Notre gros nez pourrait être le résultat d’une ancienne liaison avec un Néandertalien
Plus besoin de reprocher à nos parents la forme de notre nez. Des chercheurs ont découvert que les humains ont hérité du matériel génétique des Néandertaliens qui influence la forme de leur nez. L’équipe a mis en évidence qu’un gène particulier, qui donne un nez plus long, pourrait avoir été le produit de la sélection naturelle lorsque les anciens humains se sont adaptés à un climat plus froid après avoir quitté l’Afrique.
Image d’entête, à partir de l’étude : taille du nez de l’humain et de l’homme de Néandertal. (Dr Kaustubh Adhikari/ Q. Li et col./ Communications Biology)
Les Néandertaliens ont vécu en Europe, dans le sud-ouest et en Asie centrale il y a environ 400 000 à 40 000 ans. Cela signifie qu’ils ont peut-être partagé la même période et le même espace que l’Homo sapiens, dont ils ont divergé génétiquement il y a 500 000 ans. Les causes de leur extinction font l’objet d’un débat, mais il est possible que la concurrence avec l’Homo sapiens ait joué un rôle.
Selon Kaustubh Adhikari, auteur de l’étude :
Depuis que le génome des Néandertaliens a été séquencé, nous avons pu apprendre que nos propres ancêtres se sont apparemment croisés avec les Néandertaliens, nous laissant de petits bouts de leur ADN. Ici, nous avons découvert qu’une partie de l’ADN hérité des Néandertaliens influence la forme de nos visages.
En utilisant les données de plus de 6 000 volontaires d’origine européenne, amérindienne et africaine d’Amérique latine, les chercheurs ont analysé le lien entre les marqueurs génétiques et les traits du visage. Ils ont comparé les informations génétiques des participants à des photographies de leur visage, en se concentrant sur les distances entre différents points du visage.
Les chercheurs ont identifié 33 régions du génome liées à la forme du visage, dont 26 ont été reproduites correctement lorsqu’elles ont été comparées à des données provenant d’autres groupes ethniques d’Asie, d’Europe et d’Afrique. Dans l’une de ces régions du génome, il a été constaté que les individus ayant des ancêtres amérindiens et d’Asie de l’Est avaient hérité du matériel génétique des Néandertaliens.
Reconstruction de Neandertal (à gauche) et d’une tête humaine (à droite) montrant la disposition des os et des cartilages du nez. (UCL)
Les scientifiques supposent depuis longtemps que la forme de notre nez est déterminée par la sélection naturelle. Notre nez aide à réguler la température de l’air que nous inhalons, et il est fort probable que les différentes formes de nez soient adaptées aux différents climats. Le gène récemment identifié par l’équipe pourrait avoir aidé les humains à s’adapter à des climats plus froids lors de leur migration hors d’Afrique.
Selon Andres Ruiz-Linares, coauteur correspondant de l’étude :
La plupart des études génétiques sur la diversité humaine ont porté sur les gènes des Européens ; l’échantillon diversifié de participants latino-américains de notre étude élargit la portée des résultats des études génétiques et nous aide à mieux comprendre la génétique de tous les êtres humains.
Cette découverte marque le deuxième cas où l’ADN d’humains archaïques, autres que l’Homo sapiens, a un impact sur la forme de nos visages. Le même groupe de chercheurs avait déjà découvert en 2021 qu’un gène hérité des Dénisoviens influençait la forme des lèvres. Avec les Néandertaliens, les Dénisoviens sont reconnus comme l’un des plus proches parents éteint de l’humain moderne.
L’étude publiée dans Communications Biology : Automatic landmarking identifies new loci associated with face morphology and implicates Neanderthal introgression in human nasal shape et présentée sur le site de l’University College de Londres : Nose shape gene inherited from Neanderthals.