Les deux tiers des glaciers de la Terre sont en passe de disparaître d’ici 2100
En raison du changement climatique, environ 50 % et jusqu’à 83 % de l’ensemble des glaciers de la planète risquent de disparaître à la fin du siècle. Toutefois, la lutte contre le réchauffement climatique peut encore préserver le reste.
GIF d’entête : la glace s’assombrit à mesure que les glaciers s’amincissent puis rétrécissent au Groenland entre 1973 et 2022. (NASA)
C’est ce qui ressort d’une récente étude (lien plus bas) accompagnée d’un aperçu très complet sur l’état des 215 000 glaciers du monde entier.
Les chercheurs ont souligné l’importance de limiter les émissions de gaz à effet de serre afin de minimiser les conséquences de la fonte des glaciers, telles que le tarissement de l’eau et l’augmentation du niveau des mers. Pour faciliter l’orientation des politiques, la recherche s’est concentrée sur quatre scénarios spécifiques et leurs effets sur les glaciers, dans lesquels les moyennes de modification de la température mondiale sont de 1,5, 2,0, 3,0 et 4,0 degrés Celsius.
La coauteure de l’étude Regine Hock, de l’université d’Oslo et de l’Université de l’Alaska de Fairbanks (États-Unis), note qu’une différence d’un seul degré entraîne une perte et une fonte plus importantes. Cependant, Mme Hock note également que cela signifie que lorsque les augmentations de température sont atténuées, les pertes de masse peuvent également être réduites.
Le monde se dirige actuellement vers une augmentation d’environ 2,7 °C depuis l’époque de la pré-industrialisation. Les spécialistes ont estimé qu’environ 49 % des glaciers mondiaux disparaîtraient d’ici 2100. Cela concernerait environ 26 % de la masse mondiale de ces derniers, les plus petits étant les premiers à être touchés.
Regine Hock note que les régions où il n’y a pratiquement pas de glace, comme le Caucase, les Andes, les Alpes européennes et l’ouest des États-Unis, sont vouées à perdre la quasi-totalité de leur glace à la fin du siècle, quelle que soit la situation des émissions. Elle note comment ces glaciers sont fondamentalement condamnés.
Des morceaux de glace flottent sur le lac Mendenhall devant le glacier Mendenhall, le lundi 30 mai 2022, à Juneau, en Alaska. (AP/ Becky Bohrer)
Le pire scénario possible serait une augmentation de la température de 4,0 °C. Dans ce cas, les grands glaciers, y compris ceux de l’Alaska, seraient touchés. Cela signifierait qu’environ 83 % des glaciers mondiaux pourraient disparaître d’ici 2100 et leur disparition aggravera bien évidemment la hausse du niveau des mers.
Cette combinaison de photos du 14 septembre 1986, à gauche, et du 1er août 2019 fournies par la NASA montre le rétrécissement du glacier Okjokull sur le volcan Ok dans le centre-ouest de l’Islande. Une carte géologique de 1901 estimait que l’Okjökull couvrait une superficie d’environ 38 kilomètres carrés. En 1978, la photographie aérienne montrait que le glacier faisait 3 kilomètres carrés. En 2019, il en reste moins d’un kilomètre carré. (NASA/ AP)
Hock précise en outre que les glaciers étudiés ne représentent que 1 % de la glace de la planète. C’est nettement moins que les calottes glaciaires de l’Antarctique et du Groenland. Cependant, ces glaciers sont responsables d’une élévation du niveau de la mer presque aussi importante que celle du Groenland et de l’Antarctique au cours des trente dernières années. Une augmentation de 1,5 °C entraînerait une hausse du niveau des mers de 9 cm en moyenne, tandis qu’une augmentation de 4 °C se traduirait par une élévation de 15 cm.
Bien que cela puisse paraître important, le niveau global de la mer n’est pas la principale préoccupation. Ces hausses sont liées aux ondes de tempête qui peuvent entraîner de graves dommages.
La disparition des glaciers aura également un impact sur l’approvisionnement en eau, car ils servent de sources d’eau douce pour environ deux milliards d’individus. Ces glaciers compensent les pertes d’eau pendant l’été, lorsque la pluie est absente et que la chaleur est importante.
Ces projections ont été réalisées grâce à l’analyse de la masse des glaciers sur plusieurs décennies et à des simulations par ordinateur. Si ces résultats peuvent être alarmants, Hock note qu’il est encore possible de réduire cette perte par des efforts. Toutefois, leur réalisation est une autre affaire. Ces efforts sont encore entre les mains des dirigeants et des décideurs politiques.
L’étude publiée dans Science : Global glacier change in the 21st century: Every increase in temperature matters et présentée sur le site de l’université Carnegie Mellon : Team projects two out of three glaciers could be lost by 2100.