Une nouvelle espèce de tardigrade découverte dans un parking japonais
Ce sont les organismes les plus étranges connus de la science : des créatures immortelles de 0,5 millimètre de long qui peuvent être congelé, bouilli, affamé, déshydraté/ desséché, soumis à d’intenses radiations ou même jeter dans le vide de l’espace et s’y reproduire…. Les tardigrades n’ont que faire de la fin du monde.
Récemment, des scientifiques ont découvert une toute nouvelle espèce vivante dans la mousse sur la surface de béton d’un parking japonais.
Le bioscientifique Kazuharu Arakawa de l’université Keio louait un appartement dans la ville de Tsuruoka lorsqu’il a prélevé un échantillon de mousse dans le parking du bâtiment pour l’analyser.
Les tardigrades, ou oursons d’eau, vivent habituellement dans les mousses, les lichens et les feuilles mortes, il y avait donc une chance qu’il puisse en trouver. Et effectivement un examen en laboratoire a révélé 10 microscopiques métazoaires vivant dans l’échantillon, qui ont été extraits et mis en culture en cinq paires distinctes.
Une analyse microscopique et génomique ultérieure confirma que c’était une nouvelle espèce de tardigrade, le Macrobiotus shonaicus, appartenant au groupe Macrobiotus hufelandi.
Comme pour l’image d’entête, à partir de l’étude, le Macrobiotus shonaicus au microscope électronique. (Daniel Stec et Col.)
Ce qui différencie le M. shonaicus de ses congénères, ce sont ses œufs qui ont une surface solide et des filaments souples qui dépassent vers l’extérieur, semblables à ceux de deux autres espèces récemment décrites, M. paulinae d’Afrique et M. polypiformis d’Amérique du Sud.
Les œufs du M. shonaicus et leur surface sous l’œil d’un microscope électronique. (Daniel Stec et Col.)
M. shonaicus est en fait la 168ème espèce de tardigrade identifiée au Japon, parmi les plus de 1200 espèces reconnues dans le phylum tardigrada.
Quelque chose d’autre distingue le M. shonaicus, son régime alimentaire. Les chercheurs ont nourri les organismes avec des algues, mais la plupart des espèces de Macrobiotidae sont carnivores, se nourrissant de rotifères.
La “bouche” du du M. shonaicus. (Daniel Stec et Col.)
Il y a également son sexe, selon Arakawa :
Le M. shonaicus a deux sexes, où d’autres tardigrades qui sont cultivables en laboratoires ont été la plupart du temps parthénogénétique (les femelles se reproduisent par elles-mêmes sans population masculine). C’est donc un modèle idéal pour étudier les mécanismes de reproduction sexuée et le comportement des tardigrades.
Pour le chercheur, ce qui nous fascine vraiment, c’est leur étonnante capacité physiologique à vaincre l’adversité environnementale, peut-être même la mort.
Toujours selon Arakawa :
La principale fascination est évidemment la cryptobiose. Si vous cherchez une définition de la » vie », elle contiendra probablement quelque chose sur la reproduction et sur la réalisation de réactions biochimiques dirigées vers cet objectif, essentiellement, la vie a un métabolisme.
Mais le tardigrade peut perdre toute l’eau de son corps quand l’environnement s’assèche, et dans cet état anhydrobiotique, un tardigrade ne réalise aucune biochimie et n’a aucun métabolisme. Pourtant, ils reviennent rapidement à la vie après une réhydratation, ce qui remet en question la compréhension actuelle de la vie et de la mort.
L’étude publiée dans PLOS ONE : An integrative description of Macrobiotus shonaicus sp. nov. (Tardigrada: Macrobiotidae) from Japan with notes on its phylogenetic position within the hufelandi group.