Des chiens entraînés à détecter le stress post-traumatique dans l’haleine humaine
Les meilleurs amis de l’homme ne sont pas seulement d’adorables compagnons : les chiens d’assistance utilisent la sensibilité de leur nez pour détecter les signes avant-coureurs de nombreux troubles médicaux, tels que les crises d’épilepsie imminentes ou l’hyperglycémie.
Image d’entête : un chien d’étude reniflant l’haleine et la sueur d’une personne. (Kerry Campbell)
Une nouvelle étude (preuve de concept) indique que les chiens d’assistance pourraient même être capables de détecter un retour de stress post-traumatique imminent.
Le syndrome de stress post-traumatique (TSPT) est un trouble psychiatrique qui peut survenir chez les personnes ayant été exposées à un événement, une série d’événements ou un ensemble de circonstances traumatisantes. Les symptômes peuvent inclure la reviviscence/ le fait de revivre l’événement, l’hyperexcitation, l’évitement des rappels et des changements cognitifs ou d’humeur.
Selon Laura Kiiroja, de l’université Dalhousie au Canada, première auteure de l’étude (lien plus bas) :
Les chiens d’assistance pour le syndrome de stress post-traumatique sont déjà dressés pour aider les personnes en détresse. Cependant, les chiens sont actuellement entraînés à répondre à des signaux comportementaux et physiques. Notre étude a montré qu’au moins certains chiens peuvent également détecter ces épisodes par l’intermédiaire de l’haleine.
De précédentes recherches ont révélé que les chiens pourraient être capables de détecter les composés organiques volatils (COV), molécules émises par le corps dans des sécrétions telles que la sueur et l’urine, liés au stress chez les humains. Toutefois, cette étude est la première à examiner si les chiens peuvent apprendre à détecter les COV associés aux symptômes du syndrome de stress post-traumatique. Si les chiens d’assistance au TSPT pouvaient être entraînés à réagir à ces marqueurs, ils pourraient potentiellement interrompre les épisodes plus tôt et rendre l’intervention plus efficace.
L’équipe a recruté 26 participants humains, dont 14 répondaient aux critères de diagnostic du TSPT, pour assister à des séances au cours desquelles on leur rappelait leurs expériences traumatisantes tout en portant un masque facial. Les participants ont également fourni un masque porté pendant qu’ils étaient au calme en guise d’échantillon d’haleine de contrôle.
A partir de l’étude : masques dans des bocaux de collecte d’échantillons en verre (à gauche) et morceaux de masques dans des flacons en verre (à droite). (L. Kiiroja et col./ Frontiers in Allergy)
Les scientifiques ont également recruté 25 chiens de compagnie pour les entraîner à la détection d’odeurs, bien que finalement seuls deux chiens, Ivy et Callie, aient été suffisamment compétents et motivés pour mener à bien l’étude. Ils ont été entraînés à reconnaître l’odeur de stress à partir de morceaux de masques et ils ont pu faire la différence entre un échantillon stressé et un échantillon non stressé avec une précision de 90 %. Ensuite, lorsqu’on leur a présenté un seul échantillon à la fois, Ivy a pu détecter les COV de stress avec une précision de 74 %, tandis que Callie a atteint une précision de 81 %.
A partir de l’étude : la chienne Callie lors des expériences (maître-chien à l’arrière-plan). (L. Kiiroja et col./ Frontiers in Allergy)
Les participants avaient également rempli des questionnaires sur leurs émotions pendant l’expérience. La comparaison entre les identifications réussies des chiens et les émotions déclarées a révélé d’intéressantes corrélations : les identifications d’Ivy étaient associées à l’anxiété, tandis que celles de Callie étaient associées à des sentiments de honte. Pour Kiiroja, bien que les deux chiens aient obtenu des résultats très précis, ils semblaient avoir une idée légèrement différente de ce qu’ils considéraient comme un échantillon d’haleine « stressé”, elle ajoute :
Nous avons supposé qu’Ivy était en phase avec les hormones de l’axe sympathique-adréno-médullaire (comme l’adrénaline) et que Callie était orientée vers les hormones de l’axe hypothalamo-pituitaire-adrénergique (comme le cortisol). Il s’agit de données importantes pour le dressage des chiens d’assistance, car la détection des symptômes précoces du TSPT nécessite une sensibilité aux hormones de l’axe sympathique-adrénergique-médullaire.
A partir de l’étude : la chienne Ivy lors des expériences. (L. Kiiroja et col./ Frontiers in Allergy)
L’équipe prévoit de réaliser d’autres expériences pour confirmer que l’axe sympathique-adréno-médullaire est bien impliqué. Kiiroja précise que son étude, qui porte sur 40 échantillons, doit être validée par des études portant sur des échantillons plus importants, elle ajoute :
Outre le recrutement d’un plus grand nombre de participants, les études de validation devraient recueillir des échantillons provenant d’un plus grand nombre d’événements stressants afin de confirmer la capacité des chiens à détecter de manière fiable les COV du stress dans l’haleine d’un humain dans différents contextes.
L’étude publiée dans la revue Frontiers in Allergy : Can scent-detection dogs detect the stress associated with trauma cue exposure in people with trauma histories? A proof-of-concept study.