Ce pendentif en ivoire de mammouth est le plus ancien bijou décoré découvert en Eurasie
En 2010, l’archéologue Mikołaj Urbanowski a trouvé un pendentif orné d’un os de mammouth dans la grotte de Stajnia, en Pologne. En collaboration avec des collègues, Mikołaj Urbanowski a maintenant découvert l’âge de cet ancien bijou, soit environ 41 500 ans.
Image d’entête : face avant et arrière du pendentif. (Antonino Vazzana/ BONES Lab)
Cela en fait le plus ancien bijou décoré connu en Eurasie, et le lie aux premières arrivées de l’Homo sapiens en Europe.
Le pendentif, qui a été trouvé à côté d’un poinçon, présente 50 marques de perforation en forme de boucle irrégulière, ainsi que deux trous. Dans leur étude, les chercheurs suggèrent que ces trous pourraient représenter un décompte de chasse.
Selon la coauteure Wioletta Nowaczewska de l’Université de Wrocław, en Pologne :
Ce bijou montre la grande créativité et les extraordinaires compétences manuelles des membres du groupe d’Homo sapiens qui occupait le site.
L’épaisseur de la plaque est d’environ 3,7 millimètres, ce qui montre une étonnante précision sur la sculpture des perforations et des deux trous pour la porter.
Vue aérienne de la grotte de Stajnia. (Marcin Żarski).
Les chercheurs ont utilisé la datation au radiocarbone pour déterminer l’âge du pendentif, qui a donc été fixé à 41 500 ans.
Pour l’auteur principal Sahra Talamo, directrice du laboratoire de radiocarbone BRAVHO à l’université de Bologne, en Italie :
Déterminer l’âge exact de ce bijou était fondamental pour son attribution culturelle, et nous sommes ravis du résultat. Ce travail démontre que l’utilisation des avancées méthodologiques les plus récentes de la méthode du radiocarbone nous permet de minimiser la quantité d’échantillonnage et d’obtenir des dates très précises avec une très faible marge d’erreur.
Cette découverte de bijoux en os de mammouth a des implications intéressantes pour nos connaissances sur les premiers humains en Europe.
Selon la coauteure Andrea Picin, de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive, en Allemagne :
Les datations du pendentif en ivoire et de l’alène en os découverts dans la grotte de Stajnia démontrent enfin que la dispersion de l’Homo sapiens en Pologne a eu lieu aussi rapidement qu’en Europe centrale et occidentale. « Ce résultat remarquable va changer la perspective sur la capacité d’adaptation de ces premiers groupes.
Dans leur étude, les chercheurs réitèrent l’importance de la datation au radiocarbone pour en savoir plus sur ces H. sapiens du Paléolithique.
Selon Talamo :
Si nous voulons sérieusement résoudre le débat sur le moment où l’art mobilier est apparu dans les groupes paléolithiques, nous devons dater au radiocarbone ces ornements, en particulier ceux trouvés lors de travaux de terrain antérieurs ou dans des séries stratigraphiques complexes.
L’étude publiée dans Scientific Reports : A 41,500 year-old decorated ivory pendant from Stajnia Cave (Poland).