Nous pourrions percevoir les signes de la maladie sur le visage de nos congénères bien avant qu’elle ne se déclare
Les humains semblent posséder la capacité à lire la maladie sur le visage de leurs congénères, même dans les premiers stades d’une infection. Bien sur, ici on ne parle pas des bruits, du nez rouge, du liquide qui s’en échappe ou d’ailleurs… mais de signaux bien plus subtiles.
Image d’entête : alors, qui est la plus malade ? Réponse en fin d’article. (Audrey John Axelsson et Col./ institut Karolinska)
Selon une étude de John Axelsson et de son équipe de l’institut Karolinska à Stockholm, en Suède, notre capacité d’évaluation des visages serait si sensible, que nous pourrions détecter des signes de maladie dans le visage d’une autre personne bien avant de savoir qu’elle est malade.
Dans une expérience simple, Axelsson a injecté dans des volontaires sains un placebo ou un lipopolysaccharide (LPS), une endotoxine qui déclenche une réaction de stress inflammatoire dans le corps, il simule la réponse physique à une maladie. Les chercheurs ont pris des photos de chaque personne deux heures après avoir reçu l’injection et une fois que des tests sanguins aient confirmé que la réponse inflammatoire avait commencé.
Ensuite, des groupes d’observateurs ont examiné les images. Lors du premier essai, ils ont simplement indiqué s’ils pensaient qu’une personne était malade ou non. Sur une échelle de 0 à 1, avec 0,5 pour la chance, les observateurs ont obtenu un score de 0,62*, ce qui signifie que leur capacité à détecter un malade d’un coup d’œil n’était pas aléatoire.
* Les chercheurs précisent que le faible pouvoir prédictif (0,62) de leurs évaluations ne fut pas surprenant, car les observateurs ont seulement été exposés quelques secondes aux photographies.
Lors d’un second essai, les observateurs ont détaillé les indices faciaux qui indiquaient qu’une personne était malade.Sur la base de leurs réponses, les personnes ayant reçu l’injection de LPS semblaient avoir des lèvres et une peau plus pâles, un visage plus enflé, une bouche avec des coins affaissés, des paupières suspendues, des yeux plus rouges et une peau moins brillante. Les lèvres pâles furent le signe le plus apparent de maladie selon les observateurs.
Du point de vue de l’évolution, nous avons plus de chance de survivre si nous détectons et évitons les individus malades. Les animaux dotés d’une grande capacité olfactive ont la « chance » de pouvoir détecter les signatures chimiques de la maladie dans l’urine et les excréments. Et bien qu’il y ait des preuves que les humains peuvent repérer à l’odeur une personne malade, notre diagnostic visuel pourrait être encore plus précis que notre nez.
De plus, en gardant à l’esprit que les observateurs ont repéré les malades quelques heures seulement après que ceux-ci aient été infectés, cela indique que les plus subtils indices perçus dans le visage d’une personne peuvent nous alerter de la maladie, avant que leurs plus probants symptômes n’apparaissent. Et cette capacité de détection précoce est très importante, car nous avons tendance à être plus contagieux dans les premiers jours de la maladie, des jours ou des semaines avant de commencer à renifler. Par conséquent, notre sensibilité aux changements perçue dans le visage d’autrui peut fournir l’avertissement qu’il faut rester à l’écart.
On pourrait même améliorer cette sensibilité par un entrainement selon les chercheurs, dans leur étude :
Il est nécessaire de tester davantage comment la précision peut être améliorée, par exemple par l’apprentissage, et si l’identification est similaire entre les maladies et les groupes ethniques.
Maintenant, les chercheurs aimeraient préciser les indices faciaux exclusifs à la maladie, de mettre de côté des signes extérieurs, comme la fatigue ou les émotions de base (la colère et la peur). Ils souhaiteraient également déterminer si certaines maladies affectent les traits du visage de manière spécifique et cela serait-il utile aux professionnels de santé, voir à une application de reconnaissance faciale… finie le thermomètre… Plus tôt la contagion est détectée, plus elle est facile à contenir.
Les chercheurs ont publié leur étude mercredi dans The Proceedings of the Royal Society B : Identification of acutely sick people and facial cues of sickness. Image d’entête : à gauche une femme 2h après l’injection d’une solution saline. A droite, la même 2h après l’injection de LPS.