Le sperme des abeilles aveugle temporairement les reines pour qu’elles n’aillent pas voir ailleurs…
Bien que les abeilles puissent vivre des années, leur période d’accouplement est brève, de sorte que les abeilles mâles utilisent une version abeille du Flunitrazépam (ou Rohypnol) pour améliorer leurs chances de devenir le père le plus heureux. Ils injectent des toxines qui limitent la vision pendant les rapports sexuels et qui engendrent une cécité temporaire chez les femelles les empêchant de s’envoler vers d’autres mâles.
Image d’entête : reine des abeilles marquées entourées de ses prétendants. (Barbara Baer-Imhoff/ Université de Californie à Riverside)
Les toxines identifiées dans une nouvelle étude sont des protéines contenues dans le liquide séminal des abeilles mâles qui aident à conserver le sperme. Toutes les abeilles fabriquent ces protéines, bien que certaines en fabriquent plus que d’autres, et les toxines du liquide séminal d’abeille mellifère peuvent non seulement tuer le sperme de leurs rivaux, mais elles peuvent apparemment aussi causer une cécité temporaire.
A la base de l’étude, Boris Baer, professeur d’entomologie à l’université de Californie à Riverside, a noté que si les reines de bourdons ne recevaient que le liquide et non le sperme pendant l’insémination, elles cessaient de se reproduire et se montraient plus agressives envers les mâles. Il voulait comprendre pourquoi.
Les reines peuvent s’accoupler avec jusqu’à 90 mâles au cours d’un seul vol d’accouplement de courte durée. (Markus Imhoff / UCR)
Si les mâles voulaient s’assurer que leur progéniture l’emporterait, il suffirait de l’empêcher de voler pour y parvenir. Si elle ne peut pas voir, elle ne peut pas voler. Cela ressemble à une évolution, mais tout est possible. Il y a environ 10 ans, Baer et ses collègues ont commencé à analyser les protéines que l’on pouvait trouver dans le liquide des abeilles.
Selon Boris Baer :
Nous avons trouvé au moins 300 de ces’ James Bonds’, de petits agents secrets avec des missions spécifiques.
Il ne fut pas extraordinaire de trouver une protéine qui attaque le sperme d’autres mâles, comme c’est le cas chez d’autres insectes, mais le sujet d’intérêt était la protéine qui affecte les gènes responsables de la vision dans le cerveau de la reine.
Pour vérifier si la protéine avait cet effet, l’équipe de Baer a présenté aux reines inséminées une lumière clignotante et il a mesuré sa réponse au moyen de minuscules électrodes dans son cerveau. La vision et les effets d’altération du vol correspondants entrent en jeu en quelques heures, mais Baer note que cela est probablement réversible avec le temps, car les reines ont tendance à de nouveau voler plus tard dans leur vie quand elles établissent de nouvelles colonies.
L’étude publiée dans le journal eLife : Seminal fluid compromises visual perception in honeybee queens reducing their survival during additional mating flights et présentée sur le site de l’université de Californie à Riverside : Buzzkill?