Des troubles mentaux tels que l’autisme liés à diverses infections durant la grossesse
Une nouvelle étude portant sur près de 1,8 million d’enfants en Suède a révélé que les risques d’autisme et de dépression sont beaucoup plus élevés si la mère a été hospitalisée pour une infection pendant sa grossesse.
Les résultats s’appuient sur une idée naissante, mais prometteuse, selon laquelle des infections spécifiques, contractées pendant la grossesse, peuvent nuire au développement du cerveau, augmentant le risque de troubles psychiatriques plus tard dans la vie, comme le trouble bipolaire, la schizophrénie, la dépression et l’autisme.
Cette nouvelle étude, cependant, dépeint un tableau beaucoup plus large. Au lieu de mettre en cause une ou deux mauvaises infections en particulier, les chercheurs ont constaté que les résultats restaient les mêmes, que l’hospitalisation soit due ou non à des infections graves, comme la grippe, la méningite et la pneumonie, ou à des infections urinaires plus bénignes.
En d’autres termes, ce n’est pas nécessairement un virus spécifique, mais l’infection en général qui semble engendrer ces problèmes, et cela semble être le cas même lorsque l’affection ne peut atteindre le cerveau de l’enfant à naitre.
Selon Verena Sengpiel, spécialiste en obstétrique et gynécologie à l’université de Göteborg (Suède) :
Les résultats indiquent qu’il peut être nécessaire de se prémunir contre les infections pendant la grossesse et de les prévenir autant que possible, par exemple en suivant les recommandations de vaccination contre la grippe.
En se basant sur les données du registre des naissances médicales de près de 1,8 million d’enfants nés en Suède entre 1973 et 2014, les chercheurs ont calculé le nombre de mères hospitalisées pour une infection pendant leur grossesse respective. Les chercheurs ont ensuite suivi ces enfants et leur santé mentale dans le registre des patients hospitalisés jusqu’en 2014, lorsque les plus âgés avaient 41 ans.
L’analyse statistique des données a révélé un lien inquiétant entre la santé mentale de l’enfant et le système immunitaire de sa mère.
Bien que l’étude n’ait pas révélé de risque accru de schizophrénie ou de trouble bipolaire, les auteurs ont constaté que lorsqu’une femme enceinte se rend à l’hôpital pour une infection, son enfant est plus susceptible d’être diagnostiqué pour dépression et autisme plus tard dans sa vie.
En fait, chez ces enfants, ce risque accru était de 79 % pour l’autisme et de 24 % pour la dépression.
Selon les chercheurs :
Dans l’ensemble, nous avons trouvé des preuves que l’exposition à l’infection maternelle pendant la vie fœtale augmentait le risque d’autisme et peut-être de dépression chez l’enfant.
Bien que le risque individuel semble faible, les effets sur la population sont potentiellement importants.
Aussi fascinante qu’elle soit, l’étude n’est qu’observationnelle et ne peut donc pas nous renseigner précisément sur le comment une infection maternelle aurait un impact sur le développement du cerveau de l’enfant. Néanmoins, des études récentes sur des animaux ont suggéré que ces infections pourraient causer une réaction inflammatoire dans le système nerveux, altérant l’expression génétique dans le cerveau et modifiant sa structure.
Le fait est que bon nombre de ces études font également état d’une multitude de facteurs génétiques qui rentre en jeu, de sorte que la réponse à ce casse-tête pourrait être très complexe.
Toujours selon les chercheurs :
Nos résultats ne peuvent exclure la possibilité d’un risque accru de troubles psychopathologiques à la suite d’un double « hit » : une lésion cérébrale fœtale inflammatoire sur un fond de susceptibilité génétique.
D’autres recherches seront nécessaires pour renseigner avec certitude de ce qui se passe. En attendant, la meilleure chose qu’une mère enceinte puisse faire est de rester en bonne santé et de suivre les meilleurs conseils médicaux qui soient, se faire vacciner est un bon début.
Cette étude a été publiée dans JAMA Psychiatry : Long-term Risk of Neuropsychiatric Disease After Exposure to Infection In Utero et présentée sur le site de l’université de Göteborg : Child’s elevated mental ill-health risk if mother treated for infection during pregnancy.