Images en mouvement de ce qui semble être une nouvelle espèce d’orques
En 1955, 17 épaulards (ou orque) ont été retrouvés échoués sur une plage de Paraparaumu, en Nouvelle-Zélande. Les scientifiques les ont trouvé étranges, mais ils les ont finalement ignorés considérant que c’était une sorte de malformation génétique. Depuis, ces orques sont devenues une sorte de légende urbaine jusqu’à ce que les pêcheurs et les touristes commencent à capturer des images rares de ces animaux.
Image d’entête : une rare photo d’épaulards de type D obtenue en 2011. (J.P. Sylvestre/ NOAA)
Une équipe de scientifiques internationaux, des États-Unis, du Canada, de l’Australie et de l’Argentine, a finalement entrepris une expédition en janvier pour voir s’ils pouvaient trouver ces orques dits de type D. Selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA, Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique), ils ont réussi : un curieux groupe d’une trentaine d’épaulards est apparu aux chercheurs au large de la pointe sud du Chili et il est resté avec l’équipe pendant plus de 3 heures. Il s’agit de la toute première expédition scientifique visant à recueillir des données sur ces animaux.
Selon Lisa Ballance, directrice de la Division de recherche sur les mammifères marins et les tortues marines au Southwest Fisheries Fisheries Science Center de la NOAA :
En tant que scientifiques, nous nous efforçons de plus en plus de protéger et de conserver la biodiversité marine. Pour ce faire, la toute première chose que nous devons savoir, c’est combien il y a d’espèces. Cette expédition et les données que nous avons pu recueillir contribueront grandement à répondre à cette question.
Avant ce voyage, le monde connaissait bien les épaulards de type D : du sud de l’océan Indien, à la Nouvelle-Zélande et surtout au sud du Chili. Voilà toute l’information dont l’équipe avait besoin pour tenter d’en apprendre davantage. Désormais, les chercheurs disposent de trois échantillons de sang et de tissus, sur lesquels ils effectueront des tests génétiques pour déterminer si l’épaulard de type D est, en fait, une espèce entièrement nouvelle et ça pourrait très bien l’être.
L’animal présente quelques différences notables par rapport aux autres épaulards, notamment une marque oculaire blanche de taille considérablement réduite, une nageoire dorsale plus étroite et plus pointue qu’à l’habitude, et une tête ronde caractéristique.
En haut : une orque adulte mâle » régulier « , avec une tache blanche sur son œil, la tête moins arrondie et la forme de la nageoire dorsale. En bas : une orque mâle adulte de type D, une plus petite tache blanche, la tête plus arrondie et la nageoire dorsale plus étroite et pointue. (Uko Gorter/ NOAA)
Il traverse les eaux subantarctiques où d’autres types d’épaulards nagent également. Et il est possible qu’ils soient confrontés à des problèmes semblables à ceux de leurs congénères.
Avec les touristes, les pêcheurs sont ceux qui ont le plus vu ces animaux. Par conséquent, les scientifiques savent déjà que l’épaulard de type D et les humains partagent au moins un intérêt commun : la légine australe. Apparemment, les épaulards ne sont pas timides lorsqu’il s’agit d’aller jusqu’aux bateaux de pêche et de tirer sur leurs lignes pour voler leur poisson, selon Ballance qui émet l’hypothèse que c’est peut-être la raison pour laquelle les orques étaient si disposées à s’approcher du navire de recherche dans l’espoir que ce fut un bateau de pêche. Cependant, ce comportement crée un conflit que les écologistes marins ne peuvent ignorer.
C’est un énorme problème pour les palangriers Chiliens. C’est ce que nous appelons la déprédation. Ils ont du mal à s’éloigner des épaulards. C’était presque comique parce que quand nous étions là-bas, nous faisions tout ce que nous pouvions pour trouver les épaulards de type D, et ils faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour s’éloigner d’eux.
Bien que rien n’indique que les pêcheurs chiliens aient réagi agressivement face aux épaulards de type D, d’autres pêcheurs sont connus pour tirer illégalement sur des baleines déprédatrices comme leur comportement menace leur gagne-pain.
Outre les conflits avec les humains, il y a une autre menace évidente : le changement climatique. L’équipe a encore beaucoup à apprendre des orques et sur la façon dont ce dérèglement mondial pourrait les affecter, mais nous savons déjà que les changements climatiques réchauffent les océans, ce qui nuit aux écosystèmes marins d’innombrables façons.
Pour l’instant, les scientifiques doivent apprendre les bases. Combien y a-t-il d’épaulards de type D, qu’est-ce qu’ils mangent d’autre, qu’est-ce qui les menace, et sont-ils en bonne santé ou à risque ? De nombreuses questions demeurent.
La première rencontre. (NOAA)
Orques de type B sous l’eau. (NOAA)
Sur le site de la NOAA : Scientists Find Mystery Killer Whales off Cape Horn, Chile.