130 kilomètres de diamètre : une ancienne et énorme comète au plus gros noyau se dirige vers notre système solaire
Une relique vieille de 4 milliards d’années, datant des débuts du système solaire, a été repérée par le télescope spatial Hubble et se dirige dans notre direction. Mais n’ayez crainte, il ne s’agit pas d’une menace, mais d’une opportunité d’en apprendre davantage sur la façon dont notre système solaire est apparu et a évolué.
Image d’entête : représentation de la comète C/2014 UN271. (NASA/ ESA/ Zena Levy (STScI))
Alors que les queues (chevelure ou coma) des comètes peuvent être très longues, s’étendant sur plus de 1 million de kilomètres, la comète moyenne a un noyau relativement petit de moins de 10 kilomètres. Des astronomes de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) ont découvert une comète qui se dirige vers notre système solaire et dont le noyau fait plus de 129 kilomètres de diamètre, soit environ la largeur de la Suisse.
À partir de cinq photos prises par le télescope Hubble le 8 janvier, les astronomes ont calculé que C/2014 UN271 (Bernardinelli-Bernstein) se dirigeait à une vitesse de 35 406 kilomètres par heure depuis le nuage d’Oort. Sa masse est estimée à 500 milliers de milliards de tonnes, soit cent mille fois plus que la masse d’une comète typique trouvée beaucoup plus près du soleil, et son noyau est environ 50 fois plus gros que ceux de la plupart des comètes connues.
Mais avant de vous inquiéter, sachez qu’elle ne s’approchera pas à moins d’un milliard de kilomètres du Soleil (c’est approximativement la distance entre la Terre et Saturne). Il n’y a donc aucun risque de collision avec la Terre.
Les comètes, qui comptent parmi les plus anciens objets du système solaire, sont des corps glacés qui ont été expulsés sans ménagement du système solaire lors d’une partie de flipper gravitationnel entre les planètes massives externes. Ces comètes expulsées ont élu domicile dans le nuage d’Oort, un vaste réservoir de comètes lointaines qui encerclent le système solaire jusqu’à plusieurs milliards de kilomètres dans les profondeurs de l’espace.
Selon David Jewitt, professeur de sciences planétaire et d’astronomie à l’UCLA, et coauteur de la nouvelle étude :
Cette comète est littéralement la pointe de l’iceberg de plusieurs milliers de comètes qui sont trop pâles pour être vues dans les parties les plus éloignées du système solaire. Nous avons toujours soupçonné que cette comète devait être grande car elle est si brillante à une si grande distance. Maintenant, nous confirmons qu’elle l’est.
Cette énorme comète a été découverte par les astronomes Pedro Bernardinelli et Gary Bernstein dans des images d’archives du programme de relevé astronomique, le Dark Energy Survey de l’Observatoire interaméricain Cerro Tololo, au Chili. C/2014 UN271 a été observée pour la première fois en novembre 2010, alors qu’elle se trouvait à 4,8 milliards de kilomètres du Soleil, ce qui correspond à la distance moyenne de Neptune.
Cette séquence montre comment une image du noyau de la comète C/2014 UN271 a été isolée de la vaste coquille de poussière et de gaz qui l’entourait. (NASA, ESA, Man-To Hui (Université des sciences et technologies de Macao), David Jewitt (UCLA)/ Alyssa Pagan (STScI))
Selon Man-To Hui, l’auteur principal de l’étude, de l’Université des sciences et de la technologie de Macao, à Taipa en Chine :
C’est un objet étonnant, étant donné son activité alors qu’il est encore si loin du Soleil. Nous avons deviné que la comète pourrait être assez grosse, mais nous avions besoin des meilleures données pour le confirmer.
Mesurer la comète a demandé du travail. Le plus difficile était de distinguer le noyau solide de l’énorme coma poussiéreux qui l’entoure. La “mégacomète” est actuellement trop éloignée pour que son noyau puisse être mesuré visuellement par Hubble. En revanche, les données de ce dernier montrent un pic lumineux à l’emplacement du noyau. L’équipe de recherche a réalisé un modèle informatique de la coma environnante et l’a ajusté aux images de Hubble. Ensuite, la lueur de la coma a été soustraite pour ne laisser que le noyau étoilé.
Hui et son équipe ont comparé la luminosité du noyau à de précédentes données radio provenant du réseau ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) au Chili. Ces informations conjuguées permettent de déterminer le diamètre et la réflectivité du noyau. Les nouvelles mesures de Hubble sont proches des premières estimations de taille obtenues par ALMA, mais suggèrent de manière convaincante que la surface du noyau est plus sombre que ce que l’on croyait auparavant.
Le précédent record de taille était détenu par la comète C/2002 VQ94, dont le noyau était estimé à 97 kilomètres de diamètre. Elle a été découverte en 2002 par le projet LINEAR (Lincoln Near-Earth Asteroid Research).
Ce diagramme compare la taille du noyau solide et glacé de la comète C/2014 UN271 (Bernardinelli-Bernstein) à plusieurs autres comètes. (NASA/ ESA/ Zena Levy (STScI))
L’étude publiée dans The Astrophysical Journal Letters : Hubble Space Telescope Detection of the Nucleus of Comet C/2014 UN271 (Bernardinelli–Bernstein) et présentée sur le site de l’University de Californie à Los Angeles : 4 billion-year-old relic from early solar system heading our way.