Boite vocale en évolution : le larynx des primates évolue beaucoup plus vite que celui des autres mammifères
Le Guru revient sur certaines actualités scientifiques de la semaine alors qu’il était en pause. Durant son absence, un petit problème de connexion indépendant de sa volonté l’a empêché de modérer les commentaires, ce qui est désormais réalisé… encore désolé !
Le larynx est sensiblement plus grand par rapport à la taille du corps chez les primates que chez les autres mammifères et présente également une plus grande variation, selon une nouvelle étude.
C’est important car la « boîte vocale », le larynx, est considérée comme un domaine clé de l’évolution, en particulier chez les espèces dont les systèmes de communication vocale sont très développés. Ses autres fonctions principales sont la protection des voies respiratoires pendant l’alimentation et la régulation de l’apport d’air aux poumons.
Dans leur étude, une équipe composée de chercheurs de l’université Anglia Ruskin, au Royaume-Uni, de l’université de Stanford, aux États-Unis, et de l’université de Vienne, en Autriche, a effectué des tomodensitogrammes (scanner) sur des spécimens de 55 espèces de primates et de carnivores différentes.
Pour les primates, cela allait d’un ouistiti pygmée (Cebuella pygmaea), pesant seulement 110 grammes, à un gorille de l’Ouest (Gorilla gorilla) pesant environ 120 kilogrammes. Le groupe des carnivores était composé d’une mangouste naine commune (Helogale parvula) de 280 grammes et d’un tigre (Panthera tigris) de 180 kilogrammes.
A partir des scanners, l’équipe a ensuite produit des modèles informatiques 3D des larynx, qui ont été analysés en même temps que des mesures détaillées, notamment la longueur et la masse du corps.
A partir de l’étude : crâne et larynx de gorille. (Jacob Dunn/ Université Anglia Ruskin)
Ils ont constaté que, pour une longueur de corps donnée, les larynx de primates sont en moyenne 38% plus grands que ceux des carnivores, et que le rythme d’évolution du larynx est plus rapide chez ces espèces.
A partir de l’étude : comparaison du larynx d’un renard roux avec celui d’un Siamang. (Daniel L. Bowling et coll./ PLOS Biology)
Il y a également une plus grande variation de la taille du larynx par rapport à la taille du corps chez les primates, ce qui indique que ces derniers ont une plus grande flexibilité pour évoluer de différentes manières. Les carnivores ont un rapport taille du larynx/ taille corporelle plus fixe.
La taille du larynx s’est également avérée être un bon prédicteur de la fréquence d’appel d’une espèce, ce qui démontre de la pertinence des variations de taille observées pour la communication vocale.
Selon Daniel Bowling de l’université Stanford, coauteur de l’étude :
Notre étude… montre que les différences de taille du larynx prédisent les changements de hauteur de la voix, ce qui met en évidence son rôle très important dans la communication vocale. Ceci est démontré par les appels riches et variés produits par de nombreuses espèces de primates.
Les résultats impliquent des différences fondamentales entre les primates et les carnivores dans les forces qui limitent la taille du larynx, ainsi que la mise en évidence d’une flexibilité évolutive chez les primates qui peut aider à expliquer pourquoi ils ont développé des utilisations complexes et diverses de l’organe vocal pour la communication.
L’étude publiée dans PLOS Biology : Rapid evolution of the primate larynx? et présentée sur le site de l’Université Anglia Ruskin : Primate voice boxes are evolving at rapid pace.