Des simulations montrent qu’il est impossible que Vénus ait pu héberger des océans
De nouvelles recherches ont révélé que Vénus était peut-être trop chaude pour former des océans à sa surface.
Image d’entête : “Vénus, il y a 4 153 017 578 d’année. Possibilité de pluie : 0%”, dans cette représentation artistique de vénus et d’un mystérieux visiteur, il y a donc 4 milliards d’années. (Manchu)
À bien des égards, notre planète voisine est très semblable à la Terre. C’est une planète rocheuse de la même taille, qui possède une atmosphère et de l’eau. Mais son atmosphère est épaisse et principalement composée de dioxyde de carbone, avec des nuages d’acide sulfurique, et sa pression et sa température de surface sont extrêmes.
Cependant, il se peut que cela n’ait pas toujours été le cas. De précédentes études ont suggéré que la planète aurait pu être autrefois un endroit beaucoup plus hospitalier. Au cours de la prochaine décennie, l’ESA et la NASA enverront trois missions vers Vénus dans l’espoir de vérifier si cela est vrai et, en particulier, de déterminer si la planète a abrité d’anciens océans.
Vénus est, à bien des égards, la planète qui ressemble le plus à la Terre dans le système solaire. Avec une masse et un rayon comparables, elle peut avoir été humide, détrempée et aussi favorable à la vie que la Terre l’est depuis des centaines de millions, voire des milliards d’années. Aujourd’hui, son atmosphère épaisse et riche en acide sulfurique rend sa surface inhospitalière, mais offre un large potentiel de réactions chimiques. (Arie Wilson Passwaters/ Université Rice)
Mais une nouvelle recherche publiée cette semaine (lien plus bas) suggère que ce n’est pas le cas. L’équipe a utilisé des modèles 3D de l’atmosphère, semblables à ceux qui sont actuellement utilisés pour étudier le climat de la Terre, pour remonter le temps et voir comment les conditions ont évolué.
Selon Martin Turbet, auteur principal de l’étude, de l’Université de Genève (UNIGE) et du Pôle de recherche national (PRN) en Suisse :
Nous avons simulé le climat de la Terre et de Vénus au tout début de leur évolution, il y a plus de 4 milliards d’années, lorsque la surface des planètes était encore en fusion.
Il s’avère que la planète était d’une chaleur prohibitive.
Les températures élevées associées signifiaient que toute eau aurait été présente sous forme de vapeur, comme dans une gigantesque cocotte-minute.
Une image améliorée des nuages recouvrant Vénus, obtenue par la sonde Mariner 10 de la NASA en 1974. (NASA/ JPL-Caltech)
En fait, les conditions climatiques sur Vénus n’auraient pas permis à la vapeur d’eau de se condenser dans l’atmosphère. En d’autres termes, les températures n’étaient jamais assez basses pour que des gouttes de pluie se forment et tombent, et il faut des milliers d’années de pluie pour former un océan. Le modèle a pris en compte le fait que le soleil naissant était 30 % plus faible qu’aujourd’hui, mais il a déterminé que cela n’aurait toujours pas suffisamment refroidi Vénus.
Selon Turbet :
L’une des principales raisons de ce réchauffement est la présence de nuages qui se forment de préférence sur la face nocturne de la planète. Ces nuages provoquent un effet de serre très puissant qui a empêché Vénus de se refroidir aussi rapidement qu’on le pensait auparavant.
Les simulations ont en outre montré que si la Terre était juste un peu plus proche du Soleil (ou si le Soleil avait brillé un peu plus fort), elle aurait pu suivre la même voie que Vénus.
Selon le coauteur David Ehrenreich, également de l’UNIGE et du PRN :
Nos résultats sont basés sur des modèles théoriques et constituent un élément de base important pour répondre à la question de l’histoire de Vénus. Mais ce n’est pas sur nos ordinateurs que nous pourrons trancher définitivement la question. Les observations des trois futures missions spatiales vénusiennes seront essentielles pour confirmer, ou infirmer, nos travaux.
L’étude publiée dans Nature : Day–night cloud asymmetry prevents early oceans on Venus but not on Earth et présentée sur le site de l’UNIGE : Y a-t-il eu des océans sur Vénus, la soeur jumelle de la Terre?