Le record de la journée la plus chaude sur Terre a été dépassé deux fois de suite
Lundi 3 juillet fut la journée la plus chaude observée dans le monde. La température moyenne mondiale a dépassé les 17 °C pour la première fois depuis le début des relevés dans les années 1800.
Ce record éclipse la précédente température quotidienne moyenne la plus élevée, qui était de 16,92 °C en août 2016, lors de la dernière période d’El Niño annoncée par les pays de l’ouest et de l’est de l’océan Pacifique.
Image d’entête : moyenne journalière de la température de l’air à 2 mètres, le 5 juillet 2023. (Climate Forecast System (CFS) version 2/ CFS Reanalysis/ Climate Reanalyzer)
L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a confirmé ce 4 juillet qu’El Niño était en cours, rejoignant ainsi les prévisions de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), basée aux États-Unis, bien que le Bureau météorologique australien reste en « alerte El Niño ».
Selon les données du National Centers for Environmental Prediction, une branche de la NOAA, la journée de chaleur record a culminé à 17,01°C.
Dans le même temps, les données du Copernicus Climate Change Service de l’Union européenne indiquent que les premiers jours de juin ont dépassé de 1,5 °C les températures de l’ère préindustrielle. 1,5 °C est l’objectif fixé dans l’accord de Paris sur le climat de 2015.
Ces dépassements de seuil interviennent alors que des records de température sont battus dans certaines parties de l’hémisphère nord. Le mois de juin dernier fut le plus chaud des annales pour le Royaume-Uni, ce que le Met Office (service national britannique de météorologie) a qualifié « d’empreinte digitale du changement climatique ». La température moyenne a atteint 15,8 °C, soit près d’un degré de plus que le précédent record de 14,9 °C enregistré en 1940 et 1976.
Température journalière moyenne jusqu’au 3 juillet 2023. (Organisation météorologique mondiale)
Selon la rapidité avec laquelle les gouvernements réduisent les émissions de carbone, le Royaume-Uni pourrait dépasser la moyenne précédente « une année sur deux » d’ici à 2050, d’après Paul Davies, météorologue en chef chargé des extrêmes climatiques au Met Office.
En Antarctique, une tendance persistante et préoccupante à la baisse record de la glace de mer pousse les scientifiques à chercher de toute urgence des réponses. Le 21 février, la glace de mer de l’Antarctique a atteint son niveau le plus bas jamais enregistré, du moins depuis le début des relevés par satellite en 1979. Le déclin de la glace de mer s’est accéléré depuis 2016. Les raisons de ce phénomène ne sont pas claires.
Cette tendance s’inscrit dans le prolongement des niveaux minimums record de 2022, qui devraient à nouveau être plus bas en 2023.
Sur cette carte, l’étendue record de la glace de mer antarctique en 2022 est indiquée par la ligne rouge en pointillés. L’étendue actuelle de la glace de mer en 2023, y compris les minimums records de février, est indiquée par la ligne bleue continue. (Centre national de données sur la neige et la glace, Université du Colorado à Boulder, États-Unis)
Bien que les raisons de la chute soudaine de l’étendue de la glace de mer ne soient pas entièrement expliquées, l’augmentation des températures mondiales jouera un rôle.
Selon Ariaan Purich, climatologue spécialisée dans la recherche sur l’Antarctique à l’université Monash (Australie) :
La glace de mer est influencée par l’océan, mais aussi par l’atmosphère.
Ariaan Purich souligne que depuis plus de trois décennies de relevés satellitaires, la glace de mer de l’Antarctique est restée relativement stable, alors que la couverture de glace de l’Arctique a connu une tendance à la baisse. La raison de cette stabilité, dit-elle, « était liée à l’évolution des vents en particulier », mais aussi à d’autres processus.
En 2016, la glace de mer a baissé de façon spectaculaire et n’a pas bougé depuis. Elle est incroyablement basse en ce moment. Je suppose que la question est la suivante : le réchauffement a-t-il rattrapé ces processus dynamiques ? Les changements dans les vents ont conduit à cette augmentation [de la glace] auparavant, mais en fin de compte, on arrive à une sorte de seuil de température où les vents ne peuvent plus compenser l’augmentation de la température.
Toujours selon Mme Purich, même si, comme elle, les chercheurs en Antarctique ne comprennent pas parfaitement les changements potentiels dans les processus dynamiques en jeu dans les régions polaires du sud, on peut s’attendre à un déclin de la glace de mer si les températures atmosphériques et océaniques continuent d’augmenter.
Les répercussions de cette tendance continue à la baisse de la glace de mer seraient probablement graves à l’échelle locale et mondiale : non seulement la disparition d’un habitat essentiel pour la vie marine et le ralentissement de la circulation océanique, mais aussi la réduction du bouclier lumineux et réfléchissant que constitue l’Antarctique pour réduire l’absorption de la chaleur par les océans.
Selon Purich :
Il s’agira d’une rétroaction positive. L’océan va se réchauffer plus rapidement parce qu’il y a moins de glace de mer.
Les liens vers les différents rapports inclus dans le texte.