été déconnectés pour éviter toute interférence avec la manœuvre. L’ordinateur a même été configuré pour exécuter une procédure de redémarrage rapide, en cas de problème, pour éviter d’interrompre la bonne marche du moteur.
Deux heures avant la propulsion, la sonde se détourna du Soleil pour positionner son moteur principal dans le bon angle. Une demi-heure avant l’allumage du moteur, le véhicule spatial a stabilisé son attitude et a augmenté sa rotation de deux à cinq tours par minute.
Représentation de l’arrivée de Juno dans l’orbite de Jupiter (JPL) :
Comme Jupiter est à 869 millions km d’ici, il faut 48 minutes et 19 secondes pour qu’un signal atteigne la Terre, de sorte que la manœuvre de correction de trajectoire a été entièrement réalisée en mode autonome. Les contrôleurs de la mission, au Jet Propulsion Laboratory de la NASA, ont suivi le vol et ont pu constater que Juno avait terminé sa propulsion, qu’elle a ensuite coupé son moteur principal, réduit sa rotation à deux tours par minute et qu’elle a redirigé ses panneaux vers le Soleil.
Environ 58 minutes après le début de la manœuvre, Juno a repris ses transmissions avec la Terre. L’orbiteur est programmé pour réactiver ses instruments scientifiques dans environ deux jours.
Juno a décollé de Cap Canaveral, en Floride, au sommet d’une fusée Atlas / Centaur, le 5 août 2011. Elle a atteint Jupiter près de cinq ans plus tard, après avoir profité d’un effet de fronde gravitationnelle en survolant la Terre en 2013 pour augmenter sa vitesse afin de correspondre avec les orbites de Jupiter, ce qui au total donne une distance parcourue de 2 800 000 000 km.
la sonde Juno s’est servie de la Terre comme d’une fronde gravitationnelle :
La mission Juno est chargée de renvoyer des images dans la plus haute résolution de Jupiter avec un accent particulier sur les régions polaires. Elle va chercher des indices quant à la formation de la géante, de déterminer sa structure profonde et d’étudier ses champs magnétiques et ses énormes aurores polaires.
Actuellement, Juno est dirigé sur une orbite temporaire de 53,5 jours pour économiser du carburant. Une prochaine propulsion, en octobre, déplacera l’orbiteur dans une très excentrique orbite de 14 jours qui l’amènera à 4200 km des sommets des nuages de Jupiter. Sa mission scientifique se poursuivra pendant environ 20 mois, après quoi le rayonnement local aura eu raison de l’avionique de Juno. Le 20 février 2018, elle fera une plongée contrôlée dans l’atmosphère jovienne, où elle brûlera pour éviter la contamination biologique des lunes de Jupiter.
Bien évidemment, votre Guru suivra cette mission de très près, dans cette période de disette scientifique que sont les vacances d’été.
Sur le site de la NASA : NASA’s Juno Spacecraft in Orbit Around Mighty Jupiter.
« pour éviter la contamination biologique des lunes de Jupiter. »
Je ne comprends pas.
La sonde s’écrasera sur Jupiter ou une de ses lunes ?
Pourquoi ne faut il pas contaminer biologiquement les lieux ?
Nous aurions peur de semer la vie hors de la Terre ?
Sur Jupiter, là où aucune vie ne devrait normalement subsister, à la différence de ses lunes qui n’ont peut-être pas les conditions idéales à la prolifération microbienne, mais on ne sait jamais…
Pour la suite, bonne lecture : https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_l%27espace
Bonsoir,
Contaminer un monde stérile serait très con pour la science, et pour notre compréhension de la vie dans l’univers, mais ce ne serait pas encore trop grave. Dans le pire des cas, on croira découvrir de la vie extraterrestre. Ce sera débile, ça induira l’astrobiologie en erreur, mais moralement, ça va.
Le soucis, c’est qu’on ne peut pas avoir de certitude absolue sur la stérilité de tel ou tel corps dans l’espace. Le principe de précaution prévaut donc, car notre vie microbienne terrestre pourrait anéantir une vie extraterrestre authentique (chose qui est fréquemment observée sur Terre avec ce qu’on appelle les espèces invasives). Une telle catastrophe serait non seulement criminelle pour la science et la recherche, mais aussi moralement inacceptable. Car cette vie extraterrestre, si tant est qu’elle existe, a autant le droit de vivre que nous.
C’est pour limiter ce risque au maximum que la sonde sera envoyé s’écraser sur Jupiter, corps du coin le moins succeptible d’abriter de la vie d’après nos connaissances actuelles. Mais note bien que même ça, dans l’absolu, on ne peut pas en être sûr à 100%.
PS : Ce n’est pas une problèmatique propre à l’espace. On la rencontre aussi sur Terre, à chaque fois qu’il s’agit de pénétrer un écosystème isolé comme les grottes et les lacs souterrains.