Des dinosaures au crâne bombé n’étaient apparemment pas spécialistes du coup de boule
La plupart des plus emblématiques dinosaures avaient des ornements osseux sur le crâne : des cornes du Triceratops aux crêtes des hadrosaures, en passant par les bosses recouvrant la tête du Tyrannosaurus rex.
Mais les paléontologues découvrent de plus en plus de preuves que les dinosaures avaient des ornements crâniens encore plus sophistiqués, faits de kératine, la matière qui compose les ongles, qui n’ont pas été conservés dans les fossiles.
Les pachycéphalosaures sont un clade de dinosaures dont le crâne est en forme de dôme, avec une variété de cornes et de bosses sur le pourtour. On a longtemps pensé qu’ils cognaient leurs grosses têtes au combat, comme les chèvres ou les cerfs modernes. Dans les films de Jurassic Park, on les voit cabosser des Jeeps et même percer des murs de pierre.
Mais une nouvelle étude sur la découverte récente de fossiles, menée par un consultant de la série, suggère que l’aspect et la fonction de leur tête étaient différents. Les paléontologues Jack Horner, Mark Goodwin et David Evans ont examiné un crâne partiel trouvé dans le Montana en 2011 et ils ont déterminé qu’il appartenait à une nouvelle espèce de pachycéphale, qu’ils ont nommée Platytholus clemensi.
Image d’entête : représentation artistique du pachycéphalosaure baptisée Platytholus clemensi, en l’honneur de William Clemens, paléontologue de l’université de Berkeley aujourd’hui décédé. (Jack Horner/ Université de Californie à Berkeley)
On a longtemps pensé que la surface extérieure de la tête de ces dinosaures était recouverte d’une couche de kératine, que l’on trouve donc dans les ongles, les becs d’oiseaux et les cornes de dinosaures. Mais si c’était le cas, les vaisseaux sanguins de l’os se seraient étendus près de la surface. Au lieu de cela, les tomographies et les études microscopiques ont révélé un réseau de vaisseaux sanguins qui s’étendent verticalement vers la surface de l’os et s’arrêtent.
Un scanner du dôme révèle la disposition verticale bien organisée du réseau neurovasculaire dans le crâne et le dôme de Platytholus clemensi, ce qui suggère que le réseau alimente des structures verticales au sommet du dôme. (L’échelle est de 2 centimètres). (Jack Horner et Mark Goodwin)
Selon Jack Horner :
Ce que nous voyons, ce sont ces canaux verticaux qui arrivent à la surface, ce qui suggère qu’il y a peut-être de la kératine sur le dessus, mais qu’elle est orientée verticalement. Je pense que ces pachycéphalosaures avaient quelque chose sur le dessus de leur tête que nous ne connaissons pas. Je ne pense pas qu’il s’agissait simplement de dômes. Je pense qu’il y avait une décoration élaborée sur le dessus de leur tête.
Selon l’équipe, ces ornements de tête auraient pu ressembler à de longues soies, donnant à l’espèce une « coupe de cheveux » plus plate. Les couleurs auraient pu être vives pour attirer les partenaires ou intimider les rivaux, comme c’est le cas chez les oiseaux modernes. Mais les scientifiques affirment qu’elles n’étaient probablement pas utilisées pour se cogner la tête. Le crâne n’a pas de rembourrage ni d’autres structures internes qui protègent le cerveau des dommages, comme c’est le cas chez les animaux vivants qui règlent leurs différends de cette manière. En fait, l’équipe affirme qu’il n’existe aucune preuve qu’une espèce de pachycéphalosaure se soit livrée à des coups de tête.
Coupe histologique fine du crâne à dôme osseux du pachycéphale Platytholus clemensi. La zone de blessure, de fracture et d’os partiellement cicatrisé au sommet du dôme est représentée par le rectangle rouge. (L’échelle est de 2 centimètres). (Jack Horner et Mark Goodwin)
Cela dit, ce pauvre spécimen semble avoir subi une sorte de blessure à la tête et il a vécu suffisamment longtemps pour commencer à cicatriser. Une entaille d’environ 1,3 cm de profondeur est visible dans le dôme, avec des signes évidents de fracture et de cicatrisation partielle.
Selon Mark Goodwin :
Nous voyons probablement la première preuve non équivoque de traumatisme dans la tête d’un pachycéphale, où l’os a été éjecté du dôme d’une manière ou d’une autre et a partiellement cicatrisé au cours de la vie. « Nous ne savons pas comment cela s’est produit. Il pourrait s’agir d’un coup de tête, nous ne le contestons pas.
D’un autre côté, il aurait pu s’agir de presque n’importe quoi, d’une chute de pierres ou d’un autre dinosaure. L’équipe précise que cette découverte est loin d’être une preuve irréfutable de l’existence d’un comportement de coup de tête, étant donné l’absence d’autres preuves biologiques.
Les scientifiques prévoient de réaliser des tomographies et des études microscopiques sur les crânes d’autres espèces de pachycéphalosaures afin d’approfondir leurs recherches.
L’étude publiée dans le Journal of Vertebrate Paleontology : A new pachycephalosaurid from the Hell Creek Formation, Garfield County, Montana, U.S.A. et présentée sur le site de l’Université de Californie à Berkeley : Did dome-headed dinosaurs sport bristly headgear?