Cette petite souris épineuse dispose de capacités de régénération physique à la Wolverine
Les souris épineuses sont un groupe de rongeurs à la queue couverte d’écailles. Leur pelage comporte des poils protecteurs rigides semblables aux épines d’un hérisson, d’où le nom de souris « épineuses ».
Image d’entête : souris épineuse de l’Est (Acomys dimidiatus). (Marcel Burkhard/ Wikimedia)
Ells sont aussi connues pour leur capacité à guérir de graves blessures cutanées sans même laisser de cicatrice. Dans une nouvelle étude, des chercheurs ont voulu voir si leurs capacités de régénération s’étendaient également à d’autres organes.
L’étude n’a pas été facile à mettre en place. Les chercheurs ont dû constituer une colonie de souris épineuses au Seattle Children’s Research Institute de l’université de Washington. Mais grâce au financement initial de la Fondation W. M. Keck, les chercheurs ont pu se lancer.
Ils ont exposé des souris épineuses à des conditions qui entraînent de graves lésions rénales chez d’autres types de souris (non épineuses). Les chercheurs ont constaté que si, au départ, ces dernières subissaient les mêmes lésions que leurs homologues, elles étaient capables de se régénérer complètement et ne présentaient aucun signe de fibrose (ou cicatrisation).
C’est la première fois que ce type de capacité de régénération est démontré chez un mammifère et cela pourrait avoir de grandes implications pour la recherche humaine.
Les chercheurs ont comparé les gènes que les souris épineuses expriment dans le processus de guérison, par rapport aux gènes des souris « ordinaires », qui n’ont pas la capacité de se régénérer. Ils ont trouvé des différences dans 843 gènes répartis en six groupes. C’est probablement ici que la « magie » opère.
L’étude a également révélé une réaction retardée des macrophages, des cellules spécialisées impliquées dans la détection et la destruction des agents pathogènes. Ces macrophages sont connus pour jouer un rôle dans la fibrose. En fait, les souris retardent une réponse immunitaire pour éviter la cicatrisation.
Selon Mark W. Majesky du Seattle Children’s Research Institute et coauteur de l’étude :
Lorsque nous avons examiné de plus près l’expression des gènes dans ces expériences, nous avons constaté que le génome de la souris épineuse semble être prêt à initier une réponse de cicatrisation régénérative au moment de la blessure de l’organe. En revanche, les souris de laboratoire déclenchent une réponse pro-inflammatoire qui conduit à l’activation des cellules interstitielles, à une fibrose étendue de l’organe et à la perte de sa fonction.
Le résumé graphique de l’étude. (Daryl M. Okamura et col./ iScience)
Des millions de personnes dans le monde sont touchées par des problèmes rénaux. La plupart de ces patients souffrent d’une fibrose rénale progressive conduisant à l’insuffisance rénale.
Toujours selon Majesky :
Le fardeau sanitaire mondial que représente la perte de la fonction d’un organe vital due à la fibrose tissulaire progressive est énorme. Très peu d’options thérapeutiques sont actuellement disponibles pour les patients atteints d’insuffisance rénale terminale ou de maladies fibrotiques dégénératives similaires du cœur, des poumons, du foie ou des organes reproducteurs. Notre groupe a adopté une approche différente de ce problème et s’est tourné vers la nature pour trouver des indices susceptibles de mener à de nouvelles thérapies.
Lorsqu’ils ont découvert la capacité des souris épineuses à régénérer les lésions cutanées sans laisser de cicatrices, Majesky et ses collègues ont immédiatement voulu voir si cette capacité s’étendait à d’autres organes.
Nos premières expériences ont été conçues pour tester la possibilité que la cicatrisation sans cicatrice puisse s’étendre aux organes vitaux internes, tels que le rein.
Si les chercheurs parviennent à comprendre les mécanismes par lesquels les souris parviennent à se régénérer, ils pourront peut-être reproduire ce phénomène chez l’humain. Bien que cela soit encore éloigné, pour l’instant, c’est une piste qui mérite d’être explorée.
Selon Majesky :
Nous avons ouvert une nouvelle fenêtre sur le développement de thérapies possibles pour la maladie rénale chronique, qui pourrait peut-être s’appliquer à d’autres organes qui présentent une perte de fonction similaire en raison d’une fibrose tissulaire progressive.
Selon Daryl M. Okamura, également du Seattle Children’s Research Institute, et coauteur de l’étude :
Notre objectif est d’apprendre ce que la nature a fait en développant un génome de mammifère qui guérit les lésions tissulaires par régénération sans cicatrice fibrotique et d’appliquer les leçons apprises au développement de nouvelles thérapies pour les maladies rénales.
Les chercheurs espèrent également que, grâce aux travaux qui progressent également dans des domaines connexes de la médecine, les résultats pourraient bientôt être appliqués au traitement humain.
Majesky de conclure :
Étant donné que d’autres chercheurs dans de nombreux domaines différents mettent au point des médicaments à base de petites molécules pour cibler les régulateurs clés de l’épigénome des mammifères, il se peut que, dans un avenir assez proche, nous soyons en mesure d’appliquer les leçons tirées de la nature et de la remarquable souris épineuse aux maladies rénales humaines.
L’étude publiée dans iScience : Spiny mice activate unique transcriptional programs after severe kidney injury regenerating organ function without fibrosis.
Wolverine et Hulk!
D’ailleurs, il me semble que le pouvoir régénérateur est plus puissant, ou plus rapide, chez Hulk, à voir…^^