Les requins et les raies sont en voie d’extinction, mais le changement climatique n’est pas leur principale menace
La plupart des requins et des raies des récifs coralliens sont en voie d’extinction en raison des niveaux actuels de surpêche et de la menace de fond que représente le changement climatique.
Image d’entête : une raie pastenague Pastinachus atrus nage au-dessus du corail sur la Grande Barrière de Corail. Cette espèce a été évaluée comme Vulnérable au niveau mondial. (Colin Simpfendorfer/ Université James Cook)
Ces surprenantes conclusions ont été obtenues par une équipe internationale de chercheurs qui a étudié 134 espèces de Chondrichtyens, des poissons cartilagineux, qui résident en permanence dans les récifs coralliens ou qui y passent de temps en temps.
En utilisant les normes internationales de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les scientifiques ont déterminé que 59 % des requins et des raies étaient menacés. Les raies le semblent particulièrement, peut-être parce qu’elles vivent à la fois au sein des écosystèmes des récifs et en bordure de ceux-ci, ce qui les expose aux bateaux de pêche qui pêchent au chalut dans les deux régions. Seule une espèce, la raie pastenague à taches bleues (Taeniura lymma), a vu son nombre augmenter.
Globalement, une espèce de requin et de raie sur dix est susceptible d’être en danger critique d’extinction, une sur cinq est en danger et environ une sur trois est vulnérable. La surpêche, qu’elle soit directe ou qu’elle résulte de captures accessoires, est le principal responsable de l’extinction de ces espèces.
Bien que le déclin des espèces ait ralenti depuis 2005 grâce à des pratiques de pêche et des mesures de protection plus strictes, la disparition de ces animaux se poursuit.
Un requin à pointe noire (Carcharhinus melanopterus) sur un récif corallien aux Fidji. Cette espèce est évaluée comme Vulnérable au niveau mondial. (Colin Simpfendorfer/ Université James Cook)
Selon Colin Simpfendorfer, professeur adjoint à l’université James Cook (Australie) et l’un des principaux auteurs de la recherche :
Ce serait formidable de voir les choses s’inverser et de commencer à remonter la pente, mais dans un premier temps, le simple fait d’arrêter ce déclin représenterait un travail considérable.
Si Simpfendorfer cite l’Australie comme un meilleur exemple de pays gérant ses pêcheries et ses zones protégées le long des côtes septentrionales du continent, il ne s’agit pas d’une solution simple pour les autres pays situés plus au nord, où se trouvent la plupart des espèces menacées.
Les écosystèmes des récifs coralliens assurent directement les moyens de subsistance alimentaires de 500 millions de personnes. Si ces populations formaient un pays, ils seraient le troisième plus important par sa population. Des mesures de protection locales, l’amélioration générale de la gestion des pêcheries et la mise en place de mesures de prévention seraient utiles, les scientifiques ayant averti que la perte de biodiversité dans les écosystèmes des récifs risquait d’entraîner une diminution des revenus économiques et de la sécurité alimentaire des communautés.
Malheureusement, les animaux ne se soucient pas des frontières nationales, et le mélange disparate de stratégies de gestion et de réglementations actuellement en place constitue un obstacle majeur à la maîtrise du déclin des espèces.
Toujours selon Simpfendorfer :
Dans les pays en développement, la dépendance des communautés à l’égard des pêcheries qui capturent ces espèces est très élevée et le simple fait de les supprimer entraînera d’énormes problèmes sociaux et économiques.
Et donc, nous devons travailler avec ces communautés pour déterminer la meilleure façon de changer leurs pratiques de pêche pour capturer moins de requins et de raies, et mettre en place des zones protégées qui non seulement protègent les espèces, mais augmentent les prises de pêche pour la communauté.
Des recherches similaires menées en 2021 ont révélé qu’au moins 35% de toutes les espèces de requins et de raies dans le monde étaient menacées.
L’étude publiée dans Nature Communications : Half a century of rising extinction risk of coral reef sharks and rays et présentée sur le site de l’Université James Cook : Most coral reef sharks and rays may be at risk of extinction.