Des astronomes viennent de voir une étoile à neutrons frapper une autre étoile
Des scientifiques viennent de surprendre l’extrémité d’une étoile à neutrons percutant sa voisine stellaire.
Le jet explosif qui en a résulté fut si puissant qu’il a provoqué un sursaut gamma (GRB pour gamma-ray bursts) qui a potentiellement émis plus d’énergie en quelques secondes que notre Soleil ne le fera durant toute sa vie.
Image d’entête : cette représentation artistique montre la fusion entre une étoile à neutrons et une autre étoile (vue comme un disque, en bas à gauche), qui a provoqué une explosion à l’origine du sursaut gamma de courte durée GRB 211106A (jet blanc, au milieu), et a laissé derrière elle ce que les scientifiques savent maintenant être l’une des rémanences les plus lumineuses jamais enregistrées (onde de choc semi-sphérique au milieu à droite). (ALMA (ESO/NAOJ/NRAO), M. Weiss (NRAO/AUI/NSF))
Avec une telle puissance, les GRB sont les explosions les plus énergétiques que les scientifiques connaissent, et on pense qu’ils sont responsables de la création des éléments les plus lourds de l’univers, comme l’or et le platine.
Et maintenant, pour la première fois, un GRB de courte durée, appelé GRB 211106A, a été capturé dans la lumière millimétrique grâce à l’Atacama Large Millimeter Array (ALMA).
Selon Wen-fai Fong, professeur adjoint à l’université Northwestern et coauteur de la nouvelle étude (lien plus bas) :
Ce court sursaut gamma représentait la première tentative d’observation d’un tel événement avec ALMA.
Chronologie de l’événement enregistrée par l’ALMA. (T. Laskar, S. Dagnello, ALMA [ESO/NAOJ/NRAO])
Les rayons gamma, en particulier ceux de courte durée, sont extrêmement difficiles à capter. Selon les scientifiques, seuls six d’entre eux ont été détectés, et encore, uniquement dans les longueurs d’onde radio.
Toujours selon Fong :
Les rémanences des sursauts de courte durée sont très difficiles à trouver. Il était donc spectaculaire de voir cet événement briller si fort.
Bien que la capture d’un GRB de courte durée à des longueurs d’onde millimétriques puisse sembler une petite distinction pour un profane, c’est en fait une affaire assez importante, selon les scientifiques.
Selon Ruoco Escorial, coauteur de l’étude :
Ce qui rend le GRB 211106A si spécial, c’est qu’il s’agit non seulement du premier GRB de courte durée que nous détectons dans cette longueur d’onde, mais aussi, grâce à la détection millimétrique et radio, nous avons pu mesurer l’angle d’ouverture du jet.
Ceci est essentiel pour déduire les taux réels de GRB courts dans notre univers et pour les comparer aux taux de fusions binaires d’étoiles à neutrons ou d’étoiles à neutrons et de trous noirs.
En d’autres termes, grâce aux données millimétriques, les scientifiques peuvent commencer à calculer la fréquence exacte de ces types de sursauts cosmiques, un aperçu fascinant de certains des événements les plus énergétiques de l’univers connu.
L’étude publiée dans The Astrophysical Journal Letters et disponible e, prépublication dans arXiv : The First Short GRB Millimeter Afterglow: The Wide-Angled Jet of the Extremely Energetic SGRB 211106A et présentée sur le site de l’Université Northwestern : Explosive neutron star merger captured for first time in millimeter light.