L’astéroïde tueur de dinosaures aurait plongé la Terre dans l’obscurité pendant 620 jours
Des scientifiques continuent de reconstituer les événements qui ont entouré l’extinction des dinosaures. L’astéroïde qui a entraîné leur extinction est bien connu, mais des questions subsistent sur ce qui s’est passé après sa chute sur le sol de la péninsule du Yucatán, l’impact du Chicxulub au Mexique.
Une nouvelle étude publiée cette semaine (lien plus bas) a simulé les étapes qui ont suivi, en constatant que la poussière fine aurait davantage contribué à l’extinction que ce que l’on pensait auparavant.
L’équipe a constaté que la poussière micrométrique de silicate aurait pu rester dans l’atmosphère pendant 15 ans, ce qui aurait abaissé les températures moyennes à la surface de 15 °C. Cela aurait bloqué la photosynthèse pendant plusieurs années, pendant près de deux ans (ou 620 jours) après l’impact, et pourrait avoir directement provoqué l’extinction des dinosaures et d’autres groupes qui ne pouvaient pas s’adapter à ces conditions.
Reconstitution paléoartistique représentant le Dakota du Nord dans les mois qui ont suivi l’impact de Chicxulub il y a 66 millions d’années, et montrant un monde sombre, poussiéreux et froid dans lequel les derniers dinosaures non aviaires, illustrés ici par un Dakotaraptor steini, étaient au bord de l’extinction. (Mark A. Garlick/ Observatoire royal de Belgique)
Il est intéressant de noter que les modèles de l’équipe suggèrent également que la récupération aurait été plus rapide dans l’hémisphère sud, ce qui correspond également aux archives qui montrent moins d’extinctions dans ces régions.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Les changements simulés dans le rayonnement solaire actif photosynthétique confirment un arrêt de la photosynthèse induit par la poussière pendant près de deux ans après l’impact. Nous pensons qu’avec les contributions supplémentaires au refroidissement apportées par la suie et le soufre, ce phénomène est cohérent avec l’effondrement catastrophique de la productivité primaire à la suite de l’impact du Chicxulub.
Simulations de modèles paléoclimatiques montrant le transport rapide des poussières autour de la planète, indiquant que le monde paléogène a été entouré par les éjectas de poussière de silicate quelques jours après l’impact de Chicxulub. (Simulations de Cem Berk Senel/ Nature Geoscience)
Le cratère de Chicxulub et l’histoire qui l’entoure sont presque gravés dans notre conscience collective. Il y a environ 66 millions d’années, un énorme astéroïde de 10 kilomètres de large a frappé ce qui est aujourd’hui la péninsule du Yucatán, au Mexique. Cette collision a sonné le glas du Crétacé, des dinosaures non aviaires qui peuplaient le monde, et de plus de 75 % des espèces animales de la planète.
Les chercheurs suggèrent qu’après l’impact de l’astéroïde sur la Terre, trois types de particules auraient posé problème : le soufre, la suie et la poussière de silicate. Ils ont étudié la limite entre les deux époques, Crétacé et Paléogène ou K-Pg, en analysant la taille des grains à l’aide de la diffraction laser.
Selon les chercheurs :
Nos simulations paléoclimatiques indiquent que ce modèle de taille de grain micrométrique entraîne un temps de séjour dans l’atmosphère beaucoup plus long (>2 fois) par rapport aux particules nanométriques ou grossières estimées précédemment. Nos résultats soulignent que l’arrêt de la photosynthèse induit par le grand volume de poussière de silicate dont la taille des grains est comprise entre ~0,8 et 8,0 micromètres, ainsi que les effets supplémentaires du soufre et de la suie, ont probablement conduit à un effondrement désastreux de la productivité primaire dans les domaines terrestres et océaniques, entraînant l’extinction de masse globale à la limite K-Pg.
A partir de l’étude : modèle conceptuel du panache de l’impact de Chicxulub montrant les différentes étapes (a) de la production, (b) du transport et du dépôt des éjectas générés par l’impact (pas à l’échelle). (c) Simulations de modèles paléoclimatiques montrant l’évolution temporelle du flux de rayonnement photosynthétique actif induit par les poussières à travers la planète après l’impact de Chicxulub il y a 66 millions d’années. (Senel et col./ Nature Geoscience )
L’étude publiée dans Nature Geoscience : Chicxulub impact winter sustained by fine silicate dust et présentée sur le site de l’Observatoire royal de Belgique : La poussière, contribution majeure à la disparition des dinosaures.