Les voyages dans l’espace sont aussi mauvais pour le corps au niveau cellulaire
Une autre mauvaise nouvelle pour les astronautes, une récente étude du Georgetown Lombardi Comprehensive Cancer Center (Université de Georgetown/ États-Unis) suggère que les voyages dans l’espace peuvent entraîner le dysfonctionnement des mitochondries des cellules en raison des changements de la gravité et du rayonnement.
Image d’entête : Aki Hoshide, astronaute de l’Agence japonaise d’exploration aérospatiale (JAXA), ingénieur de vol à bord de l’ISS de la mission Expedition 32, lors d’une activité extravéhiculaire (EVA) en 2012. (NASA)
Lorsque l’idée de voyager dans l’espace a été prise au sérieux pour la première fois, résoudre le problème de la vie en orbite semblait assez simple. Outre l’absence de gravité, ce ne serait pas beaucoup plus difficile que de rester en vie et bien installé dans un sous-marin ou un avion à haute altitude. Il s’agissait simplement de s’assurer qu’il y avait suffisamment d’air, de maintenir la bonne température et de contrôler l’humidité.
Malheureusement, au cours des presque six décennies qui ont suivi le lancement du premier humain dans l’espace, les scientifiques ont beaucoup appris sur la façon dont le corps humain réagit à la vie en état d’apesanteur et dans l’environnement à rayonnement/ radiations relativement élevé de l’espace, et les réponses n’ont pas été bonnes. L’espace peut avoir toutes sortes d’effets, notamment des troubles de la vision, une perte osseuse, une atrophie musculaire, un système immunitaire affaibli, démence et anxiété débilitante…
L’étude de Georgetown Lombardi ajoute maintenant la perspective déprimante que l’apesanteur et le rayonnement cosmique, ainsi que d’autres facteurs, puissent également affecter le corps au niveau sous-cellulaire en endommageant les mitochondries, la “locomotive” de la cellule qui transforme le sucre en énergie.
Afin de mieux comprendre ces effets, l’équipe de Georgetown Lombardi a examiné des tissus de souris qui ont voyagé dans l’espace, et elle s’est également appuyée sur la collection de la NASA de ces échantillons biologiques et sur les données des astronautes, notamment l’étude des astronautes Mark et Scott Kelly, réalisée par l’agence spatiale.
Selon Evagelia C. Laiakis, professeur d’oncologie à l’université de Georgetown :
Les efforts de recherche de mon groupe se sont concentrés sur les tissus musculaires de souris envoyées dans l’espace et ils ont été comparés aux analyses d’autres scientifiques qui ont étudié différents tissus de souris. Bien que nous ayons chacun étudié des tissus différents, nous sommes tous arrivés à la même conclusion : la fonction mitochondriale était affectée par les voyages dans l’espace.
Les résultats ont également montré que les cellules isolées étaient plus touchées que les organes entiers, et que le foie était plus touché que les autres organes.
Bien que cet effet puisse préoccupant pour les astronautes lors de longs voyages dans l’espace, le bon côté des choses est qu’il peut également aider à améliorer la radiothérapie pour les patients atteints de cancer sur Terre.
Pour Laiakis :
Grâce à ce projet et à d’autres prévus pour la Lune, et éventuellement pour Mars, nous espérons en apprendre beaucoup plus sur les effets que les vols spatiaux peuvent avoir sur le métabolisme, et sur la manière d’atténuer les effets négatifs potentiels pour les futurs voyageurs de l’espace.
L’étude publiée dans Cell : Comprehensive Multi-omics Analysis Reveals Mitochondrial Stress as a Central Biological Hub for Spaceflight Impact et présentée sur le site du Georgetown Lombardi Comprehensive Cancer Center : Space Travel Can Adversely Impact Energy Production in a Cell.
Cette nouvelle étude est l’une des 29 publiées par les revues de Cell Press dans une série spéciale sur la biologie des vols spatiaux : The biology of spaceflight.