Une analyse génétique révèle la fascinante histoire du premier empire nomade, les Xiongnu
Après avoir été entouré de mystère pendant des siècles, les Xiongnu, le premier empire nomade au monde, est enfin révélé grâce à de nouvelles preuves génétiques et à des fouilles archéologiques. Une équipe internationale de scientifiques a mené une enquête génétique sur deux cimetières situés le long de la frontière occidentale de l’empire Xionngu.
Image d’entête : reconstitution artistique de la vie de l’élite impériale Xiongnu. (Peinture de Galmandakh Amarsanaa/ Christina Warinner/ projet DairyCultures)
L’empire Xiongnu vivait dans la steppe mongole, en Asie de l’Est, environ 1 500 ans avant l’apparition des Mongols. Ils constituaient une force politique puissante et ils étaient célèbres pour leur nomadisme, bâtissant leur empire à dos de cheval. Contrairement à la plupart des empires, qui établissaient des forteresses et des colonies centralisées, ils voyageaient beaucoup.
Vous avez peut-être déjà entendu parler des Xiongnu, ou du moins de leurs exploits. Leurs conflits légendaires avec la Chine impériale ont conduit à la construction de la Grande Muraille. Cependant, les Xiongnu n’ont pas développé de système d’écriture et, par conséquent, les documents historiques les concernant ont presque tous été rédigés par leurs rivaux. C’est rarement une bonne source d’information. Ces documents donnent peu d’informations sur l’origine des Xiongu, leur ascension politique et leurs organisations sociales, et certaines études récentes apportent plus de questions que de réponses.
Pour mieux comprendre les rouages de l’empire, une équipe internationale de chercheurs a effectué une étude génétique approfondie de deux cimetières « d’élite ». La collaboration internationale comprenait des chercheurs de l’université d’Harvard, de l’université du Michigan, de l’université nationale de Séoul et de l’institut Max Planck.
Excavation de la tombe d’élite Xiongnu 64 contenant une femme aristocrate de haut rang sur le site de Takhiltiin Khotgor, dans l’Altaï mongol. (J. Bayarsaikhan/ Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste)
Selon le Dr Choongwon Jeong, auteur principal de l’étude et professeur agrégé de sciences biologiques à l’Université nationale de Séoul (Corée du Sud) :
Nous avons désormais une meilleure idée de la manière dont les Xiongnu ont étendu leur empire en intégrant des groupes disparates et en tirant parti des mariages et des liens de parenté pour bâtir l’empire.
Les chercheurs ont séquencé les génomes de 17 personnes enterrées dans les deux cimetières. Ils ont constaté un niveau « extrêmement élevé » de diversité génétique, ce qui suggère que l’empire était multiculturel, multiethnique et multilingue. La diversité était présente à tous les niveaux : dans l’ensemble de l’empire, au sein des communautés et des familles.
Les chercheurs ont également constaté des niveaux de diversité en fonction du statut social de l’individu. Les personnes de statut inférieur, probablement des serviteurs, présentaient le plus haut niveau de diversité génétique. En revanche, les élites, indiquées par les sites funéraires et les tombes, présentaient les niveaux les plus bas. Cela suggère qu’ils utilisaient le mariage pour renforcer les liens avec les groupes qui venaient de s’ajouter.
Les preuves recueillies dans les cimetières montrent également que les femmes jouaient un rôle important dans l’empire Xiongnu, car les sépultures de haut rang et les « objets funéraires appartenant à l’élite », tels que les vêtements en soie, étaient étroitement associés aux femmes. Leurs tombes comportaient des emblèmes du pouvoir impérial et l’une d’entre elles comportait même un attelage de six lances et un char.
Les chercheurs se sont également intéressés aux enfants et ils ont constaté que les rôles sexués, tels que celui de chasseur, n’étaient pas attribués aux garçons avant l’adolescence. Les adolescents ont été enterrés avec des éléments similaires à ceux des jeunes hommes, comme des arcs, mais pas les jeunes garçons.
Arc et flèches d’enfant provenant de la tombe 26 du cimetière de Shombuuziin Belchir. (Bryan K. Miller/ Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste)
Selon Christina Warriner, auteur de l’étude :
Les enfants recevaient un traitement mortuaire différent en fonction de leur âge et de leur sexe.
Si l’empire Xiongnu s’est désintégré à la fin du 1er siècle de notre ère, les résultats suggèrent que son héritage social et culturel s’est poursuivi sous l’empire mongol.
Selon Jamsranjav Bayarsaikhan, auteur de l’étude :
Nos résultats confirment la longue tradition nomade des princesses d’élite qui jouaient un rôle essentiel dans la vie politique et économique des empires.
L’étude publiée dans Science Advances : Genetic population structure of the Xiongnu Empire at imperial and local scales et annoncée sur le site de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste : Ancient DNA reveals the multiethnic structure of Mongolia’s first nomadic empire.