Chez les seniors, les siestes trop fréquentes ou trop longues pendant la journée pourraient être un signe précoce de la maladie d’Alzheimer
Selon de nouvelles recherches, faire une sieste pendant plus d’une heure ou plusieurs fois par jour pourrait être un signe précoce de la maladie d’Alzheimer. Il semblerait que les siestes excessives pendant la journée entretiennent une relation bidirectionnelle avec le déclin cognitif, reflétant et façonnant les changements dans le cerveau.
La relation entre la maladie d’Alzheimer et des habitudes de sommeil perturbées est bien établie. Des chercheurs ont constaté que la fragmentation ou la perturbation du sommeil peut accélérer les signes pathologiques de la maladie d’Alzheimer, mais les siestes diurnes sont-elles vraiment une menace pour la santé du cerveau à long terme ?
Selon Peng Li, de la Division des troubles du sommeil et des troubles circadiens du Brigham and Women’s Hospital (Boston/ Etats-Unis) et coauteur de la nouvelle étude :
Les habitudes de sommeil diurne des personnes âgées sont souvent ignorées et il n’existe toujours pas de consensus sur les siestes diurnes dans la pratique clinique et les soins de santé.
Cette étude a examiné les nouvelles données d’un projet à long terme en cours qui suit la mémoire et le vieillissement chez plus de mille personnes âgées. Pendant 14 jours chaque année, les participants portaient des dispositifs de suivi des mouvements et les siestes étaient calculées par des périodes prolongées d’inactivité pendant la journée.
Chaque participant a été recruté à un âge moyen de 81 ans et suivi pendant 14 ans. Des tests annuels ont été utilisés pour mesurer le déclin cognitif.
Les résultats ont révélé une relation bidirectionnelle distincte entre les siestes diurnes et le déclin cognitif. En général, leur fréquence et leur durée augmentent avec l’âge, mais les sujets chez qui on a diagnostiqué la maladie d’Alzheimer ont vu la durée et la fréquence de leurs siestes doubler par rapport à celles des sujets non atteints de la maladie.
Selon les chercheurs dans leur étude (lien plus bas) :
Des siestes diurnes plus longues et plus fréquentes étaient associées à un risque plus élevé de maladie d’Alzheimer. Il est intéressant de noter que des siestes diurnes excessives (plus longues ou plus fréquentes) étaient corrélées à une moins bonne cognition un an plus tard, et inversement, une moins bonne cognition était corrélée à des siestes plus excessives un an plus tard.
Alors, quel est le premier critère : les siestes excessives ou le déclin cognitif ?
Les chercheurs décrivent cette relation comme un « cercle vicieux », où l’un influence l’autre et vice versa. Les personnes chez qui l’on a diagnostiqué cliniquement la maladie d’Alzheimer ont certainement vu la fréquence et la durée de leurs siestes augmenter par la suite, mais celles qui étaient en bonne santé cognitive au début de l’étude étaient 40 % plus susceptibles de développer la maladie d’Alzheimer dans les 6 ans s’ils faisaient une sieste au moins une fois par jour ou plus d’une heure par jour.
Yue Leng, coauteur principal de l’étude, a déclaré qu’il était impossible de dégager une direction causale à partir de cet ensemble de données particulier. À ce stade, il est possible que les siestes excessives pendant la journée jouent un rôle direct dans l’accélération du vieillissement du cerveau, mais il est également possible que les siestes soient un signe préclinique très précoce de la maladie d’Alzheimer.
Pour Leng :
Je ne pense pas que nous ayons suffisamment de preuves pour tirer des conclusions sur une relation de cause à effet, à savoir que c’est la sieste elle-même qui a causé le vieillissement cognitif, mais la sieste excessive pendant la journée pourrait être un signal de vieillissement accéléré ou de processus de vieillissement cognitif. Il serait très intéressant pour les études futures d’explorer si l’intervention des siestes peut aider à ralentir le déclin cognitif lié à l’âge.
Leng précise également que l’association entre les siestes diurnes et le déclin cognitif n’était pas influencée par la qualité du sommeil nocturne. Les chercheurs ont ajusté la quantité et la qualité du sommeil nocturne et l’association est restée inchangée, ce qui suggère que les siestes excessives pendant la journée ne sont pas simplement le fait d’une personne compensant un sommeil nocturne fragmenté ou perturbé.
Pour Kun Hu, coauteur de l’étude, la principale conclusion à tirer de ces résultats est qu’il faut surveiller de plus près les habitudes de sommeil diurne chez les personnes âgées. Selon Hu, les changements dans les habitudes de sieste au fil du temps peuvent être un signal précoce robuste de la maladie d’Alzheimer préclinique.
Selon Kun Hu :
Notre espoir est d’attirer davantage l’attention sur les habitudes de sommeil diurne et sur l’importance pour les patients de noter si leur horaire de sommeil change au fil du temps. Les changements de sommeil sont essentiels pour façonner les changements internes du cerveau liés aux horloges circadiennes, au déclin cognitif et au risque de démence.
L’étude publiée dans la revue Alzheimer’s & Dementia: The Journal of the Alzheimer’s Association : Daytime napping and Alzheimer’s dementia: A potential bidirectional relationship et présentée sur le site de l’Université de Californie à San Francisco : Extended Napping in Seniors May Signal Dementia.