La “chair de poule” du sauropode
Un morceau de roche qui a permis aux paléontologues du XIXe siècle d’avoir un premier aperçu de la peau des dinosaures a donné lieu à de nouvelles découvertes, grâce à la technologie d’imagerie moderne.
Image d’entête : gros plan sur la peau conservée, montrant la fine texture de la surface, semblable à la chair de poule. Silhouette noire du Haestasaurus becklesii avec celle d’un humain pour l’échelle. (M. Pittman et T. G. Kaye)
Une nouvelle étude a utilisé l’imagerie laser pour révéler de fines écailles et des « structures en forme de chair de poule » appelées papilles sur la peau des dinosaures conservée à la surface de la roche.
L’échantillon de roche a été découvert en Angleterre en 1852 à côté des ossements d’un sauropode appelé Haestosaurus becklesii. Les papilles, qui ont également été observées chez d’autres espèces de sauropodes, auraient donné à la peau une « texture fine et bosselée ».
Représentation du Camarasaurus, un sauropode très similaire au Haestosaurus becklesii. (Jakub Kowalski)
Selon les chercheurs, dirigés par Michael Pittman de l’Université de Hong Kong :
Les papilles ne sont pas observées sur la peau d’autres types de dinosaures, la question est donc de savoir pourquoi elles sont présentes chez les sauropodes.
A partir de l’étude : photographies sous une lumière blanche a) et sous fluorescence stimulée par laser b) et c). d) Gros plan des petites papilles intrascales couvrant la surface de la peau. e) Dessin de contour interprétatif, excluant les papilles intrascales. Les échelles pour a, b et e sont équivalentes. Toutes les échelles sont indiquées. (M. Pittman et col./ Communications Biology)
Les scientifiques ont au moins une explication plausible : la « chair de poule » pourrait avoir aidé les grands sauropodes au long cou à réguler leur chaleur corporelle, en augmentant leur surface.
Lorsque vous êtes aussi grand qu’un sauropode, qui peut dépasser 30 mètres de long et 50 tonnes de masse, la surchauffe devient un réel souci, simplement parce que vous avez une surface comparativement petite par rapport à votre volume.
Les sauropodes ont commencé à devenir vraiment gros au début du Jurassique, ce qui correspond à peu près à l’époque où nous prévoyons que ces papilles cutanées ont évolué au sein de ce groupe. Peut-être, alors, y a-t-il un lien entre l’émergence de ces papilles et l’évolution des énormes tailles corporelles des sauropodes.
A partir de l’étude : zones observées de la peau préservée du dinosaure à long cou Haestasaurus becklesii, qui sont presque invisibles dans des conditions de lumière normales, mais qui se révèlent comme une couche d’écailles hautement fluorescentes sous la lumière laser. (M. Pittman et col./ Communications Biology)
Les chercheurs sont maintenant impatients de tester ces idées plus avant.
La publication de cette étude suit de près une autre découverte menée par Enriquez, celle d’empreintes de dinosaures bien préservées sur une rive exposée au Canada.
L’étude publiée dans Communications Biology : Newly detected data from Haestasaurus and review of sauropod skin morphology suggests Early Jurassic origin of skin papillae et présentée sur le site de l’Université de Nouvelle-Angleterre : Laser imaging shows ‘goosebumps’ on dinosaur scales.