Les populations d’oiseaux en Europe s’effondrent depuis les années 1980
Un oiseau sur six a disparu en Europe, selon une étude qui a comparé les populations d’oiseaux d’aujourd’hui en Europe à celles des années 1980. Au total, le continent a perdu environ 600 millions d’oiseaux.
Bien qu’elle ne soit pas aussi connue que le changement climatique, la biodiversité est également confrontée à une profonde crise, les chercheurs soulignant à plusieurs reprises que nous sommes en train de provoquer une sixième extinction de masse. Une précédente étude du Fonds mondial pour la nature (WWF), appelée Living Planet Report (lien ci-dessous), a révélé que la taille des populations d’oiseaux, de poissons, de mammifères et d’amphibiens avait diminué de 68 % depuis 1970.
Dans une nouvelle étude, des chercheurs de Birdlife International, de la Société tchèque d’ornithologie et de la Royal Society for the Protection of Birds ont réuni deux grands ensembles de données pour étudier les changements d’abondance des oiseaux d’Europe. L’intégration des deux a permis de doubler le nombre d’espèces incluses et d’étendre la plage temporelle.
Le groupe de chercheurs a analysé les données de 378 des 445 espèces d’oiseaux indigènes des pays de l’Union européenne et a estimé un déclin entre 17 % et 19 % entre 1980 et 2017.
Selon Anna Staneva, responsable intérimaire de la conservation chez BirdLife Europe :
Ce rapport montre haut et fort que la nature tire la sonnette d’alarme. Si la protection des oiseaux déjà rares ou en danger a permis quelques rétablissements réussis, cela ne semble pas suffire pour soutenir les populations d’espèces abondantes.
Le moineau domestique (Passer domesticus, image d’entête), qui était autrefois très commun sur tout le continent, a été le plus touché, selon l’étude, perdant 50 % de sa population depuis 1980, soit une perte totale de 247 millions d’oiseaux. Dans le même temps, son proche parent, le moineau friquet (Passer montanus), a perdu 30 millions d’individus. Les deux espèces ont été affectées par les changements intervenus dans la politique et la gestion agricoles.
Moineau friquet (Passer montanus). (Wikimedia)
En fait, le changement le plus important a été observé chez les oiseaux des terres agricoles et des prairies. On pense généralement que les pratiques agricoles sont à l’origine du déclin de la faune sauvage, et cette étude montre clairement l’importance de l’impact que ces changements peuvent avoir sur la faune. Parmi les pratiques néfastes figurent l’utilisation croissante de monocultures et de pesticides, les changements dans la gestion des prairies, le drainage des champs et l’augmentation générale de leur taille.
Le déclin observé du nombre d’oiseaux s’est produit pour l’essentiel dans les années 1980 et 1990, le taux de déclin s’étant ralenti (mais pas arrêté) au cours de la dernière décennie. Les chercheurs ont établi un lien entre ce phénomène et les récentes réglementations mises en œuvre dans l’UE, qui accordent une protection juridique aux espèces prioritaires et étendent également leurs habitats protégés, comme les directives « Oiseaux » et « Habitats ».
En fait, sept espèces d’oiseaux de proie ont augmenté au cours des dernières décennies grâce à une protection plus complète, à de nouveaux projets de reconstitution ciblés et à une utilisation limitée des pesticides, selon l’étude. Si l’UE n’avait pas mis en œuvre les directives sur la protection des oiseaux, le déclin de nombreuses espèces d’oiseaux aurait été bien pire, ont écrit les chercheurs.
Selon Fiona Burns, scientifique de la Royal Society for the Protection of Birds et première auteure de l’étude :
Notre étude est un signal d’alarme sur la menace très réelle d’extinctions et d’un Printemps silencieux, et nous soutenons pleinement la mise en place d’un cadre solide qui place la conservation au premier plan de tout plan mondial. « Nous avons besoin d’une action transformatrice à travers la société pour aborder ensemble les crises de la nature et du climat.
Les chercheurs ont également mis en avant la conférence des Nations unies qui se tiendra l’année prochaine pour négocier un nouvel accord mondial sur la conservation de la biodiversité, après que le précédent ait échoué à atteindre la plupart des objectifs. L’accord à venir devrait permettre d’accroître les efforts de conservation afin d’empêcher de nouveaux déclins du nombre d’oiseaux dans le monde, ont écrit les chercheurs.
L’étude publiée dans Ecology and Evolution : Abundance decline in the avifauna of the European Union reveals cross-continental similarities in biodiversity change et présentée sur le site de la Royal Society for the Protection of Birds : New report reveals huge declines in Europe’s birds et House sparrow population in Europe drops by 247m – how can we halt the decline in nature?.
Merci pour cet artcile.
Pesticides en premiers, bien sûr, et insecticides.
Je me souviens, dans les années 1990, à scooter sur la levée (la route qui longe la Loire, notamment de Saumur à Angers), mon casque était couvert d’insectes écrasés, je ne pouvais rien voir après 5 minutes, je devais m’arrêter pour le nettoyer. Pareil en voiture, obligé d’utiliser le lave glace toutes les 5 minutes, pour pouvoir voir la route.
Et maintenant ? plus aucun souci, le pare brise est nickel. Et donc les oiseaux…que j’adorai observer, se font rares.
Où sont les bergeronnettes ? où sont les pinsons, les chardonnerets etc..bon courage pour en trouver.