Des scientifiques publient la "liste de souhaits" des prochaines missions de la NASA qui inclut un voyage vers Uranus
Tous les dix ans, les National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine des États-Unis réunissent des experts de l’espace pour examiner les dernières avancées de la science planétaire et parvenir à un consensus sur la meilleure façon pour la NASA d’explorer de nouveaux mondes. Une nouvelle version de la liste a été publiée, avec la septième planète Uranus en tête des priorités.
L’enquête décennale sur les sciences planétaires et l’astrobiologie est généralement décrite comme une « liste de souhaits » pour les scientifiques et une « liste de choses à faire » pour la NASA. Il s’agit essentiellement d’un plan décennal dans lequel les chercheurs indiquent ce qu’ils espèrent que la NASA réalisera prochainement. Cette année, le plan prévoit l’envoi d’un orbiteur entièrement équipé vers Uranus d’ici 2045, l’atterrissage sur Encelade, la lune de Saturne, d’ici 2050, et la collecte d’échantillons de roche martienne actuellement recueillis par l’astromobile Perseverance.
La dernière fois que la liste a été publiée, en 2011, les experts ont conseillé à la NASA de recueillir des roches sur Mars, puis de s’efforcer de les ramener sur Terre pour les analyser. Ils ont également préconisé une mission vers Europe, une lune de Jupiter, ce qui n’a toujours pas eu lieu. La NASA a progressé dans la réalisation de ces objectifs, mais les scientifiques souhaitent maintenant que l’agence spatiale envisage de visiter d’autres endroits.
Uranus a été découverte par William Herschel en 1781. Elle possède 13 anneaux et plusieurs lunes et son diamètre est quatre fois supérieur à celui de la Terre. La planète n’a pas été visitée depuis le survol de Voyager 2 en 1986. Depuis lors, les spécialistes font campagne pour une seconde visite, car ils affirment que les lunes d’Uranus auraient pu abriter la vie dans le passé.
Représentation artistique de la planète Uranus et de son système d’anneaux noirs. (NRAO/ AUI/ NSF/ S. Dagnello)
C’est la deuxième fois qu’une mission vers Uranus est recommandée dans le cadre de ce plan. Toutefois, la dernière fois, il s’agissait de la troisième priorité et maintenant, c’est la première. Pour y parvenir, la NASA devra agir rapidement. La position de Jupiter signifie que la mission devrait être lancée sur une fusée Falcon Heavy de Space X en 2031 ou 2032 pour arriver à Uranus en 2045. La mission pourrait coûter 4,2 milliards de dollars, mais les chercheurs affirment qu’il s’agit d’un bon investissement compte tenu de la quantité d’informations pouvant être obtenues.
Selon Richard Cartwright, scientifique planétaire et astronome au centre de recherche Ames de la NASA et auteur principal d’un livre blanc proposant un orbiteur pour Uranus :
C’est une excellente nouvelle, le système uranien est fascinant et encore mal compris. Les lunes d’Uranus sont des mondes océaniques candidats qui ont pu abriter la vie dans le passé.
Les chercheurs espèrent que l’Agence spatiale européenne (ESA) pourra également contribuer à une telle mission. En fait, la NASA et l’ESA s’associent régulièrement, comme pour la mission Cassini-Huygens vers Saturne. Mais les priorités et les financements ne correspondent pas toujours. Pour la NASA, la vitesse à laquelle elle pourra mettre en œuvre la liste dépendra d’autres engagements financiers.
Outre les efforts déployés pour se rendre sur Uranus, le rapport soutient également qu’Enceladus Orbilander devrait être la deuxième priorité de la NASA. Cette mission doit se mettre en orbite et se poser sur la petite lune active de Saturne, qui possède un océan d’eau liquide sous la glace. La mission proposée examinera les panaches qui se déversent dans l’espace à partir des fissures de sa surface. Elle pourrait être lancée en 2038 et arriver en 2050.
Les missions se compléteront mutuellement, car les scientifiques pourront comparer les lunes d’Uranus et d’Encelade. Bien qu’elle soit classée en deuxième position sur la liste des priorités, le rapport indique que si la NASA ne parvient pas à obtenir les 2 milliards de dollars nécessaires à l’envoi d’une sonde vers Encelade, elle devrait plutôt envisager une mission de survol multiple, moins coûteuse, dont le coût est estimé à 900 millions de dollars.
Les conseillers ont également demandé à la NASA de s’atteler sérieusement à la réalisation de travaux scientifiques dans le cadre de son programme Artemis visant à renvoyer des astronautes sur la Lune. Si elle ne le fait pas, les retombées scientifiques des voyages des astronautes ne seront pas « aussi importantes qu’elles pourraient l’être, et pourraient même être minimes ». La NASA espère aller sur la lune d’ici 2024, mais la date pourrait être encore repoussée.
le rapport complet disponible sur le site des académies nationales : Origins, Worlds, and Life – A Decadal Strategy for Planetary Science and Astrobiology 2023-2032 et présentée sur ce même site : Report Identifies Priority Planetary Science Missions, Planetary Defense Efforts, and Strategic Investments for the Next Decade.