Cet insecte se couvre de résine végétale collante pour piéger ses proies
Dans un rare exemple d’utilisation d’outils par les insectes, un insecte de la famille des punaises, plus précisément des réduves ou punaises assassines en anglais, améliore ses chances de chasse en s’enduisant de la résine collante d’une plante.
Image d’entête : réduve australienne après avoir transpercé sa victime. (Fernando G. Soley)
Les réduves australiennes, du genre Gorareduvius, sont souvent observées en train de se reposer sur les brins de la plante spinifex. Cette herbe, caractéristique des régions sèches de l’Australie, produit une résine collante très appréciée des premiers habitants de l’Australie pour la fabrication d’outils.
Selon Fernando Soley, de l’université Macquarie de Sydney, les biologistes pensaient que plusieurs espèces de réduves pouvaient utiliser la résine de spinifex pour capturer leurs proies, mais cette hypothèse n’avait jamais été testée dans le cadre d’expériences.
Avec sa collègue Marie Herberstein, également de l’université Macquarie, il a collecté 26 punaises assassines dans la région de Kimberley, en Australie occidentale, et les a amenées dans son laboratoire, à l’intérieur d’une tente installée sur le terrain. Ils ont remarqué que les mâles, les femelles et les nymphes immatures raclaient la résine des feuilles de spinifex et l’appliquaient méticuleusement sur le corps, en particulier sur les pattes avant.
A partir de l’étude : une réduve avec les pattes enduites de résine. (Fernando G. Soley et Marie E. Herberstein/ Biology Letters)
Chaque insecte a été placé dans un bocal en verre et s’est vu offrir deux proies, une mouche domestique et une fourmi, l’une après l’autre. Les chercheurs ont ensuite retiré la résine du corps de l’insecte à l’aide de tampons démaquillants et ont répété l’expérience. Les insectes ont réussi à capturer leurs proies 26 % plus facilement lorsqu’ils étaient équipés de résine que lorsqu’ils ne l’étaient pas. Sans résine, les mouches avaient 64 % plus de chances de s’échapper.
Bien que la résine ne garantisse pas le succès, elle semble ralentir la proie juste assez pour que les réduves puissent la saisir et la tuer.
A partir de l’étude : une réduve à transpercer une fourmis. (Fernando G. Soley et Marie E. Herberstein/ Biology Letters)
Soley et Herberstein affirment qu’il s’agit là d’un exemple définitif d’utilisation d’outils par des insectes, ce qui est assez rare. Ce comportement semble être ancré dans les insectes, car même des nymphes fraîchement écloses et isolées ont été trouvées en train de s’enduire de résine.
Bien que l’utilisation d’outils soit souvent considérée comme un signe d’intelligence élevée, ce n’est pas toujours le cas. Selon les chercheurs, l’utilisation d’outils peut être génétiquement programmée et comporter un élément d’apprentissage, ils ajoutent :
Nous observons un gradient : certains animaux, comme les punaises assassines, sont plus proches de l’acquis génétique, tandis que d’autres, comme les primates et les pieuvres, intègrent davantage d’apprentissage dans l’utilisation de leurs outils.
L’étude publiée dans Biology Letters : Assassin bugs enhance prey capture with a sticky resin.