Les mouches des fruits vieillissent plus vite lorsqu’elles voient des mouches mortes
Des chercheurs américains s’intéressant aux mouches des fruits ont compris comment le fait de voir des mouches mortes fait vieillir les mouches vivantes.
Image d’entête : drosophila melanogaster ou mouche des fruits commune. (Marcus Stensmyr)
L’équipe de recherche a montré il y a quelques années que, si elles voyaient les cadavres de leurs congénères, les drosophiles ou mouches des fruits vieillissaient plus vite et mouraient plus tôt. A présent, ils ont mis le doigt sur la cause de ce phénomène : un groupe de cellules cérébrales de la mouche appelées neurones R2 et R4.
Lorsqu’elles voient, et dans une moindre mesure sentent, des mouches des fruits mortes, ces neurones sont activés dans le cerveau des mouches vivantes, ce qui accélère le vieillissement de ces dernières.
Selon le professeur Scott Pletcher, coauteur de l’étude (lien plus bas) et chercheur à l’université du Michigan (États-Unis) :
Nous avons identifié des neurones spécifiques et des molécules conservées au cours de l’évolution dans le cerveau de la mouche qui aident à ajuster les taux de vieillissement en réponse aux conditions environnementales et aux expériences.
Les chercheurs ont modifié génétiquement les mouches des fruits de manière à supprimer ou à favoriser certains neurones. Ces derniers ont été marqués d’une protéine verte lumineuse afin que les chercheurs puissent voir leur degré d’activité. Ils ont ainsi pu déterminer quelle partie du cerveau s’illuminait lorsque les mouches étaient exposées à leurs congénères mortes.
Les chercheurs ont ensuite identifié les neurones R2 et R4, ainsi qu’un récepteur spécifique sur chacun de ces neurones qui recevait la sérotonine chimique. Ils ont ensuite activé ces neurones chez des mouches des fruits qui n’avaient pas été exposées à des compatriotes mortes, et ils ont constaté que ces mouches avaient également une durée de vie plus courte.
Dans leur étude, les chercheurs affirment que comprendre le vieillissement des mouches des fruits pourrait éventuellement aider à comprendre et à prévenir le vieillissement chez les humains. Ils soulignent que :
La perception de la mort produit des changements psychologiques chez les humains, tels que la dysrégulation émotionnelle et la dépression, ainsi que des changements physiologiques importants qui ont un impact négatif sur la santé globale, notamment la dépression, les maux de tête, la fatigue et les maladies cardiovasculaires. Une thérapie motivationnelle ou une intervention pharmacologique sur les systèmes de récompense, à l’instar de ce qui est fait pour la dépendance, pourrait-elle ralentir le vieillissement ?
De telles idées peuvent être testées aujourd’hui, chez l’humain, à l’aide de médicaments approuvés, une fois que nous aurons une vision mécanique plus claire des circuits neuronaux et des systèmes de signalisation impliqués.
L’étude publiée dans PLOS Biology : Ring neurons in the Drosophila central complex act as a rheostat for sensory modulation of aging.