La génétique révèle l’existence passée d’une communauté diversifiée dans la cité Inca du Machu Picchu
De l’ADN ancien provenant du Machu Picchu, au Pérou, a été analysé pour la première fois afin de déterminer les origines de la population qui y vivait il y a 500 ans, au sein de l’empire inca.
Image d’entête : le site du Machu Picchu devant l’Uña Pikchu et le Wayna Pikchu. (Wikimedia)
Le Machu Picchu se trouve à 2 430 mètres au-dessus du niveau de la mer, sur le versant oriental de la cordillère des Andes, qui se jette dans le bassin de l’Amazone. Ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO comprend environ 200 structures et s’étend sur 32 592 hectares. Construit au XVe siècle, il a été abandonné au XVIe siècle lorsque les conquistadors espagnols ont détruit l’empire inca. Ce n’est qu’en 1911 que le site a été largement connu du reste du monde.
Comme d’autres domaines royaux dans le monde, le Machu Picchu n’abritait pas seulement l’élite de la société. Les tests génétiques effectués sur les personnes enterrées sur le site permettent aujourd’hui de découvrir qui étaient ces humains qui vivaient et travaillaient dans la citadelle inca il y a 500 ans.
Selon Jason Nesbitt, coauteur de l’étude et professeur associé d’archéologie à l’école des arts libéraux de l’université de Tulane, à la Nouvelle-Orléans (États-Unis) :
Cela nous renseigne non pas sur les élites et la royauté, mais sur les personnes de statut inférieur. Il s’agit de sépultures d’une population de réserve.
Les chercheurs ont comparé l’ADN des restes de 34 personnes enterrées à Machu Picchu à celui d’autres citoyens incas de tout l’empire, ainsi qu’à certains génomes modernes d’Amérique du Sud. L’analyse a révélé que les ouvriers du Machu Picchu venaient de tout l’empire inca. Certains venaient d’aussi loin que l’Amazonie, dans la partie orientale de l’empire. Peu d’entre eux partageaient leur ADN, ce qui montre qu’ils étaient probablement venus seuls au Machu Picchu, plutôt qu’au sein d’une famille ou d’un groupe communautaire.
A partir de l’étude : cartes de l’origine des sites, des groupes et des individus analysés dans le cadre de cette étude. Cette carte de l’Amérique du Sud présente la distribution géographique des groupes d’ascendance génétique décrits, l’emplacement des génomes de référence publiés d’individus modernes (cercles) et anciens (triangles) qui constituent ces groupes et des sites archéologiques d’où proviennent les individus de cette étude (carrés, voir également l’encadré). (Lucy Salazar et col./ Science Advances)
Selon Nesbitt :
Bien sûr, la génétique ne se traduit pas par l’ethnicité ou quoi que ce soit de ce genre, mais cela montre qu’ils ont des origines distinctes dans différentes parties de l’empire inca.
L’étude renforce la documentation historique et les études archéologiques des objets trouvés autour des sites funéraires, qui indiquent tous une communauté diversifiée de citoyens dans la « cité perdue des Incas ».
L’étude publiée dans Science Advances : Insights into the genetic histories and lifeways of Machu Picchu’s occupants et présentée sur le site de l’université de Tulane : Ancient DNA reveals diverse community in ‘Lost City of the Incas’.