Une importante éruption stellaire aura eu raison de nos espoirs d’une vie sur l’exoplanète Proxima b
Quand elle fut découverte en 2016, Proxima b apparaissait comme l’endroit idéal pour traquer la vie extraterrestre. À seulement 4 années-lumière, cette exoplanète terrestre est en orbite autour de la zone habitable de son étoile naine rouge, Proxima Centauri, propice pour la présence d’eau liquide et, par extension, pour la vie qui pourrait exister à sa surface. Malheureusement, des études plus récentes ont dépeint un tableau plus sombre, et maintenant le dernier clou dans le cercueil pourrait être une énorme éruption stellaire détectée l’année dernière, qui aurait grillé la surface de la planète.
Image d’entête : représentation artistique d’une éruption stellaire de Proxima Centauri. (Roberto Molar Candanosa/ Carnegie Institution/ NASA/ SDO/ JPL)
Traditionnellement, la zone habitable est définie comme la région autour d’une étoile où les températures sont bonnes pour que de l’eau liquide se forme à la surface. Avec les plus grandes chances de conditions relativement semblables à la Terre, les planètes à l’intérieur de ces zones sont les meilleurs endroits pour commencer à chercher une potentielle vie extraterrestre.
Puisque les naines rouges sont des étoiles plus petites et plus froides que le Soleil, leur zone habitable est beaucoup plus proche d’elles, ce qui engendre certains problèmes. Les naines rouges sont plus actives, ce qui signifie qu’elles bombarderaient des planètes en orbite rapprochées avec des rayons X et des radiations ultraviolettes, détruisant toute atmosphère qu’elles pourraient avoir autrement.
La nouvelle étude soulève plus de doutes sur l’habitabilité déjà contestable de Proxima b. L’équipe a examiné les données recueillies l’an dernier par l’Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA) et elle a constaté que le 24 mars 2017, Proxima Centauri a diffusé une énorme éruption stellaire. À son apogée, l’éruption était 1000 fois plus brillante que l’étoile l’est normalement et 10 fois plus lumineuse que les plus grandes éruptions dont notre Soleil est capable. Étant si près d’un tel évènement, Proxima b a peut-être été frappé avec 4000 fois plus de radiations que les éruptions solaires infligées à la Terre, qui est protégée par son champ magnétique.
Un graphique présentant la luminosité de l’éruption de Proxima Centauri au fil du temps (Carnegie Science)
Selon Meredith MacGregor, responsable de l’étude :
Il est probable que Proxima b a été soufflée par des radiations à haute énergie pendant cette éruption. Au cours des milliards d’années qui se sont écoulées depuis la création de Proxima b, des éruptions comme celle-ci auraient pu évaporer toute atmosphère ou océan et stériliser la surface, suggérant que l’habitabilité peut impliquer plus que d’être à la bonne distance de son étoile hôte pour avoir de l’eau liquide.
Bien que cela ressemble à un événement que cette énergie aurait rendu facilement repérable, une précédente étude a interprété les données d’une autre manière. En prenant la luminosité moyenne de l’étoile et de l’éruption stellaire, cette équipe a rapporté que Proxima Centauri était entourée d’un ou de plusieurs grands anneaux de poussière froide, comme la ceinture de Kuiper dans notre système solaire.
Au lieu de prendre la moyenne, la nouvelle étude a regardé les données en fonction du temps, leur permettant de repérer le pic soudain de l’émission.
Selon Alycia Weinberger, coauteur de l’étude :
Il n’y a maintenant aucune raison de penser qu’il y a une quantité substantielle de poussière autour de Proxima Cen. Il n’y a pas encore d’informations qui indiquent que l’étoile a un système planétaire riche comme le nôtre.
L’étude publiée dans The Astrophysical Journal Letters : Detection of a Millimeter Flare From Proxima Centauri et présentée sur le site de la Carnegie Institution : Proxima Centauri’s no good, very bad day: Flare illuminates lack of a dust ring; puts habitability of Proxima b in question.