Une nouvelle méthode de stimulation magnétique du cerveau promet de traiter les cas de sévère dépression
Des chercheurs de l’école de médecine de l’université Stanford (États-Unis) affirment avoir optimisé une technique de stimulation magnétique cérébrale non invasive, une forme déjà approuvée par l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA), pour mieux traiter les personnes souffrant de dépression grave et résistante aux traitements. Une petite étude préliminaire a permis d’obtenir un taux de rémission extraordinaire de 90 %, et des essais plus importants sont actuellement en cours.
En 2008, la Food and Drug Administration (FDA) américaine a approuvé le premier dispositif de stimulation magnétique du cerveau pour traiter les troubles dépressifs majeurs. Appelé stimulation magnétique transcrânienne répétitive (SMTr), ce traitement consiste à appliquer des impulsions magnétiques non invasives à des régions spécifiques du cerveau.
En général, la SMTr n’a été que légèrement supérieure au placebo pour ce qui est de l’amélioration des symptômes de la dépression lors des tests, de sorte que ses utilisations cliniques ont été limitées aux cas graves de dépression résistante au traitement, lorsque toutes les autres options ont échoué.
La nouvelle étude de Stanford teste une nouvelle forme de ce traitement, appelée Stanford Accelerated Intelligent Neuromodulation Therapy (SAINT).
Selon l’auteur principal de la nouvelle étude, Nolan Williams :
Il n’y a jamais eu de thérapie pour la dépression résistante au traitement qui ait obtenu un taux de rémission de 55 % lors de tests ouverts. La thérapie électroconvulsive est considérée comme la référence, mais elle n’a qu’un taux de rémission moyen de 48 % pour la dépression résistante au traitement. Personne ne s’attendait à ce genre de résultats.
La nouvelle technique SAINT modifie de plusieurs manières essentielles le traitement traditionnel par SMTr. Les précédents traitements par SMTr génèrent environ 600 impulsions magnétiques par session, alors que la technique SAINT triple cette dose pour atteindre 1 800 impulsions par session.
L’équipe de Stanford a également apporté des modifications importantes au programme de traitement. Au lieu d’une séance par jour pendant 6 semaines, la nouvelle méthode est plus agressive, administrant 10 séances par jour, d’une durée de 10 minutes par séance. La plupart des sujets testés ont fait état de résultats positifs après seulement trois jours.
Deirdre Lehman, qui souffrait de dépression, avec Nolan Williams, qui a supervisé l’essai clinique de la thérapie potentiel qui utilise la stimulation magnétique transcrânienne. (Steve Fisch/ Stanford)
L’autre amélioration suggérée par la recherche de Stanford est un ciblage plus précis des impulsions magnétiques. Pour traiter la dépression, la technique de SMTr cible généralement le cortex préfrontal dorsolatéral. La nouvelle technique SAINT vise la stimulation d’une sous-région très spécifique du cortex préfrontal dorsolatéral, proche du Subgenual cingulate (Aire 25 de Brodmann). Chaque patient est scanné individuellement à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique afin de personnaliser le ciblage, car chaque cerveau est unique.
L’étude préliminaire a permis de tester la technique SAINT sur 21 sujets, tous souffrant de dépression sévère avec des idées suicidaires. Les 21 sujets avaient tous essayé, sans en tirer profit, des médicaments antidépresseurs, une thérapie électroconvulsive et la technique actuelle de SMTr approuvée par la FDA.
Après 5 jours de traitement SAINT, 19 des sujets ne se sont pas déclarés cliniquement dépressifs selon plusieurs tests de diagnostic traditionnels. Les 21 sujets n’ont pas déclaré avoir eu de pensées suicidaires après le traitement, et un mois après le traitement, 60 % des sujets étaient toujours en rémission.
Deirdre Lehman, l’une des sujets de l’étude (image ci-dessus), déclare qu’après seulement une journée de traitement SAINT, le bavardage constant dans son cerveau s’était calmé.
Selon Lehman :
Au troisième tour, le bavardage a commencé à s’atténuer. A l’heure du déjeuner, je pouvais regarder mon mari dans les yeux. A chaque séance, le bavardage diminuait jusqu’à ce qu’il soit complètement silencieux. C’était la plus grande paix qu’il y ait eu dans mon cerveau depuis que j’ai 16 ans et que j’ai commencé à souffrir de troubles bipolaires.
Bien sûr, il est important de noter qu’il s’agit d’une petite étude préliminaire sans contrôle placebo ni aveuglement. Un essai plus important, en double aveugle, est déjà en cours. Il faut donc espérer qu’il y aura bientôt de meilleures données pour comprendre l’efficacité de ce nouveau type de traitement par SMTr.
L’étude publiée dans l’American Journal of Psychiatry : Stanford Accelerated Intelligent Neuromodulation Therapy for Treatment-Resistant Depression et présentée sur le site du Stanford Medicine : Stanford researchers devise treatment that relieved depression in 90% of participants in small study.